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Circulation à Conakry : pour une fois, la ville est sevrée des VA, cortèges et sirènes

Tout le monde conviendra que depuis le 05 septembre, la circulation dans le grand Conakry présente un visage différent qui la change quelque peu. Cela, malgré que les embouteillages habituels aux heures de pointe restent encore perceptibles au niveau des ronds-points et lieux publics. Et que les infractions au code de la route et leurs corollaires d’accidents continuent de meubler le quotidien de la police.

Nonobstant tout cela, il y a quand même un phénomène que les usagers ont sans doute bien noté et qui apporte une touche particulière, sinon inespérée à la circulation. C’est l’absence de véhicules immatriculés VA et AN. Et même les EP, dans une moindre proportion. Eux qui, auparavant, étaient visibles partout à travers la ville. Au point que leurs mouvements incessants et bruyants avaient quelque chose de très pesant qui faisait dire à certains qu’ils sont trop nombreux et chers à entretenir et à réparer. Mais, ces avis n’avaient aucun retentissement susceptible d’atténuer ou circonscrire le phénomène. Ils étaient certes pertinents, mais sans effet, puisque relégués au rang de simples commentaires et observations.

On ajoute à cela, l’arrêt des cortèges pressants et des sirènes perçantes qui obligent les usagers à se ranger à tout prix pour céder le passage à une autorité, dont les gardes en armes, montent à l’assaut de la rue pour sommer les conducteurs à vite obtempérer. On a vu quelquefois des citoyens louer les services d’un motard dûment habilité pour se sortir de l’étau des embouteillages et régler un problème ponctuel, urgent. Le stratagème fonctionne et ils sont rapidement escortés jusqu’à destination.

Les nouvelles autorités ont mis fin à toutes ces pratiques. Ce qui apaise un peu plus la circulation et épargne les fonds publics. Nous savons que la mesure qui consiste à garer les véhicules est transitoire. Elle va durer le temps qu’il faut pour installer une nouvelle équipe gouvernementale et des institutions. Mais, déjà, cet intermède va permettre à l’Etat de faire des économies substantielles. Dans le budget de fonctionnement des ministères, directions et services, les chiffres qui couvrent les dépenses en carburant, lubrifiants, entretien et réparations de ces centaines de véhicules électroniques, V6 et V8, haut de gamme sont astronomiques.

Sur le même chapitre et en rappel, cette transition, à la différence des précédentes n’a enregistré aucune casse, aucune expropriation de véhicules privés ou administratifs. De même, dans les rues on ne voit aucun cortège de soldats bruyants et excités qui tirent en l’air ou violentent qui que ce soit, au volant de véhicules conduits en toute imprudence et à vitesse incontrôlée.

A vouloir tirer profit de cette nouvelle situation que nous offre cette transition, on se rend compte que l’on peut bien aller dans le sens de la mesure initiée il y a des années, successivement par MM Sidya Touré et Fodé Bangoura. En effet, en tant que Premier Ministre pour l’un et coordinateur de l’action gouvernementale pour l’autre, ces deux personnalités ont tenu à protéger du mieux que possible le parc automobile administratif. Ainsi, ont-elles chacune en son temps, décidé que lesdits véhicules ne soient utilisés que pendant les heures de service. En plus, obligation a été faite de les garer systématiquement le week-end.

Pour toutes les deux périodes de gestion de ces deux hautes personnalités, cette mesure, quoique bénéfique pour l’Etat, n’a jamais prospéré. Il y a eu assez d’obstructions et de résistances qui ont compromis l’application correcte de la mesure. Et celle-ci a eu le temps de s’essouffler et de sombrer dans l’oubli, comme si elle n’a jamais existé.

Chez nous, chaque attributaire de véhicule considère qu’il en est le propriétaire, au sens propre du terme. Jusque-là, il n’y a pas à redire puisque cela sous-entend, des soins à apporter à l’outil mis à disposition. Le problème se pose lorsque l’idée de possession du bien public se transforme en accaparement excessif d’un bien collectif couplé d’égoïsme et de désir d’en jouir seul. Il en fait alors ce que bon lui semble.

Ainsi voit-on les véhicules administratifs partout. Ils transportent des agrégats, des matériaux de tout genre. Ils convoient la famille au village, la femme au marché, les enfants à l’école. Ils vont au marché hebdomadaire, ils transportent des personnes pour des cérémonies civiles ou religieuses et/ou à titre onéreux, etc. Et ces mouvements les conduisent partout sur l’ensemble du territoire. Il suffit de produire un ordre de mission avec les justificatifs que l’on veut. Et les charges pour couvrir tous ces déplacements qui n’ont rien à voir avec le service, sont imputées à l’Etat qui n’en a aucunement profité. Mais, on le fait payer quand même ! N’est-ce pas que tout lui appartient ? Donc, rien de plus normal et logique que tout lui revienne, les pertes surtout. C’est ainsi que bien de gens raisonnent, les cadres y compris. On impute tout au budget. De la consommation de carburant et lubrifiants à l’accident si celui-là survient au cours du trajet. Et les frais d’assurance s’il y a lieu. A cela s’ajoutent l’entretien et la réparation consécutifs au déplacement.

A noter que dans tout ce processus, l’attributaire du véhicule de service est libre de recruter lui-même son chauffeur, quand la direction des garages du gouvernement ou toute autre voie autorisée ne lui en fournit pas un. Est-il à même d’apprécier les capacités et performances de celui-ci, face aux responsabilités qui lui incombent en termes de sécurité de la conduite et d’entretien du véhicule ?

Un autre volet lié à la thématique est la réforme du véhicule. Un jour arrive où le patron y songe. Il veut qu’on lui rétrocède son véhicule de service. Pour cela, des critères existent qu’il doit remplir pour obtenir gain de cause.  Là également, beaucoup de choses se font, sur lesquelles nous allons revenir.

Pour tout dire, dans la gestion du parc automobile de l’Etat, il existe plein de failles par lesquelles les fonds publics s’évadent. Mais, on peut certainement les colmater, pourvu que la volonté politique y afférent soit manifeste et durable. Pourvu qu’elle s’installe, une fois pour toutes. Jusque-là, tout donne à croire que nous pouvons l’espérer.

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