La crise sanitaire qui sévit à travers le monde n’est pas sans conséquences sur l’économie des pays, ainsi que sur les activités des uns et des autres. C’est le cas notamment des opérateurs culturels guinéens dont le secteur, qui reste fortement éprouvé par cette malheureuse situation, interpelle le gouvernement afin d’intervenir à travers des mesures palliatives.
Pour éviter la propagation du virus, les autorités du pays ont interdit tout attroupement. Une mesure qui s’étend même sur les maisons de culte en plus des écoles qui restent fermées.
Pour le patron de la structure Nord Sud Com, ceci est un coup dur pour le secteur culturel. Alors qu’il était très versé dans les préparatifs de la troisième édition du Match du rire, Al Souaré se trouvait à Abidjan quand le communiqué du gouverneur est tombé, interdisant tout rassemblement de plus de 20 personnes au-delà des directives et des permissions des autorités compétentes.
« En ce temps, nous étions à un seul cas de contamination: celui de la belge dont tout le monde parlait. Moi, je suis rentré d’Abidjan le 16 mars. Je revenais justement d’un séjour de travail où j’étais allé payer 50% des cachets de tous les humoristes qui devraient être sur ce projet-là. Donc, allez comprendre que c’est un véritable coup pour nous. Parce que c’est un évènement que nous organisons chaque année. Nous y mettons beaucoup d’énergies, beaucoup de recherches et beaucoup de planifications dans le seul souci d’égayer les masses (hommes, femmes, jeunes, enfants) autour de ces activités que nous menons« , explique le journaliste culturel, initiateur du Match du rire.
Gardant l’espoir, Al Souaré, tout au début, se disait que ce qui se passait peut-être au nord ne se serait pas forcément arrivé au sud. Mais hélas ! De jour en jour, la situation ne fait qu’empirer.
« Au début, nos craintes étaient beaucoup plus politiques avec les élections. De report en report, on risquait d’être des victimes collatérales. Mais après, c’est allé même au-delà des élections. La pandémie a continué à progresser« , regrette notre interlocuteur qui dit avoir voulu faire du Match du rire de cette un événement assez panafricain. D’où la sélection des humoristes qui devraient venir du Rwanda, du Mali, de la Côte d’Ivoire et tout naturellement de la Guinée.
Sur ce projet, la structure Nord Sud Com tournait autour d’un budget de plus de 500 millions. Ce qui est extrêmement coûteux surtout dans un pays où les structures privées ne bénéficient pas d’un rond, au titre de subventions. Or, outre le double spectacle qu’offre le Match du rire, nombreuses dépenses sont portées par ses initiateurs, notamment en termes de logistique, de transports, de cachets et termes de billets d’avion.
« C’est plus de 14 billets d’avion parfois avec des destinations différentes que nous mettons au service des artistes, du metteur en scène, de l’éclaireur, de ceux qui rassurent la sonorisation« , égrène Al Souaré sans être exhaustif.
A cela s’ajoute le fait que Nord Sud Com ait payé tout ce qui est redevance et taxe au niveau de l’Agence guinéenne de spectacles, où M. Souaré dit avoir payé sa licence annuelle. « Nous avions même payé des taxes qui nous permettaient d’organiser au Palais et au Palm Camayenne. L’assurance, tout était payé. Vous comprendrez que nous étions très en avance », confie-t-il avant de prier pour le rapide rétablissement de l’ensemble des personnes actuellement alitées pour cause du COVID-19.
Dans ce même sillage, le label Meurs Libre Prod a vu son évènement de sortie de l’album de King Alasko chambouler. Se montrant solidaire des malades de cette pandémie, Ablaye Mbaye soutient que le plus important pour sa structure, c’est de savoir qu’on est dans une crise et que c’est la santé humaine qui importe avant tout. Il reconnait tout de même que l’industrie culturelle guinéenne est très fragile, avec des difficultés d’organiser des événements sans subventions de l’Etat, avec des difficultés également d’avoir des sponsors.
A en croire ce sociétaire du groupe Degg J Force 3, un courrier vient d’être déposé à la Primature pour attirer l’attention du Premier ministre chef du gouvernement sur l’impact de la crise sanitaire sur la culture. Éventuellement, que des mesures soient prises pour alléger les dépenses des opérateurs culturels à défaut de voir nombreux parmi eux jeter l’éponge.