Du 22 au 24 novembre 2023, à Conakry, s’est tenue la Concertation technique régionale sur les prévisions de production agricole 2023-2024 et les résultats de l’analyse de la situation alimentaire et nutritionnelle des pays du Sahel et de l’Afrique de l’Ouest.
La rencontre a regroupé plus de 100 participants, dont les représentants de la CEDEAO et de l’UEMOA, les cadres nationaux des services des statistiques agricoles, de l’élevage et de systèmes d’alerte précoce de 15 pays de l’Afrique de l’ouest, et du Cameroun.
Elle a également mobilisé les représentants des institutions du Système des Nations-Unies et des organismes régionaux et internationaux, les représentants des dispositifs sous-régionaux de suivi de la situation alimentaire et nutritionnelle, les représentants des producteurs et des éleveurs, ainsi que les représentants d’ONG internationales.
Ces différents experts ont minutieusement examiné et validé les données des productions agricoles et pastorales, les bilans céréaliers alimentaires, les informations sur les marchés, les résultats des analyses du Cadre harmonisé sur la situation alimentaire et nutritionnelle, ainsi que le bilan des réponses mises en œuvre en 2023 par les pays et leurs partenaires dans le cadre de la lutte contre l’insécurité alimentaire et du soutien aux populations vulnérables.
C’est le ministre de l’Agriculture et de l’Élevage qui a présidé le lancement de la concertation. Dans son discours de circonstance, M. Mamoudou Nagnalén Barry s’est tout d’abord réjoui du choix porté sur Conakry pour abriter cette importante cérémonie consacrée à la validation des productions céréaliers de 2022 – 2023 et aux perspectives pour 2024.
En outre, au regard de la carrure des experts qui prennent part à cette concertation, il s’est montré confiant quant à la production de données fiables sur la campagne antérieure, tout en se projetant dans les prévisions proches de la réalité. Ce qui, aux dires de Mamoudou Nagnalén Barry, va permettre d’avoir une cartographie très claire des zones à risques.
A la faveur de la cérémonie de clôture, le Secrétaire exécutif du CILSS a indiqu que les présentations livrées durant cette rencontre constituent une synthèse des informations collectées par l’ensemble des pays du Sahel et de l’Afrique de l’Ouest en synergie avec les partenaires techniques et financiers régionaux et internationaux.
“Les conclusions auxquelles vous êtes parvenus après de profondes analyses et discussions techniques montrent que les récoltes sont globalement moyennes pour l’ensemble des pays du Sud de la CEDEAO et de l’UEMOA. Les productions céréalières sont estimées à 76,5 millions de tonnes, soit une légère baisse de 1% par rapport à la campagne agropastorale 2022 – 2023, et une hausse de 3% comparées à la moyenne de cinq dernières années. La production des tubercules est estimée à 205 millions de tonnes, soit une hausse de 2% par rapport à l’année dernière et de 7% par rapport à la moyenne des cinq dernières années”, a égrené le Docteur Abdoulaye Mohamadou.
Une tendance globale qui, selon lui, cache des disparités à l’intérieur des pays. Et que le Niger, le Nigéria et le Tchad sont les pays qui ont enregistré les plus fortes baisses de production.
Poursuivant, le Secrétaire Exécutif du CILSS dira que les résultats du Cadre harmonisé de 15 pays du Sahel, de l’Afrique de l’Ouest et du Cameroun indiquent une situation alimentaire nutritionnelle toujours préoccupante dans certains pays de la région. Toute chose que Dr Abdoulaye Mohamadou a justifiée par les problèmes sécuritaires, la baisse des productions, les inondations, la hausse des prix des denrées, l’inflation et la dépréciation des monnaies locales, les difficultés économiques liées aux crises sociopolitiques dans la région et le conflit en Ukraine.
“La situation nutritionnelle reste roujours très préoccupante dans la région avec des taux de malnutrition aiguë globale qui dépassent le seuil d’alerte de 10% dans plusieurs pays. Notamment au Tchad, au Niger et au Mali, avec des niveaux d’urgence de 15% au Nord-est et à l’Est du Nigéria et au Nord du Burkina Faso”, a-t-il alerté.
La concertation a été empreinte de plusieurs recommandations faites notamment aux États, au CILSS, à la CEDEAO, à l’UEMOA et aux partenaires techniques et financiers. A savoir :
Apporter une assistance immédiate aux populations en insécurité alimentaire et nutritionnelle “crise à pire” ; prendre des dispositions nécessaires afin d’assurer une transhumance paisible dans les pays ; lever l’embargo sur le Niger pour des questions humanitaires au regard de la détérioration de la situation alimentaire et nutritionnelle dans le pays ; soutenir les dispositifs nationaux de collecte, de traitement et de diffusion des informations sur l’agriculture, la sécurité alimentaire et nutritionnelle et de la résilience ; soutenir les efforts des gouvernants et de la région dans la prise en charge des populations à travers les PNR ; faciliter le financement des enquêtes pour la collecte annuelle des données des productions agropastorales et des preuves sur la situation alimentaire et nutritionnelle.
Après le rendez-vous de Conakry, suivra la réunion du Réseau de prévention des crises alimentaires prévue du 5 au 8 décembre prochain dans la capitale capverdienne de Praia, où les représentants de lem région et leurs partenaires techniques et financiers analyseront les résultats de cette réunion et élaboreront des plans de réponse pour les pays et mobiliseront les financements nécessaires pour soutenir les États dans le cadre de la lutte contre l’insécurité alimentaire.