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Conakry: la journée du mois de l’enfant guinéen célébrée à la Maison centrale

Les ministères en charge de l’Enfance et de la Justice et leurs partenaires ont célébré vendredi, 21 juin, la journée festive du mois de l’enfant guinéen dans l’enceinte de la Maison centrale, la plus grande prison de Conakry. Terre des hommes – organisatrice de la cérémonie –, Union Européenne, Unicef… étaient toutes représentées à cette cérémonie marquée par des discours, des prestations théâtrales de détenus, des remises de trophées, des dégustations de repas etc.

L’initiative de cette cérémonie à la Maison centrale est  venue du ministère de l’Action sociale, de la Promotion féminine et de l’Enfance. Une initiative en ligne avec la Convention internationale relative aux droits de l’enfant de 1989 qui vise à protéger les enfants contre toutes formes de violence, de discrimination ou de sanction motivées par la situation juridique.

« C’est un honneur pour nous de vous recevoir au sein de cet établissement pénitentiaire à l’occasion de la célébration du mois de l’enfant guinéen. Merci d’avoir accordé une attention particulière aux enfants en conflit avec la loi en général et plus particulièrement à ceux privés de leur liberté », a apprécié le directeur national adjoint de l’Administration pénitentiaire et de la Réinsertion Mamadou Gando Bah. L’occasion était pour Bah de souligner que Terre des hommes – avec l’appui technique et financier de l’Union Européenne – a effectué des travaux de réhabilitation dans les prisons pilotes identifiées dans le cadre de la réforme du système pénitentiaire guinéen. Dans ces prisons, a indiqué Bah, l’ONG développe aussi des activités de réinsertion des détenus. « Ces travaux de réhabilitation ont considérablement permis d’améliorer les conditions de détention tandis que le volet réinsertion est axé sur le développement de nombreuses activités socioprofessionnelles en faveur des détenus et des ex-détenus », a-t-il expliqué.

Mamadou Gando Bah a indiqué que les réformes dans le système pénitentiaire guinéen accordent une place importante à la réinsertion socioprofessionnelle des détenus avec un accent particulier sur les mineurs et les femmes. A la Maison centrale de Kaloum, 100% des mineurs et des femmes sont prises en compte contre 20% des hommes majeurs. A l’actif de la fondation Terre des hommes, il a notamment cité la formation de 11 éducateurs de la Maison centrale sur les techniques d’accompagnement psychosocial, la formation d’un pool de formateurs pour l’alphabétisation de certains détenus, l’installation des ateliers (coiffure, couture, teinture).

David Birdier, chef de délégation de la fondation Terre des hommes en Guinée a indiqué son ONG intervient aujourd’hui dans neuf prisons en Guinée. Cela, grâce au partenariat de l’Union européenne – qui finance le projet PARJU – et à la collaboration des autres acteurs dont le ministère en charge de l’Enfance et  celui de la Justice. « Ce projet a pour ambition d’améliorer les conditions de vie des détenus via l’amélioration de l’accès à l’eau et des conditions d’hygiène, mais aussi via le développement et l’épanouissement personnel des détenus à travers des activités éducatives et de loisir ainsi que par le développement de formation professionnelle telle que la coiffure, la saponification, la teinture et l’accompagnement socioprofessionnel des personnes à leur sortie de prison », a expliqué David Birdier. Il estime que ces activités de formation et d’accompagnement pour la réinsertion collective et individuelle contribuent à donner une confiance à soi, une participation à la vie en communauté, soit en situation de détention, soit en situation de réintégration sociale et familiale. Grâce au projet, a indiqué le chef de la délégation de Terre des hommes, 512 personnes ont bénéficié d’action d’accompagnement personnalisé ou collectif. « Malheureusement, malgré les engagements des uns et des autres et nos réussites sur le projet PARJU, nous ne devons pas omettre de nombreux défis qui se présentent à nous et qui ne nous permettent pas aujourd’hui de nous réjouir », a déploré David Birdier qui indique beaucoup de jeunes en prison sont en attente de jugement. Selon lui, 89  des 109 mineurs dans la prison de Conakry sont des prévenus en attente de jugement. Autres défis soulignés par Birdier : l’absence d’un espace dédié au jugement des mineurs, l’attente de la validation du code de l’enfance, la faiblesse de la justice communautaire, l’absence d’un quartier des mineurs dans toutes les prisons de la Guinée… Avec le départ de CICR et la fin du projet PARJU (Programme d’Appui à la Réforme du Secteur de la Justice) en 2020, Terre des hommes s’inquiète des prochaines conditions de détention, notamment de celles des femmes et des mineurs.

« Je suis heureux d’apprendre que le Code révisé de l’Enfant, qui prévoit toutes les dispositions nécessaires pour assurer la protection des mineurs, en conflit avec la loi ou non, est enfin prêt pour adoption par l’Assemblée nationale. Cette nouvelle me réjouit d’autant plus qu’elle recentre les priorités de la Guinée sur les droits de l’enfant et qu’elle met en exergue l’application d’une des recommandations clés du Comité des droits de l’homme des Nations Unies, celle de l’adoption d’un Code révisé de l’enfant », a apprécié le Chef de la délégation de l’Union européenne Joseph Coll. Il a souligné que ce Code révisé est à présent équipé d’une armée d’articles veillant, s’ils sont appliqués certes, à une protection renforcée des droits de l’enfant : amendes et sanctions plus fermes pour les châtiments corporels, le mariage précoce, les violences basées sur le genre, la traite ou trafic d’enfants exploités pour des tâches domestiques ou dans le secteur minier.  Et puis, a-t-il poursuivi, ce Code révisé s’est également outillé d’un Médiateur des enfants, d’un tribunal pour enfants par région, d’un parquet spécialisé. « L’enfant aujourd’hui laissé-pour-compte pourrait alors bien devenir un détenteur de droits, à l’abri des violences, des vulnérabilités et des sanctions et, prédisposé dès lors à s’investir au mieux dans son éducation, dans la construction de son avenir et celui de son pays », estime Joseph Coll.

La ministre de l’Action sociale, de la Promotion féminine et de l’Enfance Diaby Mariama Sylla – initiatrice de cette cérémonie – a indiqué que l’élargissement des activités du mois de l’enfant guinéen à la Maison centrale témoigne la volonté du gouvernement et de ses partenaires de ne négliger aucune catégorie d’enfant.

Pour sa part, le ministre de Justice de la Justice a exprimé sa reconnaissance à l’Unicef et autres partenaires techniques et financiers qui « ne ménagent aucun effort pour accompagner les politiques guinéennes du Président de la République ». Sans vouloir énumérer ces efforts, il a surtout cité l’élaboration des textes de loi comme le Code pénal, le Code de procédure pénale, le Code civil, le Code de justice militaire et le  Code de l’enfant en cours d’adoption. « Sur le plan structurel, ces efforts portent sur l’assistance quotidienne, à l’entretien des mineurs privés de liberté en leur fournissant de l’alimentation et des soins médicaux », a reconnu le ministre de la Justice, qui a indiqué que toutes les mesures sont prises auprès de l’Assemblée nationale pour faire adopter le Code de l’enfant pendant la session en cours. Le ministre de la Justice a également promis que les juges d’application des peines seront installés courant juillet 2019.

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