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Climat sociopolitique délétère en Guinée: le gros coup de sang du ministre Gassama

«J’entends souvent  les Guinéens dire, je suis fier d’être Guinéen… C’est quoi être fier d’être Guinéen? Je m’interroge. Etre fier du mensonge, de la haine, de la misère, de l’injustice, de la médiocrité ? Etre fier de notre incapacité à nous unir ? De la fourberie ? De l’humiliation dégradante ? Etre fier de voir braquer les uns contre les autres, les haches, les couteaux, les fusils ?… De quoi devons-nous être fiers? C’est triste de voir un pays qui a tout pour rayonner se laisser manipuler».  En intervenant ce matin sur les antennes  de la Radio Espace, le ministre de l’Unité Nationale et de la Citoyenneté a craché ses quatre vérités par rapport aux différentes crises que connait le pays ces temps-ci. Gassama s’est dit choqué d’entendre certains propos venant des autorités morales.

Interrogé sur qui manipule qui et les raisons de cette crise, le ministre Gassama a pointé son doigt accusateur sur tous les acteurs politiques, y compris l’Etat. «…Tout le monde manipule tout le monde… Le grand perdant reste le peuple. La démocratie est biaisée. Les partis n’ont pas de militants… C’est une question de  communauté… Et si militants il y a, ils ont renoncé à leur liberté. L’Etat et le gouvernement sont les premiers responsables  ensuite les chefs des partis politiques… Comment peut-on accepter un tel engrenage  identitaire?  Vous savez, dans un pays quand la loi n’est pas appliquée, c’est le désordre et le boulevard ouvert à tous les actes contraires à la cohésion nationale

A savoir l’avis du ministre sur les discours certains responsables religieux, Gassama  a soutenu que ce n’était pas normal qu’un religieux glisse sur le terrain politique pour dire des paroles qui divisent. «Nous sommes dans une République laïque. Ce n’est pas normal  qu’un religieux intervienne dans la sphère politique. A priori, la Guinée n’a pas besoin des interventions des religieux, mais de la loi. Ces religieux ne peuvent intervenir  que si toutes voies ont été explorées, si tous les préceptes légaux sont épuisés.»

Pourquoi tout ce temps Gassama était silencieux?

«... Je suis natif de Kindia ! Toute ma famille y vit. Qu’est-ce que je vais aller dire aux victimes qui attendent la justice? Je suis gêné d’aller vers ces victimes leur dire d’accepter, de pardonner… Il appartient à l’Etat  de rendre justice ! On ne peut pas continuer à dire de pardonner ! Il faut la justice. On doit pouvoir identifier les auteurs de pillages, d’agression et des exactions. On ne doit pas continuer à être fataliste. Il faut arrêter les coupables et les traduire en justice. Il faut ensuite dédommager les victimes… C’est inadmissible de voir   détruire les biens des  gens. Il faut que cela s’arrête !  Je ne suis pas silencieux, mais surpris de voir ce qui se passe à Kindia… Je suis concerné parce que je suis de Kindia.»

Le ministre Gassama est-il déçu ?

«Bon… Je veux porter la voix des victimes. Je fais ma part du boulot. Mettre mon doigt là où ça ne va pas. Je suis quand même attristé  du constat, de ce qui se passe dans mon pays. Nous pouvons rendre ce  pays grand en respectant et en appliquant la loi. En laissant la justice faire son travail.  Et j’insiste ! La continuité de la crise, des violences incombe à l’Etat

Que pense-t-il de l’accord politique signé le 8 août dernier entre le RPG et l’UFDG ?

A cette question, le ministre de l’Unité Nationale et de la Citoyenneté a répondu à nos confrères qu’il n’a aucune analyse ni commentaire à faire. « Je regrette de vous décevoir. Je n’ai aucune analyse à faire sur les accords. Ça ne m’intéresse  pas.  Les acteurs politiques ont une  responsabilité. On ne peut pas mettre la loi de côté et signer des accords. Nous avons perdu  la portée et le sens des élections dans notre pays. Voter, c’est perdre ou gagner. Ce n’est pas un accord qui viendra décider à la place de la loi. Cela créé des problèmes. En Guinée, avant les élections, c’est des problèmes. Pendant les élections, des problèmes, après les élections, des problèmes… Tout ceci, parce que la démocratie est biaisée.»

Que pense Gassama de la corruption qui a été introduite dans le système?

« Mais qu’est-ce qui étonne ? Qu’est-ce qui surprend en Guinée ? Ce n’est pas nouveau ! La corruption, c’est avant, pendant et après les élections. Elle se pratique sur le dos du peuple.»

Pour le cas de Kindia, le ministre Gassama est revenu largement sur le dossier pour demander aux populations de faire attention. D’entretenir des relations fraternelles tout en appartenant à un parti politique. Il est écœuré devant l’attitude des autorités qui ne pensent et ne vivent que d’élections. «En quoi nous allons espérer ? Allez voir les femmes au marché! Voyez la souffrance des citoyens! Et toujours on dit élections, élections, élections… Qu’est-ce qu’on gagne ? Les gens s’attaquent dans la rue… Regardez à Kindia !  Les gens se poursuivent dans la rue, on pille des gens… On lance des propos discriminatoires. Il n’y a pas d’étranger en Guinée. Je suis choqué devant certains propos. N’oubliez pas ! Je suis de Kindia. Je suis touché par ces propos…. Il est scandaleux qu’on traite un fils d’étranger dans son propre pays, dans sa ville…»

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