Auteur : Youssouf Sylla, analyse-juriste à Conakry.
La presse commence à relever un début de gestion chaotique du COVID-19. D’abord dans nos structures sanitaires où les patients se plaignent des conditions déplorables de leur prise en charge. Ensuite, en donnant l’information sur l’évanouissement dans la nature de certaines personnes suspectes.
Ces deux anomalies doivent être urgemment corrigées par les décideurs pour accroître la confiance des populations dans l’action des structures sanitaires, sinon, nombre de suspects préféreront rester à domicile, devenant ainsi d’importants vecteurs de propagation du Covid19 à leurs proches.
Les premières décisions prises par l’État pour maîtriser la diffusion de la maladie sont des mesures hygiéniques et de restrictions de certaines libertés fondamentales, comme celle de se rassembler et de se déplacer. Ces mesures sont nécessaires et justifiées à condition qu’elles soient temporaires, comme c’est déjà le cas, et qu’elles ne donnent pas lieu à des abus dans leur mise en œuvre.
Si le bien-fondé de ces mesures est indiscutable, il importe de signaler cependant que le degré de leur acceptabilité par les populations dépend des mesures d’atténuations qui devraient s’y greffer. Le gouvernement devrait à ce titre, engager urgemment des concertations avec les forces socio-économiques et politiques de la nation pour prendre des mesures d’atténuations exigées par la crise et adaptées au contexte de la Guinée. Les pays développés l’ont fait, des pays en développement commencent à le faire comme le Sénégal et le Ruanda, pourquoi pas la Guinée? In fine, l’objectif de ces allègements est de permettre aux populations de tenir le coup face aux contraintes extraordinaires qu’elles sont appelées à supporter à cause de la crise.
A ces premières mesures doit s’ajouter une grande TRANSPARENCE dans la gestion de la crise. Les gens doivent savoir d’où ils viennent, où ils en sont et où ils vont, et avec quels moyens ?
Pour rendre cette obligation de transparence possible dans l’intérêt de la collectivité, le gouvernement doit s’assurer auprès de l’entité gestionnaire de la crise que les tâches ci-après sont correctement exécutées à la lettre :
1. Les statistiques sur le nombre de personnes suivies, malades et guéries sont quotidiennement communiquées au public. Les tendance sur l’évolution ou la régression de la maladie sont aussi connues. Ceci permet de savoir si les mesures de restrictions et autres contraintes doivent être maintenues, renforcées ou atténuées.
2. Les populations sont bien informées des lieux d’implantation des centres dédiés aux soins et au dépistage et du nombre de médecins et autres professionnels de santé affectés à la tâche. L’objectif recherché ici est d’adapter l’offre de soins à la demande des personnes affectées.
3. Les populations sont aussi informées sur l’état actuel du stock des médicaments, de respirateurs artificiels pour les cas graves en réanimation et des autres moyens de protection disponibles dans le pays. Les écarts constatés à ces niveaux permettent de passer des commandes en tenant compte des besoins réels du pays.
Pour finir, le COVID-19 est un ennemi de la vie humaine. Il doit être traité comme tel à travers une approche multidisciplinaire et hautement coordonnée.