A Conakry, c’est parti pour une série de formations des Guinéennes sur l’application du Protocole à la Charte africaine des droits de l’Homme et des peuples relatif aux droits des femmes en Afrique communément appelé Protocole de Maputo. Ce lundi 28 septembre, dans un réceptif hôtelier de la place, des représentantes de 25 ONG et organisations de la société civile de Conakry et de l’intérieur du pays ont constitué le premier groupe de femmes à former. Organisée par Make Every Woman Count, la série de formation va s’étendre jusqu’au samedi 3 octobre. Après les femmes venues des ONG, ça sera le tour des femmes journalistes, puis celui des clubs de jeunes filles.
« Ce n’est pas une formation en tant que telle. C’est un partage d’expérience », a précisé Makalé Soumah, chargée de plaidoyer au sein de Make Every Woman Count.
Pour Kabuya Muyimona, l’un des consultants qui animent cette série de formation, il était vraiment nécessaire d’organiser cet atelier. Puisqu’en Guinée, a expliqué ce consultant en droits humains des femmes, il y a un déficit de vulgarisation de ce protocole, l’unique texte international à prendre en compte les spécificités africaines en matière de défense des droits des femmes et filles. «En plus de ce déficit, le protocole stipule que les Etats membres ont une obligation de déposer, chaque deux ans, un rapport de mise en œuvre de ce protocole. Or, depuis sa ratification et le dépôt des instruments, la Guinée n’a jamais déposé un rapport. Les ONG auraient pu déposer un rapport alternatif… Ce qui n’est jamais fait », a-t-il ajouté.
Durant son intervention au cours de la session de ce lundi, monsieur Kabuya Muyimona a expliqué que le respect des droits des femmes et des filles est un enjeu de développement national en Guinée. « Parce que le développement national est la somme des développements communautaires, et le développement communautaire est la somme des développements familiaux… », a-t-il explicité. Or, si à ce jour la Guinée a fourni assez d’efforts pour rendre ses textes conformes aux standards internationaux en ce qui concerne les droits des femmes et des filles, dans les faits, la réalité est tout autre. « Egalité de droit ne signifie pas égalité de fait », notera d’ailleurs le consultant.
En plus de Kabuya Muyimona, d’autres consultants ont fait des interventions au cours de cette première journée. Il s’agit de la Sénégalaise Amie Sacko et d’Esther Waweru qui est intervenue par visioconférence depuis le Kenya.
Coopérer avec les ONG et les partenaires financiers
Quelques heures après le début des travaux, la ministre des Droits et de l’Autonomisation des femmes est intervenue dans cet atelier pour le lancer officiellement. Dans son allocution, Hawa Béavogui a exprimé la disponibilité de département à coopérer avec les ONG et organisations de la société civile – qui sont les actrices du terrain – et les organismes de financement en faveur des Guinéennes. Soulignant que la Guinée a eu à mettre en place des mécanismes juridiques et institutionnels en faveur des femmes, la ministre reconnaît qu’il y a encore des pesanteurs sociales qui ne favorisent pas l’émancipation des Guinéennes.
Sur Make Every Woman Count
Présentant l’ONG, Makalé Soumah a indiqué que Make Every Woman Count est une organisation dirigée par des Africaines. « Nous travaillons sur la promotion des politiques axées sur le genre, sur le plaidoyer et les formations des organisations de défense des droits des femmes en documentant les progrès réalisés, les bonnes pratiques, mais aussi les lacunes existantes. L’objectif est d’alerter les Etats africains et les inciter à améliorer leurs efforts dans le domaine de l’égalité des sexes et des droits des femmes », a-t-elle expliqué.