Ah, ces transporteurs de charbon!, puisque c’est bien d’eux qu’il s’agit. Ils sont les mal aimés de toute la faune de véhicules circulant dans la capitale. Ils sont les moins attrayants de tous. Quand on les rencontre, on s’en éloigne. Qu’ils nous suivent ou que nous les suivons, la méfiance est de mise. Nous cherchons à nous dégager au plus vite de leur environnement immédiat.
En général, rien dans leur forme et leur fonctionnement n’attire une quelconque curiosité qui pousse à l’attirance sympathique. Ils constituent un genre, si terne et insignifiant, qu’on pourrait croire qu’ils n’existent pas dans la circulation. Les gens préfèrent voir et parler des belles voitures, des grosses cylindrées rutilantes, qui roulent vite, à travers nos villes et campagnes. Mais, ne nous étonnons guère. L’homme est ainsi fait. Bien souvent, il se limite au superficiel et ne juge que l’apparence des choses.
Pendant ce temps, oh, paradoxe ! On aime bien le charbon, mais pas ceux qui le transporte. Que des exclamations pour exacerber le rejet qu’ils inspirent : ces camions de charbon crachent une fumée âcre et opaque, pétaradent fort, sont entièrement noirs et sales, n’ont pas d’éclairage suffisant, pas de freins rassurants, etc.
Seul côté positif et cela est fort révélateur, de toute cette litanie d’invectives et de récriminations, ces vieux camions de transport de charbon n’ont jamais été ‘accusés’ d’excès de vitesse. Ils roulent lentement, comme le font tous les vieux de leur âge et cela leur permet d’arriver toujours à bon port. C’est connu : qui va lentement va sûrement !
Malgré tout ce qu’on en dit, ces camions ont toujours été acceptés en centre urbain. Leur utilité n’est pas à démontrer. Sans exagérer, nous dirons que toute interdiction de circuler les concernant, entraînerait l’asphyxie des foyers. Au même titre que si l’on nous privait des services sociaux de base. Cela est d’autant plus vrai que près des 100% des ménages en ville, dépendent du charbon de bois, pour assurer les repas.
Ces camions sont donc, pour le moment, un mal nécessaire auquel il faut s’adapter. Déjà, même les agents (policiers et gendarmes) semblent l’admettre. Ils s’y accoutument, quoique toujours vigilants sur certains cas de flagrance dans leur conduite et leur chargement. De façon tacite, ils évitent d’avoir affaire à eux.
D’ailleurs, qui pour réclamer papiers ou visite technique à certains de ces véhicules, dont on ne s’approche guère ou, qu’avec hésitation ? Qui pour se substituer au chauffeur titulaire pour les conduire éventuellement, au poste ou pour une livraison?
Pour autant, ce tableau n’est pas aussi sombre et pessimiste qu’on le croirait. Il y a de bonnes raisons d’espérer que cette situation s’améliore. Le parc automobile national connaît une certaine évolution qui entraîne un renouvellement progressif de la plupart des vieux véhicules amortis, hors usage.
C’est ainsi que dans le lot des camions transporteurs de charbon, on en voit actuellement qui sont, d’apparence assez acceptable. L‘éventail des distributeurs de ce produit essentiel, s’est également étendu aux camionnettes et minibus.
Ce secteur de transport spécifique semble être le parent pauvre de la grande famille des transports terrestres, chez nous. Il est comme abandonné à lui-même, alors qu’il devait être mieux organisé et structuré. Les autorités concernées le confirmeront peut être. Toujours est-il qu’il constitue un sujet aux incidences sociales très marquées, donc sensible. Au-delà, un autre aspect se greffe directement à la gestion de cette problématique. Il s’agit d’avis divers qui se font jour, quant à l’opportunité ou pas, de soutenir une activité de transport d’un produit; résultant de la destruction de l’environnement. Une certaine opinion rappelle à cet effet, que la production du charbon est la résultante d’une coupe abusive du bois .
Dans tous les cas, l’avenir de cette activité dépendra largement de la célérité des autorités à mettre en œuvre le projet annoncé de production de gaz domestique. Attendons de voir !