Cette saisie s’est produite dans les sous préfectures de Soya et Ourekaba où s’y trouve une grande quantité de cette espèce très prisée dans le marché asiatique. A Farenta dans la sous-préfecture de Soya, ce sont 2 774 pièces de madriers de 2 mètres qui ont été saisies. A Ourekaba, ce sont environ 1 061 pièces qui ont été retrouvées en brousse. Selon les informations, ces bois devraient être transportés en Sierra Léone.
Les deux sous-préfets des localités ont été révoqués. Des cadres des eaux et forêts arrêtés et attendent leur procès pour être situés sur leur sort.
Ces derniers jours, le tribunal de Mamou a restitué à l’État le bois saisi. Le caractère dégradable du bois pendant cette saison pluvieuse a été l’argument avancé pour la restitution. Un spécialiste des eaux et forêts nous a confié que le type du bois saisie peut résister aux intempéries pendant 5 ans.
A la suite de cette restitution, la quantité du bois saisie serait vendue à des étrangers au détriment des Guinéens. Selon des informations, cette quantité ne pourrait pas suffir à l’exportation. D’autres bois sont en cours de sélection à Forécariah pour compléter la quantité.
Nos multiples requêtes aux adresses du département de l’Environnement pour comprendre cette transaction du bois saisi n’ont jamais été répondues.
Cette coupe et transport interviennent pendant qu’un arrêté du ministre de l’Environnement, des Eaux et Forêts interdit à compter du 14 juin 2021 la coupe et le transport du bois sur toute l’étendue du territoire national, et ce, jusqu’à nouvel ordre.
Pour comprendre le processus de la coupe du bois à Mamou, un exploitant forestier sous anonymat nous a confié que « des cadres du haut niveau aux villageois, tous sont intéressés par le bois. Les propriétaires terriens nous proposent un pourcentage qui varie entre 10 à 20% (pour chaque 10 madriers obtenu dans son domaine, on prélève 1 ou 2 suivant le pourcentage). Après les négociations avec les terriens, on revient vers la filière bois qui nous délivre le permis de reconnaissance variant entre 300 000 à 350 000GNF. Après, on va à la section forêt pour avoir le permis de coupe qui est délivré suivant la nature du bois à couper. Ce permis varie de 300 000 à 1 000 000 GNF. Ainsi, on se retourne en brousse pour la coupe. Arrivé dans les villages, il faut distribuer des montants à toutes les autorités locales. Payer au tronçonneur 12 000 pour chaque double et lui prendre en charge sur la restauration durant les travaux. Payer entre 5 000 à 30 000 selon la distance aux personnes qui vont acheminer les madriers au lieu où le camion va les prendre. Après on se retourne vers l’Office Guinéen de Bois (OGUIB) pour avoir le permis de la circulation calculé par mètre cube. 1m³ équivaut à 10 madriers simples qui est facturé à 250 000 GNF. Un camion transporte jusqu’à 12m³. Au niveau de Tolleri, on paye la brigade verte 300 000 à 400 000 GNF », indique t-il.
Elhadj Boubacar Barry dit Kissia le président régional de la filière de bois Mamou ajoute que « en 2015, le permis d’exploitation forestière était à 12 millions 500 mille, en 2016 le permis est passé à 30 millions, puis 52 million 500 en 2017 ceci sans compter les frais auxiliaires. La brigade verte est sur la route pour contrôler les papiers et réclame la levée du barrage 100 000 GNF à défaut 400 000GNF », souligne t-il.
Le bois de Vène est une essence précieuse qui sert à fabriquer des meubles de luxe. A Mamou, le prix d’une pièce de 2 mètres de ce bois varie de 250 000 à 300 GNF. Contrairement à Conakry où une pièce de madrier de Vène est vendue à 900 000 GNF.
De nos jours, ce bois est menacé d’extinction dans la sous région ouest-africaine à cause de la forte demande chinoise. L’espèce est protégée par la convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (Cites).