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Covid-19 et la filière pommes de terre : 85% des productions de Mamou perdus (Chambre d’agriculture)

L’année 2020 restera gravée dans les mémoires des producteurs agricoles de la Guinée. A Mamou, les effets collatéraux du Covid-19 sont palpables dans le monde paysan. Les productions agricoles ont été profondément affectées avec la mévente qui a provoqué le pourrissement des produits, a-t-on constaté sur place.

Plusieurs foyers sont concernés par cette situation. Ce qui complique la réussite de la prochaine campagne agricole.

Avec l’installation à Mamou de l’usine de transformation de la pomme de terre en frites congelées, l’Union des groupements agricoles de Soumbalako (l’UGAS) qui regroupe des centaines de producteurs agricoles dans les sous-préfectures de Tolo, Dounet et Kégnéko avait commandé 400 tonnes de semences de pommes de terre qui ont été cultivées sur 200 hectares.

Le démarrage de l’usine était prévu au mois de février dernier avec le début des récoltes. Malheureusement, les chinois qui devraient être là pour le démarrage ont été bloqués chez eux à cause du Covid-19, a-t-on appris.

A Mamou, cette coopérative produit aussi des aubergines, du piment, du maïs et du gombo. Des produits commercialisés à Conakry, Kindia, Boké, Kankan, Siguiri et Freetown.

Les multiples manifestations du FNDC à Conakry, la restriction des mouvements des populations de la capitale vers l’intérieur, le couvre-feu, l’interdiction des mobilisations pour les cérémonies sont les principaux facteurs ayant affecté négativement la commercialisation des produits agricoles. Les producteurs tirent la sonnette d’alarme pour attirer l’attention des décideurs sur les pertes enregistrées.

Le président de la chambre préfectorale d’agriculture de Mamou Thierno Boubacar Kalo qui est également président de l’UGAS explique :  » nous avons commencé la récolte des pommes de terre et des aubergines au mois de février dernier. Cela a coïncidé aux manifestations du FNDC. Les lundi, mardi, étaient des jours de leurs manifestations. Le mercredi, c’est la ville morte. Nos clientes qui viennent acheter nos produits les dimanches, trouvaient des difficultés pour acheminer les cargaisons vers les marchés de Conakry. Pendant ces périodes de troubles, les commerçantes de Boké, de la Sierra Leone et du Liberia n’osent pas venir à Conakry pour s’approvisionner. A l’arrivée du Coronavirus, le gouvernement a décidé d’instaurer le couvre-feu. Quand les camions de Siguiri embarquent nos produits, ils font trois jours sur la route. Parce qu’à 21 heures, ils garent jusqu’au matin. Ce sont des camions de fortune qui transportent nos produits. Arrivés à destination, vous allez trouver beaucoup de produits sont pourris à cause de la chaleur. A la veille du mois de Ramadan, les cérémonies de mariage sont intenses chez nous. C’est une autre occasion d’écouler les produits. Mais avec l’interdiction des cérémonies cette année, cela nous a coûté très cher. Nous avons perdu 85% de notre production cette année.« 

Depuis plusieurs semaines, dans les zones de production agricole de Mamou, les acheteurs ne viennent pas. Les commerçants n’arrivent pas à rembourser les pertes subies des premières cargaisons de pommes de terre et d’aubergines. Les produits continuent de pourrir dans les champs ou dans les sites de stockage.

Pour limiter les dégâts, Thierno Boubacar Kalo a réalisé une chambre froide de fortune avec 10 climatiseurs. Dans cette chambre, sont conservées des pommes de terre qui ont commencé à germer dans les de sacs. S’il y’a de l’électricité en permanence, ces pommes de terre vont servir de semences.

Malgré tout, les producteurs de Mamou appellent à l’aide du gouvernement pour sauver la saison prochaine. Car la commande des semences, c’est dès ce mois de juin.

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