Les supporters de Liverpool ne doivent pas trop se ronger le foie de cette victoire du Real, objectivité et subjectivité obligent. Tout match de football comporte des paramètres qui ne tiennent absolument pas compte du feeling et du penchant des observateurs. Le parcours des deux finalistes et les réalités du terrain en disent assez long. Liverpool n’avait aucune chance de remporter cette finale. Tout son jeu se reposait sur Mohamed Salah, un buteur fragile qui n’a pas su ou pu retirer son bras de l’aisselle de Ramos pour subir cette prise de judo déboîtant, mais que l’arbitre n’ait pas daigné sanctionner la faute, ne serait-ce que par un carton jaune, puisque le ceinturage l’est et la tenue par la main d’un adversaire pour l’empêcher de jouer l’est encore plus, et la faute était manifeste. C’est le seul bémol qu’on puisse relever.
La blessure de Salah, si elle est un argument de la défaite, elle n’est pas une excuse fondamentale comme celle de Robben et de Boateng dans les victoires du Real. Les blessures et accidents sont les aléas du jeu. Par contre, les deux fautes du gardien de but de Liverpool – une faute de relance de la main et une faute de mains sur un tir vrillant de Bale-sont inadmissibles. Le jeu eût été plus palpitant et plus beau.
De là, une question se pose : on revoit encore Titi Camara écopé d’un carton jaune quand dans un match contre le Burkina Faso lors de la CAN de 1998, à Ouagadougou. L’avant-centre guinéen avait chipé la balle au gardien qui voulait la dégager sans la faire rebondir. Peut-être que les règlements ont changé, puisque Benzema a intercepté une relance de la main du gardien de Liverpool, il n’a pas reçu de carton, mieux, son but a été validé. Hormis ce quiproquo, si c’en est un, les 2 buts de Gareth Bale sont indiscutables, tant par leur beauté que par leur limpidité. Kémoko Camara, le portier guinéen, se souviendra de cette frappe à ras de terre de Mahamoudou Diarra, le Malien, qui avait aussi vrillé dans ses gants, lors de la CAN 2006.
Ainsi, le Real méritait largement la victoire pour la consécration de Zinedine Zidane, sans le coaching gagnant duquel, cette victoire eût été problématique. On insiste sur le coaching car, la forme de Gareth Bale par rapport à Isco n’était pas évidente, la rumeur dit d’ailleurs qu’il était sur le point de partir du Real. Est-il toujours sur le marché des transferts ?
La griffe Zidane après une, deux, trois coupes consécutives, ne permet plus de doute, par contre, c’est sur la forme et l’avenir de Cristiano Ronaldo que la question se pose. Depuis les demi-finales, le meilleur des meilleurs est muet devant les défenses adverses et on remarque que Benzema commence à oser plus prendre ses responsabilités. Ronaldo serait en fin de carrière si brusquement ? Avec la venue prochaine de Neymar, à cette allure, Ronaldo sera poussé vers le départ, et ce serait un cruel destin pour un champion et un athlète hors pair de se voir has been en activité. A chaque match que Ronaldo ne marquera pas dans l’avenir sera pour lui une déprime supplémentaire. On a vu son sourire crispé et ses rires jaunes, même avec la coupe en main. Maintenant que les défenses savent par quel bout le tenir, sa descente aux Enfers est amorcée. Saura-t-il se relever ?