Mohamed Bangoura, procureur de la République près le tribunal de première instance de Kaloum, s’est voulu sans pitié avec Eymen YILDIZ, Nihat SURAL, Irfan TURUNC et Deniz DOGRU et Jusuf UZUNYIGIT. Il a requis 15 ans de prison contre chacun de ces 5 Turcs poursuivis pour détention, importation et transport international de drogue à haut risque. Il a également requis 20 ans de prison contre deux de leurs compatriotes qui font l’objet d’un mandat d’arrêt dans cette affaire.
Le procureur a également voulu que le tribunal ordonne l’incinération de la plaquette qui est restée pour les besoins du procès – les autres seraient déjà incinérées.
Sur les faits, le procureur a indiqué que le navire White Angel est parti de la Turquie avec 11 sacs contenant chacun 25 plaquettes de cocaïne. En tout, le procureur et les avocats de la partie civile parlent de 275 plaquettes pour un total de 299,029 kilogrammes de cocaïne. Et la valeur de cette cocaïne est estimée à 19 735 914 euros.
Sur leur itinéraire, le procureur a indiqué que de la Turquie, les présumés narcotrafiquants sont allés en Espagne, puis en Chypre et au Maroc, avant d’être interpellés par la gendarmerie guinéenne dans les eaux territoriales du pays. Mohamed Bangoura a indiqué que le navire était filé depuis l’Espagne. Mais, comme l’a tantôt signalé Me Seny Kamano de la partie civile, la police a voulu procéder à la stratégie de la livraison surveillée.
A l’instruction, selon le procureur, les accusés ont eu des versions différentes. Certains d’entre eux ont indiqué qu’ils venaient vendre des marchandises au Maroc et c’est quand le client a décliné l’offre qu’ils ont décidé de venir les vendre au Nigeria. D’autres auraient indiqué au juge d’instruction qu’ils étaient là pour la pêche. Une autre version serait qu’ils partaient vendre le navire au Nigeria.
Toujours dans leur version des faits, les Turcs ont indiqué que leur navire avait connu assez de pannes. Il aurait même pris feu. Et c’est après avoir éteint le feu que les poudres de l’extincteur ont été pris pour de la drogue par les gendarmes guinéens. Plus loin, ils diront que ce sont les autorités guinéennes qui ont introduit la drogue dans leur navire.
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Les avocats de l’Etat n’ont pas été non plus cléments avec les accusés. Notant de passage leur mauvaise foi, Me Seny Kamano et son confrère Amadou Baden Camara ont voulu qu’ils soient solidairement condamnés au paiement de 5 milliards de francs guinéens pour tout préjudice confondu. Les avocats ont aussi demandé que le tribunal ordonne la saisie conservatoire du navire et qu’il ordonne sa confiscation et sa vente au profit de l’Etat guinéen. « Ils ne font pas honneur à leur pays, la Turquie qui est un pays ami à la Guinée », a déploré Me Camara. « Les faits étant simples, mais graves, l’application de la loi d’être rigoureuse… Ils veulent éliminer la jeunesse guinéenne pour simplement s’enrichir. Ils doivent savoir que l’importation de la drogue en Guinée est interdite et sévèrement punie », a plaidé Me Kamano.
« Où est la cocaïne ? »
En revanche, l’avocat de la défense a plaidé pour la relaxe pure et simple de ses clients pour délits non constitués. « Où est la cocaïne ? », a-t-il interrogé. Soulignant que c’est sur la base de cette drogue que le tribunal devrait fonder sa conviction. Pour l’avocat, sans la drogue, il y a un doute dans ce dossier et ce doute doit profiter à ses clients.
L’avocat a aussi souligné que ses clients sont victimes de fausses accusations de la part des gendarmes qui cherchaient à avoir quelque chose avec eux. « Ils sont venus tenter de leur soutirer de l’argent ; ils sont venus les arnaquer. Comme ils n’ont rien eu avec eux, ils les accusent. Ce procès est boiteux… Il devrait s’arrêter là dès lors que les scellés ne sont pas présents », a plaidé l’avocat.
La décision du tribunal est attendue le 21 février prochain.