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Circulation routière à Sonfonia: le commissaire spécial de la sécurité routière de la zone dresse un bilan très meurtrier pour le mois de juin (entretien)

« Le mois de juin passé nous a beaucoup coûté, en termes de problèmes survenus dans la circulation à Sonfonia. Il a généré des situations urgentes voire graves à gérer, qui ont mis notre service en alerte permanente, de jour comme de nuit. Nous avons vécu des moments intenses, suite aux divers incidents et accidents enregistrés ici et là, dans notre zone… Nous avons constaté un total de 12 accidents qui ont coûté la vie à 04 personnes dont 01 homme, 02 femmes et 01 mineur. Quant aux blessés, ils sont au nombre de 07 dont 06 dans un état, jugé grave. Ces accidents ont entrainé des dégâts matériels importants sur 07 véhicules parmi lesquels, 03 motos », dixit Sékou 2 Touré, commissaire spécial de la sécurité routière de Sonfonia.

Cet énoncé a servi de déclic pour initier cet entretien. L’accompagnement des services de sécurité routière pour une meilleure compréhension des réalités qui sont les leurs, dans la gestion des problèmes de circulation, participe au renforcement de la prévention routière.

Cet axiome bien compris, a sans doute motivé le commissaire spécial à saisir l’opportunité ainsi offerte, pour expliquer les réalités auxquelles son service a été confronté pendant le mois de juin écoulé. Nous l’avons sollicité à aller plus en profondeur dans la restitution des faits advenus, pour une meilleure information des usagers et partant, une amélioration espérée de leurs comportements sur la route.  Lisez !

Guinéenews : bonjour monsieur le commissaire et merci de nous accueillir à nouveau à votre base.  Vous nous aviez reçus ici même, en mai dernier, pour parler de l’impact que l’initiative de votre direction générale avait eu sur la circulation routière. L’on se souvient que pendant le mois de ramadan, toutes les unités de police de la capitale avaient été mobilisées pour appuyer la sécurité routière à l’effet de rendre la circulation plus fluide et plus sécurisée.

Aujourd’hui, vous nous permettrez d’aborder des sujets plus en rapport avec les réalités quotidiennes de votre commissariat.

 Vous avez cité le mois de juin comme ayant été la période la plus intense que vous ayez vécu depuis le début de la saison des pluies. Parlez-nous en, dans le détail, si vous le voulez bien.

Commissaire Sékou 2 Touré : volontiers ! Permettez- moi pour commencer, de saluer les nombreux lecteurs de votre site que nous tenons à sensibiliser chaque jour davantage aux questions de prévention routière. C’est l’un des moyens les plus efficaces pour obtenir un changement de comportement des usagers et partant, une amélioration de la circulation routière. Pour revenir à votre question, voici l’essentiel des faits saillants qui ont été enregistrés par notre commissariat pendant le mois de juin 2019. 

Nous avons constaté un total de 12 accidents qui ont coûté la vie à 04 personnes dont 01 homme, 02 femmes et 01 mineur. Quant aux blessés, ils sont au nombre de 07 dont 06 dans un état, jugé grave.

Ces accidents ont entrainé des dégâts matériels importants sur 07 véhicules parmi lesquels, 03 motos.

Pour aller dans le détail, comme vous le demandez, je commencerais par évoquer la nuit du 21 juin, où nous avons enregistré deux accidents qui ont fait quatre morts. Le premier s’est produit à l’orée de la T7, au carrefour Sonfonia. Il s’agit d’un véhicule de transport en commun contre piétons et le second à hauteur de l’école Solokouré, sur la route Le Prince où une moto a heurté un piéton. Ces deux accidents mortels se sont tous produits à la traversée de la chaussée. L’un a coûté la vie à trois personnes à la fois, de la même famille.

Pour ce cas précis, l’auteur a fui après les faits. Le véhicule en cause, un minibus immatriculé RC 6592 A J est toujours immobilisé dans notre fourrière. Jusqu’à ce jour, personne ne s’est présenté à notre commissariat. Ni le chauffeur, ni le propriétaire.

Ce dossier nous tient à cœur, à cause de ses répercussions sociales et humaines. En effet, il s’agit de la mort violente de trois personnes d’une même famille : une grand-mère qu’on nous dit être mal voyante, sa fille et son petit-fils qui lui servait de guide dans ses déplacements. Aux dires de tous les parents et voisins de cette famille, ce garçon était fort apprécié pour sa bonne conduite. Une vraie tragédie !

Du 10 au 13 du même mois, un porte-char transportant une énorme machine qu’on nous dit être une sondeuse de mines, nous a créé bien des soucis.  Sur la côte de la T7 et dans le virage communément appelé Nériboundji, ce vieux camion remontant en direction du rond-point de Sonfonia est tombé en panne avec son chargement hors norme, causant à la fois une coupure d’électricité dans la zone et de gros soucis pour le passage des véhicules. A cet endroit, réputé très dangereux, notre service était obligé de placer des agents de part et d’autre, pour assurer la fluidité et la sécurité de la circulation.

Cette situation a duré quatre jours de suite avant que les convoyeurs réussissent à dépanner le camion et à le délester de son énorme chargement.

Quelque temps auparavant, un accident ferroviaire s’était également produit au passage à niveau de Sonfonia. Là, aux environs de 03 heures du matin, le train Friguia avait percuté un camion benne transportant du bitume pour un chantier de construction de route.  Aucune victime n’avait été enregistrée. Par contre, le camion était entièrement détruit, après l’impact.

Le 28 juin, aux environs de 13 heures, un autre camion porte-char en provenance de Kagbelen a coupé des câbles électriques et arraché des poteaux à Kéitaya, sur la route Le Prince, plongeant les habitants de la localité dans l’obscurité. Grâce à l’appui de madame la cheffe de quartier que nous remercions ici de passage, nous avons évité le pire. Les jeunes du quartier voulaient s’en prendre au chauffeur et à son camion pour les dommages causés aux installations électriques, ce qui les privaient ainsi d’électricité et donc, de matchs de la CAN.

Guineenews : commissaire, nous n’avons nul besoin que vous alliez plus loin dans l’énumération, pour convenir avec vous que le mois de juin a été riche d’évènements dans votre zone. Mais, serait-ce dire pour autant que vous n’avez pas d’autres problèmes qui vous assaillent dans la circulation ?

Commissaire Sékou 2 Touré : loin de là ! A ce tableau s’ajoute d’autres réalités qui nous créent quelques problèmes. C’est surtout la configuration du terrain qui rend la circulation dangereuse dans notre zone.

D’une part, la route Le Prince au tracé rectiligne qui incite les usagers à l’excès de vitesse et d’autre part les transversales, notamment les T 4, 5, 6 7, et 10, dont la fréquentation par les gros camions est très risquée.

Nous enregistrons aussi un embouteillage sur la T5 et la T6, à cause de l’état dégradé de la chaussée dans le rond-point.

La même situation d’embouteillage est vécue au passage à niveau de Simanbossiya, non loin du carrefour ENCO 5. Là, c’est l’état de dégradation avancée de l’ouvrage qui pose problème. Des trous assez profonds entourent les rails, sur toute la largeur de la chaussée et rendent le passage des véhicules assez difficile et même très risqué. Les usagers sont obligés de ralentir et même de freiner pour franchir l’endroit. Cette succession de freinages favorise un long bouchon qui s’étale entre Enco 5 et Cosa, aux heures de pointe. Au-delà de cet aspect, il y a les risques que les véhicules tombent en panne sur les rails au moment de la traversée. On n’ose pas imaginer ce qui peut arriver, si entre temps le train de Friguia s’annonce.

Un autre aspect nous interpelle sur la route Le Prince dont la construction est en voie d’achèvement. Son intense fréquentation, surtout la nuit, par des usagers souvent très pressés, la rend assez dangereuse. Cette situation est accentuée par le manque d’éclairage, les lampadaires n’ayant pas encore été installés.

Sur la même route Le Prince, je termine en abordant un fait bien apparent: l’alignement en longues files gênantes et abusives, la nuit, de nombreux gros camions, notamment entre la T7 et la T10. Cela tient du déguerpissement de Kaporo-rails qui servait de parc principal pour l’essentiel des gros porteurs de Conakry. Depuis cette opération, la majorité de ces camions, surtout les semi-remorques, ont émigré dans notre zone.

Pour tout dire, notre commissariat connait un intense trafic routier, de jour comme de nuit, ce qui explique les nombreux problèmes que nous avons à gérer.

Guineenews : on se rend bien compte que vous avez des problèmes réels à gérer.  Que faites-vous justement, ou qu’avez-vous fait pour y faire face et les surmonter ?

Commissaire Sékou 2 Touré : comme vous le dites, nous avons certes de nombreux problèmes qui nous assaillent, mais nous avons aussi des résultats positifs que nous enregistrons. Ainsi, bon nombre des points noirs sont en voie d’être résolus. Pour l’illustrer, nous pouvons citer le cas des marchés d’Enco5, Sonfonia et Lambandyi pour lesquels des ouvrages en béton armé ont été installés par les départements des TP (Travaux publics) et Transports. Cela a largement contribué à mettre fin au débordement habituel des marchands sur la chaussée et les nombreux embouteillages qui en découlaient.

Guineenews : est-ce à dire que tous les problèmes sont résolus à ce jour ?

Commissaire Sékou 2 Touré : je vous réponds d’emblée, non ! L’expérience nous démontre qu’on ne peut jamais tout solutionner à la fois, que ce soit dans la circulation ou dans la vie courante. De manière simple, je vous dirais que lorsque vous arrangez une situation à un niveau donné, il s’en crée d’autres, un peu plus loin. On est donc en perpétuel mouvement ou recommencement. Surtout qu’à tout cela, viennent se greffer les nombreuses infractions au code de la route que nous avons charge de prévenir ou de réprimer, selon les cas.

Guineenews : commissaire, qu‘ attendez-vous, en conclusion, de toutes ces informations que vous avez bien voulu partager avec nous?

Commissaire Sékou 2 Touré : notre souhait est qu’elles servent à sensibiliser les lecteurs de guineenews afin d’améliorer les comportements des uns et des autres sur la voie publique. Nous sommes là pour sécuriser les citoyens et leurs biens. C’est la mission régalienne de la police nationale. Nous devons l’assumer à tout prix. 

Ainsi seulement, réussirons-nous à réduire la fréquence et la gravité des accidents.

Guineenews : je vous remercie, commissaire.

Entretien réalisé par Diao Diallo pour guineenews

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