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Comment répondre à la demande de toilettes publiques à Conakry ?

Dans une contribution antérieure nous avions montré les enjeux et défis attendus face au manque criant de toilettes publiques à Conakry. Si les coûts de celles-ci sont importants pour la capitale guinéenne au regard de l’importance de la demande, les coûts sociaux engendrés par leur non disponibilité le sont encore plus : faible attraction touristique, baisse de fréquentation des rues et des commerces, disparition de certaines clientèles (personnes âgées, personnes avec des problèmes d’incontinence), dégradation des espaces publics, etc. D’où l’intérêt de choisir la solution la plus adaptée à la capitale et de bien planifier l’implantation du service. Assurément, une équipe multidisciplinaire composée de professionnels de la ville, de la commune et des quartiers saura définir les conditions de réussite d’un projet-pilote en vue de l’implantation de toilettes publiques en fonction des moyens financiers disponibles.

Deux grandes orientations sont possibles 

Bien que la tendance actuelle vise à privilégier les toilettes publiques automatisées localisées en bordure des rues, les blocs sanitaires dans des bâtiments peuvent s’avérer tout autant efficaces. À l’instar des exemples qui existent à l’étranger, deux principales approches se dessinent : la première consiste à investir dans un équipement technologique autonome, assez dispendieux, mais qui nécessite des ressources humaines minimales. Ici, la dépense principale est l’équipement. Tandis que la seconde approche vise à bien utiliser les blocs sanitaires traditionnels, dans des bâtiments dédiés ou existants (partenariats avec des bâtiments publics ou semi), et assurer un entretien et une surveillance maximale. Ici, la dépense principale est le personnel. Toutefois, dans l’un au l’autre cas, les toilettes publiques doivent avant tout être une préoccupation à prendre en compte dans la planification et l’aménagement de la ville.

La toilette comme élément intégré à la planification urbaine 

L’intégration de toilettes publiques dans l’espace urbain de Conakry devrait faire partie intégrante de la planification de la ville et des transports. Selon l’avis des spécialistes à l’égard de ces installations : « Les toilettes publiques accessibles sont le chaînon manquant pour développer des villes accessibles et encourager les gens à sortir de leur voiture et recourir aux transports publics ». Il est donc fondamental lors du choix d’un type de toilette publique à implanter, de considérer l’environnement urbain et les dynamiques qui s’y rattachent. Il ne suffit pas de fournir un service pour garantir sa bonne utilisation. Les notions de trajectoire, de densité de services, de forme des espaces publics, d’espaces d’appropriation, de sentiment de sécurité doivent être étudiées pour orienter le choix des emplacements et des modèles à privilégier. L’arrimage avec les autres outils de planification (Schéma d’aménagement urbain, plan d’urbanisme, etc.) constitue une étape clé du développement d’un projet-pilote. À cet égard, le lieu de l’emplacement et l’accessibilité de ces installations doivent être pensés avec le plus grand soin.

Lieu d’implantation et accessibilité universelle 

Le choix du lieu d’implantation des toilettes publiques ne doit pas être négligé, car il peut faire la différence entre un endroit aimé et un endroit détesté et perçu comme non sécuritaire. En effet, dans une capitale comme Conakry où se posent d’importants soucis d’insécurité, la toilette ne doit pas être isolée, elle doit faire partie du paysage urbain et être visible de tous, afin d’assurer une surveillance par les passants, augmenter le sentiment de sécurité et limiter les actes de vandalisme. Par ailleurs, le choix de la solution devrait impérativement tenir compte de l’accessibilité universelle des installations. Ceci invite à respecter dès le départ les principes cardinaux de conception de des toilettes publiques.

Principes de conception à retenir 

En accord avec les traditions culturelles et locales, des toilettes séparées entre hommes et femmes est un premier principe fondamental. Ensuite, l’accès à l’eau et à un ou plusieurs lave-mains sont essentiels d’un point de vue sanitaire pour le lavage des mains et des locaux. Un robinet raccordé au réseau d’eau potable est l’idéal, bien que ce ne soit pas toujours possible en raison de l’absence de réseau ou de la longue distance entre le bloc sanitaire et le réseau. Le cas échéant, des solutions alternatives pourront être développées telles que le recours aux puits, forage équipé d’une pompe manuelle, récipients de stockage alimentés régulièrement par des revendeurs d’eau, etc.

Par ailleurs, pour faciliter les opérations de vidange, il sera utile de créer un bon accès et une aire de manœuvre pour les camions vidangeurs. Même si cette exigence ne peut pas être satisfaite de manière systématique dans tous les lieux pour des raisons de densité de l’habitat notamment, il convient de la considérer avec attention car les toilettes publiques nécessitent des vidanges à des fréquences plus ou moins rapprochées (tous les 3 à 6 mois pour les latrines les plus fréquentées). De plus, pour réduire la fréquence et le coût de vidange, il convient de veiller à dimensionner adéquatement les fosses afin de respecter les volumes nécessaires.

En outre, pour assurer un éclairage adéquat dans les blocs sanitaires et offrir un service nocturne aux usagers, ceux-ci doivent être raccordés au réseau électrique, notamment dans les quartiers défavorisés. Aussi doit-on veiller à la robustesse des ouvrages de génie civil, et des équipements fortement sollicités comme les lave-mains et les serrures afin de permettre de réduire à terme les coûts de maintenance et de réhabilitation. Aussi, afin de faciliter l’entretien des locaux, il est fortement recommandé de carreler le sol et les murs ou de les finir avec un béton lissé. Toujours en lien avec les exigences de nettoyage, un local dédié au rangement et au stockage des produits d’entretien facilitera le travail du service d’entretien. Enfin, une fois les ouvrages conçus et réalisés, il faudra s’employer dans des actions ciblées d’éducation à l’hygiène à tous les niveaux.

Miser sur l’éducation à l’hygiène et promouvoir l’assainissement

La promotion de l’assainissement et l’éducation à l’hygiène permettent d’une part de convaincre les usagers de l’importance d’utiliser des latrines, et d’autre part de les encourager à recourir à des pratiques hygiéniques telles que le lavage des mains avec du savon. Elles permettent également d’améliorer les pratiques des agents d’entretien et des exploitants de blocs sanitaires. Enfin, les autorités urbaines de Conakry et les membres de la classe dirigeante du pays qui tomberont sur cet article sont priés de faire tout ce qui est dans leur possibilité pour que la capitale guinéenne soit en mesure d’offrir à ses citoyens des toilettes publiques dignes de nom. C’est une responsabilité des autorités de la capitale, un gage de dignité de la personne humaine et de santé publique.

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