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Conflit éleveurs-agriculteurs et arrestations arbitraires à Guèasso: les vérités de Karamoko Soumaoro du BL

Suite à la réplique du responsable du RPG Arc-en-ciel à Guèasso, après la sortie médiatique de Karamoko Soumaoro du Bloc Libéral (BL) et ressortissant de Guèasso résident à Conakry, ce dernier de nouveau revenu à la charge pour expliquer l’origine de la tension qui prévaut actuellement dans la commune rurale de Guèasso où les partisans du parti au pouvoir contestent l’accord politique signé récemment entre leur parti et l’opposition républicaine.  Dans cette interview, M. Soumaoro parle aussi du conflit entre éleveurs et agriculteurs, les agissements arbitraires des autorités locales, entre autres.

Guinéenews.org : Monsieur Karamoko Soumaoro, vous êtes responsable du Bloc Libéral et ressortissant de Guèasso à Conakry. L’accord signé entre le RPG et l’opposition donnant désormais la charge au BL de diriger cette commune rurale. Ce à quoi s’opposent jusque-là les partisans du parti au pouvoir. Qu’en dites-vous ?

 Karamoko Soumaoro : Par rapport à la situation qui prévaut actuellement à Guèasso, c’est parti de loin. Vous savez, Guèasso est l’une des plus grandes communes rurales de Lola. Guèasso, dans son histoire, a toujours été l’un des greniers de Lola. Depuis que nous étions à l’école, quand nous partions pendant les vacances, Guèasso était toujours animé. Tout le monde était dans la joie. Mais ces dernières années, Guèasso est devenu une zone de famine. Et cela est dû au fait que le Maire sortant, en complicité avec le Sous-préfet de la localité, a accepté l’arrivée massive des Zébus (une espèce de bœufs) en provenance du Mali, qui ont transité par la Côte d’Ivoire pour venir à Guèasso. La commune rurale compte 12 districts et dans tous ces districts, il n’y a pas de lieu où il n’y a pas de parc. Ce qui fait que l’activité principale des populations de Guèasso qui est l’agriculture a commencé à disparaître. Voilà l’origine de la famine. Les parents qui ne savent plus où aller sont en train de souffrir énormément. Chacun se demandait ce qu’il fallait faire alors qu’ils sont chez eux. Faut-il que nous restons les bras croisés ? Il fallait qu’on intervienne. C’est ainsi que moi personnellement, avec l’accord des parents résident à Conakry, je me suis déplacé pour aller au village où j’ai rencontré le Sous-préfet et le Maire sortant. Je leur ai dit, notre activité principale chez nous ici c’est l’agriculture et non l’élevage. On peut bien pratiquer l’élevage à côté de l’agriculture, mais il faut que cet élevage soit cadré. Il faudrait que les bœufs soient cantonnés. Malheureusement, je n’ai pas été bien compris. Suite à cela, j’ai même été emprisonné à Lola par le Maire sortant et le Sous-préfet qui ont dit que je veux pousser la population à la révolte. C’est ainsi que j’ai reçu un jour la convocation du Tribunal de Lola de même que le patriarche de Gonota, mon village, avec quatre autre personnes. Nous avons passé un mois entre la Gendarmerie et la Justice de Lola. Il n’y a pas eu de jugement. On nous disait de nous présenter chaque matin à 08h au Tribunal où nous restions assis là sur les bancs jusqu’à 18h pour retourner à la maison. Par fini, avec l’intervention des ressortissants de part et d’autre, nous avons été libérés. Maintenant au retour, j’ai fait le compte-rendu. Et je ne suis pas le seul, tous les cadres ressortissants de Guèasso sont dans la même situation. Les autorités locales ne veulent pas sentir les cadres de la Sous-préfecture. Si vous êtes un cadre ressortissant de Guèasso, vous voulez envoyer un projet là-bas, le maire comprend autrement, c’est sa place qu’il voit. Il vous fait la guerre, soit il vous envoi à la gendarmerie ou au Commissariat. Il était alors question qu’on le change. Parce que nous voulons le développement de la localité. Et puisqu’il est un élu du peuple, il fallait attendre les échéances électorales. Quand l’occasion s’est présentée, nous avons fait une liste des candidats du RPG-arc-en-ciel. Ceux-ci étant présents, il s’est permis, avec la complicité du même Sous-préfet jusqu’à l’autorité préfectorale et des responsables de la section RPG de Lola, d’annuler purement et simplement la candidature de ceux-là sur lesquels la population comptait. Voilà pourquoi nous nous sommes dits puisque la liste du RPG est devenue une propriété privée de Monsieur Ibrahima Doré, le maire sortant, nous allons vers un autre parti qui peut nous sauver. Voilà d’où est venu le choix du Bloc Libéral. Sinon jusqu’à la date du 25 décembre 2017, la population de Guèasso ne connaissait pas le BL. C’est après l’annulation de la candidature des candidats sur lesquels la population comptait que l’idée du BL est venue à nous. Tout de suite c’est parti à la vitesse de l’éclair. Les gens ont vite adhéré et ça été comme un fait de Dieu. Partout où nous avons été, nous avons été vivement acclamés. Et nous avons appelé les responsables du BL de Conakry. Nous sommes venus ici et nous avons été accueillis à bras ouverts. Les choses ont été mises en place et nous avons fait acte de candidature. Mais je vous dis qu’aujourd’hui, Guèasso qui par le passé était le grenier de Lola, c’est une zone de famine aujourd’hui. Il y a des bœufs un peu partout. Les gens n’ont plus où cultiver. Quand vous allez par exemple à Gonota, il y a 27 parcs, on dit seulement parc, mais les bœufs sont en divagation et ravagent tout sur leur passage. Quand vous allez vous plaindre, on vous demande si vous pouvez estimer en hectare la surface ravagée par les bœufs. Comment un villageois analphabète qui ne connait même pas un mètre, peut vous parler d’hectare. On l’intimide et s’il insiste, on le met en prison. Face à cette situation, lorsque nous avons posé le cas du BL, les gens ont adhéré rapidement. Et au jour d’aujourd’hui, Guèasso est à 90% BL.

Guinéenews.org : Alors comment expliquez-vous la tension qui prévaut sur le terrain à Guèasso ?

Karamoko Soumaoro : Les élections se sont très mal déroulées à Guèasso. Il y a eu des bureaux de vote qui ont été installés par la CENI. Malgré le fait que nous soyons forts sur le terrain, ils ont usé de leur pouvoir pour truquer les élections. A Guèasso I, II, à Moribadou, à Garassou, et à Soota, un village qui relève de la Sous-préfecture de Gama-Bèrèma, les autorités de Guèasso, avec la complicité de celles préfectorales, y ont installé deux urnes dont une au compte de Gama-Bèrèma et une autre au compte de Guèasso. Ce qui n’est pas faisable. Donc la deuxième urne qui était au compte de Guèasso, n’a été bourrée que des bulletins du RPG. A Guèasso I et II, le Sous-préfet, en tant que premier administrateur de la localité, s’est permis de voter dans les deux bureaux et même chasser les délégués du BL. A Moribadou, le Lieutenant-colonel de la Douane, Souleymane Donzo et le Sous-préfet sont allés le jour du scrutin pour dire à la population que quiconque vote pour le BL paiera une somme de 500 000 Fg , à défaut il part en prison. Voilà pourquoi à Moribadou, il n’y a pas eu d’élection. Nos électeurs ont même eu peur d’aller dans les urnes. Et mieux, il était prévu que le vote s’arrête à 18h. Mais là-bas, pour bourrer les urnes, ils ont continué à voter jusqu’à 20h. Ce qui est une violation de la loi électorale.

Guinéenews.org : Les partisans du parti au pouvoir affirment pourtant qu’ils ont gagné les élections d’où leur opposition à l’accord qui attribue au BL la gestion de la mairie. Qu’en dites-vous ?

 Karamoko Soumaoro : Par rapport aux résultats publiés par la CENI, nous avons déposé des recours à la Justice de Lola. Nous étions dans le délai. Le juge de Lola, El hadj Abdoul Karim, avait dit dans le temps que l’Etat guinéen n’a pas les moyens pour organiser une nouvelle élection et de s’en tenir à cela. Donc il n’y a pas eu de jugement par rapport à nos recours. Nous, nous sommes sûrs de ce que nous avons fait et nous sommes conscients que si on organisait les élections dans la transparence, le BL allait avoir 17 conseillers sur 23. C’était clair parce que tout était prêt sur le terrain. Finalement on nous octroie 8 conseillers, deux à l’UFDG et les 13 au RPG. Ce sont les résultats qui ont été publiés, contrairement aux résultats obtenus sur le terrain. Avec l’accord signé entre le parti au pouvoir, l’opposition et l’Administration du territoire, nous avons été rétablis dans nos droits. Pour ceux qui parlent de désignation de Maire, je m’inscris en faux. Je persiste que nous avons gagné les élections à Guèasso, contrairement à ce que nos adversaires disent.

Maintenant que le BL va désormais diriger la Commune, selon l’accord, qu’est-ce qui explique la tension actuelle sur le terrain ?

 Karamoko Soumaoro : Maintenant que nous avons été rétablis dans nos droits, ceux-là qui avaient la mainmise sur la destinée de Guèasso se voient maintenant écartés. Ils ont vu que leur intérêt est en jeu. C’est pourquoi il y a le mouvement. Mais je vous dis, le RPG n’est pas haï à Guèasso, c’est la personne qui était la tête de liste de ce parti que la population de Guèasso ne veut pas sentir. C’est l’origine du problème parce qu’il est isolé. Et puisqu’il a pour le moment des moyens, il est en train de faire des financements dans les coulisses pour inciter les jeunes à la révolte. Mais au jour d’aujourd’hui, il y a de l’accalmie.

Guinéenews.org: En tant que responsable du BL et ressortissant de Guèasso, quel est le message que vous avez à lancer à vos frères et sœurs maintenant que le BL va désormais diriger la Commune ?

 Karamoko Soumaoro : Nous lançons un message de paix à toute la population. Le Bloc Libéral va s’installer à Guèasso et il tend la main à toutes les filles et fils de Guèasso pour construire Guèasso. Le BL va à Guèasso pour le bien-être de toute la population de Guèasso. C’est l’appel que nous lançons à tous les ressortissants de Guèasso tant à l’intérieur qu’à l’extérieur.

Interview réalisée par Guilana Fidel Mômou

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