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Débarcadères de Matam : acteurs de la pêche et riverains se plaignent…

Les débarcadères de la ville de Conakry sont, en général, dans un état de délabrement très poussé.  C’est le cas de celui de la commune de Matam. Là, de nombreux habitants voisins du débarcadère  vivent des activités de pêche. Bien qu’ils soient bénéfiques pour la population, ces débarcadères ne bénéficient encore d’aucun aménagement. En dépit de l’existance de quelques besoins spécifiques, ils reflètent tous la même réalité, ‘’ils servent de dépotoirs aux ordures ménagères’’.

Au secteur Yacoumbayah, dans le quartier Dabondi, nous voyons des femmes sortir de couloirs restreints. Sur leurs têtes, des paniers de poissons. L’odeur de la mer, la forte puanteur du poisson prouvent la présence d’un port de pêche dans ce secteur.

Cependant, il est difficile d’y accéder pour un étranger.  Après avoir traversé les couloirs et les foyers familiaux, nous découvrons un paysage rempli d’ordures et d’eaux sales coulant de tous les côtés. On se perd pendant un temps. Soudain, on lève les yeux et découvree une foule composée majoritairement jeune au bord de la mer. Des pêcheurs, des menuisiers, des mécaniciens ou artisans, on en trouve tout.

«C’est le premier port de pêche de Dabondi », nous laisse entendre un doyen du quartier. “Ici, on manque de tout. Pas de routes, ni même d’air frais. Les acteurs de la pêche artisanale exercent dans des conditions peu sanitaires”, note-t-il.

Diplômé, Abdoulaye Camara exerce dans ce port depuis plusieurs années. A contre cœur, il supporte la puanteur pour gagner son quotidien. « J’exerce dans le domaine de la pêche artisanale depuis le collège. Du coup, j’ai assisté et surmonté beaucoup de difficultés surtout le problème d’infrastructures routières pour ce port. Mais aujourd’hui, notre premier obstacle reste les tas d’ordures que vous voyez ici. Nous avons tout fait pour lutter contre ce phénomène en vain. Cela s’empire de jour en jour. Malheureusement, l’état ne fait rien pour nous aider. Donc nous n’avons pas le choix. Nous travaillons dans ces conditions parce que c’est notre gagnepain ici », explique-t-il.

A quelques mètres de-là, se trouvent deux autres débarcadères dont celui de Bonfi. Ici non plus, on ne sent pas la rose. Ce sont les mêmes réalités décrites ci-haut.

A quoi servent les taxes collectées dans ces débarcadères ?

Le commun des débarcadères de cette commune reste le manque d’aménagement.  Pourtant, les acteurs payent régulièrement leurs taxes, nous confie le président de la jeunesse du port de Yacoumbaya. « Si les responsables du domaine de la pêche ou de l’Etat viennent ici, c’est pour réclamer la taxe.  Et à chaque fois, nous nous acquittons mais nous ne savons pas à quoi servent ces sommes d’argent parce que rien n’est fait à notre niveau. On manque de tout ici. Toutes les infrastructures présentes dans ces lieux sont issues de nos propres efforts et ça se limite là où nos moyens nous le permettent », affirme Mohamed Camara.

Dans un décret publié le 12 janvier 2022, le président de la transition fixait les attributions et l’organisation du ministère de la Pêche, de l’Aquaculture et de l’Economie maritime.  Au rang de ces attributions et missions, figuraient l’assurance du développement des capacités des ports  et débarcadères des pêches artisanales,  la gestion des ports et débarcadères des pêches artisanales,  veiller au respect des normes d’hygiène et de sécurité à l’intérieur des ports de pêche industrielle, des ports et débarcadères de pêche artisanale, d’assurer le contrôle de la qualité, de l’hygiène et de la salubrité des zones de production, des structures de traitement, de transformation et de conservation des captures et des produits de la pêche et de l’aquaculture.

Aujourd’hui, avec toutes ces ordures éparpillées ça et là au niveau des débarcadères, la question qu’on se pose est de savoir à quand la matérialisation de ces missions sur le terrain.

En tout cas, de leur côté, les premiers acteurs de la pêche artisanale ne menacent de ne plus se laisser faire. « Nous n’allons plus aussi payer cette taxe qu’on nous demande jusqu’à ce qu’ils fassent quelque chose pour l’aménagement de nos débarcadères», prévient le président des jeunes et acteurs de la pêche artisanale du débarcadère de Dabomdi.

Quid du ministère de la Pêche, de l’Aquaculture et de la Pêche maritime ?

La réalité qui assaille ces débarcadères n’est pas méconnue du côté du ministère de tutelle. A sa prise de fonction, la nouvelle ministre avait effectué une visite sur le terrain. Après sa visite ce 17 novembre 2021, Charlotte Daffé décrivait ces débarcadères en ces termes : « Le constat est quand même un peu alarmant. On a commencé par le port de Boulbinet, où l’état d’insalubrité a atteint le sommet. A Bonfi et au niveau de tous les ports qu’on a visités, c’est à peu près la même chose. Il y a un manque d’infrastructures et celles qui existent sont vétustes. Donc, je pense qu’il y a beaucoup de choses à revoir ».

En attendant, les différents acteurs de la pêche artisanale vivent encore dans ces conditions pénibles à Matam.

Il faut enfin dire que toutes nos tentatives pour faire réagir la ministre ou le Secrétaire général du ministère de la Pêche sont restées vaines.

Mamadama Sylla, stagiaire à Guineenews 

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