Conformément au motif de renvoi de la semaine dernière, le dossier opposant le journaliste Babila Keita à l’ancien ministre de la Justice s’est poursuivi ce jeudi 27 juin au Tribunal de Première Instance de Mafanco. La séance a porté sur la présentation des pièces justificatives, les questions de précision concernant le contenu de l’article faisant état de violations lors de la passation de marché pour la rénovation de la Maison Centrale, ainsi que sur les plaidoiries et les réquisitions. Avant que l’affaire ne soit renvoyée au 8 juillet prochain, le parquet a requis une amende de 3 000 000 GNF contre le prévenu.
Malgré les efforts de la défense pour justifier ses allégations avec des preuves, la partie civile a demandé le rejet des éléments de preuve présentés par Babila, arguant qu’ils avaient été soumis hors du délai prévu par la loi.
Les débats clos, la défense a plaidé que le juge dispose de tous les éléments nécessaires, tant moraux que matériels et légaux, pour statuer dans ce dossier et ne laisser aucune chance au prévenu de s’en sortir. Me Saa Dissi Millimono a souligné que, malgré l’ampleur des préjudices causés, aucune somme d’argent ne pourrait laver l’honneur de son client. Il a donc demandé que Mamoudou Babila Keita soit condamné au paiement symbolique d’un franc à la partie civile, ainsi qu’à la suspension du site inquisiteur.net et de son administrateur pour une durée de trois mois à compter de l’expiration de la sanction de la HAC. Il a également demandé la publication de la décision du tribunal dans trois journaux locaux, les frais étant à la charge du prévenu.
Dans ses réquisitions, le procureur Ibrahima Kanfory Camara a estimé que l’administrateur général du site inquisiteur.net avait gravement porté atteinte à la dignité d’Alphonse Charles Wright dans son article. Pour lui, les faits de diffamation sont avérés, d’autant plus que le prévenu n’a pas été en mesure d’apporter de preuves étayant ses allégations, comme en témoigne également la sanction disciplinaire prononcée par la HAC contre Babila Keita.
En conséquence, le parquet a demandé que le prévenu soit maintenu sous accusation pour diffamation par voie de presse et condamné au paiement de 3 millions GNF, avec ordre de destruction de l’article incriminé.
Pour la défense de son client, Me Sidiki Bérété a plaidé qu’il n’existe aucune preuve matérielle autre que l’article incriminé. Il a également affirmé que cet article décrivait de manière claire la manière dont le marché de rénovation de la Maison Centrale de Conakry avait été attribué à des entreprises fictives en violation du code des marchés publics.
« La partie civile et le parquet n’ont qu’à apporter la preuve contraire des dénonciations faites par le journaliste. Ils doivent prouver que ces entreprises n’étaient pas fictives. »
À ces déclarations, Me Sidiki Bérété a plaidé en faveur de la relaxe pure et simple de son client pour absence d’infraction.
Interrogé par le juge pour sa propre défense, le journaliste Mamoudou Babila Keita a déclaré attendre que le juge dise le droit.
Ainsi, le juge Souleymane I Traoré a renvoyé l’affaire au 8 juillet prochain pour rendre sa décision.