Comme il est de coutume depuis un certain nombre d’années, le 22 décembre de chaque année est commémoré le décès de l’ancien Président de la République de Guinée, feu Général Lansana Conté, décédé le 22 décembre 2008 à Conakry.
Le dimanche 22 décembre, ils étaient nombreux les Guinéens, membres du gouvernement, anciens ministres, leaders politiques, sages des régions naturelles et autres hauts cadres du pays qui étaient fortement mobilisés autour de la famille Conté pour rendre hommage à celui dont le « patriotisme » est reconnu par tous.
Cette commémoration a été mise à profit par des anciens collaborateurs et autres hauts cadres du pays d’exprimer ce qu’ils retiennent de l’homme. C’est le cas d’El hadj Fodé Bangoura, président du Parti de l’Unité et Progrès (PUP).
Il a occupé successivement, sous le régime Conté, les postes de chef de cabinet, ambassadeur directeur du protocole d’Etat et ministre d’Etat chargé de la coordination gouvernementale.
C’est un Fodé Bangoura visiblement ému qui s’est exprimé au micro de Guinéenews.org.
« Lansana Conté n’a jamais demandé de prier pour lui, il a toujours dit ‘’priez pour le pays, si la Guinée est bénie, j’ai aussi ma part de bénédiction parce que je suis fils de ce pays.’’ Il aimait prier. C’est pourquoi quand cette date arrive, ses anciens collaborateurs, ses amis, sa famille et autres viennent prier pour le repos de son âme », a-t-il précisé d’entrée.
L’ancien ministre d’Etat semble pourtant à l’aise quand il vante les qualités de l’ancien Président.
« Si je veux parler de tout ce que je retiens de Conté, nous allons passer la journée ici. C’était un patriote, soldat-président, président-paysan. Tout ce qu’il a posé comme acte dans ce pays, il ne peut pas ne pas être remercié, il ne peut pas ne pas être gratifié, on ne peut pas ne pas prier pour le repos de son âme, et prier pour la Guinée, pour la paix, pour l’unité nationale. Parce que c’est ce qu’il voulait, que les Guinéens s’entendent, qu’ils parlent ensemble, qu’ils rentrent ensemble, qu’ils construisent ce pays ensemble. Donc c’est dans ce contexte là que nous continuons son œuvre. Je retiens de lui un homme sincère, un homme qui partage, un démocrate. Je retiens de lui un patriote, un combattant. Tous ses faits, je l’ai vu à l’œuvre. Je l’ai vu quand nous avons été agressés, je l’ai vu dans l’administration. Il aimait faire travailler les gens et coordonner, mais surtout il tenait à l’unité nationale. Il tenait à la paix. D’abord c’est un soldat, un soldat, c’est pour sécuriser son pays. Il voulait la paix pour ce pays, il voulait la sécurité de ce pays, il aimait ce pays, il voulait la prospérité pour ce pays, il voulait surtout que les Guinéens se donnent la main. Parce ce qu’on ne peut pas construire sans l’unité nationale. C’est pourquoi son parti, c’est le parti de l’unité et du progrès. On ne peut pas faire le progrès s’il n’y a pas d’unité », a témoigné l’ancien proche collaborateur du Président Conté.
Parlant des différentes crises politiques que traversent le pays, El hadj Fodé Bangoura déplore cet état de fait qu’il estime être une conséquence du multipartisme intégral sollicité par les acteurs politiques.
« Ce président paysan a voulu deux partis pour ce pays. Comme il aimait le dire, je connais la Guinée, je connais les Guinéens. Il savait ce qui allait arriver aujourd’hui. Il a dit le bipartisme. Ce sont les politiciens qui ont voulu le multipartisme intégral. Voici les conséquences aujourd’hui, bravo les conséquences ! Aujourd’hui tous les partis sont presque régionalistes, catégoriques et ça nous pose des problèmes. On voudrait que ça soit des Guinéens. Mais aujourd’hui les gens veulent qu’on les appelle basse côtiers, les gens de la moyenne Guinée, de la Haute Guinée ou de la Guinée forestière. Alors que sur leurs cartes d’identité, c’est la nationalité guinéenne », a-t-il déploré.
Cependant, El hadj Fodé Bangoura souhaite : « que le Guinéen soit Guinéen tout court. Je souhaite que les Guinéens revendiquent la nationalité tout court, qu’ils ne revendiquent pas un communautarisme, qu’ils parlent ethnie, mais qu’ils soient Guinéens tout court et qu’on s’aime, qu’on se côtoie, qu’on se serre la main, qu’on rentre ensemble et qu’on travaille pour le peuple de Guinée. Je souhaite que cette terre bénie de Guinée ait des Guinéens qui soient aussi bénis. Si la terre de Guinée est un atout pour les Guinéens, je souhaite que les filles et les fils de Guinée soient aussi un atout. Et, pour cela, il faut qu’ils se rassemblent, il faut qu’ils soient ensemble. Il ne faut pas se réjouir du malheur des autres, il faudrait construire une Guinée où il fera bon vivre ».