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Ces témoignages saisissants d’un jeune attaqué sur les parties génitales au gaz lacrymogène  

Les manifestations politiques sont souvent emmaillées de violences. Celles-ci peuvent être provoquées parfois soit, par des forces de l’ordre contre les manifestants, en d’autres fois, c’est l’inverse qui se produit. Dans l’un ou l’autre cas, elles se soldent par des victimes dont certaines sont quelquefois des innocents. C’est le cas de Mangué Camara qui a failli trouver la mort lors des manifestations interdites du FNDC dissous le 17 août dernier.

En effet, ce jeune maçon de la trentaine a reçu ce jour un violent coup de gaz lacrymogène au niveau de ses parties intimes. Aujourd’hui, Mangué Camara est totalement immobilisé à la maison, interdit de tout exercice ou mouvement physique. Rencontré ce mardi par Guinéenews, le jeune maçon, dans son lit de malade, livre ses témoignages sur son odyssée :

« Il était environ 13 heures ce 17 août lorsque je quittais le travail pour rejoindre mon domicile. C’est sur le chemin de retour que j’ai pris un gaz lacrymogène au niveau de mes parties génitales. Faut de moyen de déplacement, j’ai marché seul pour rentrer à la maison. Je ne portais sur moi que mon sac de matériel. Au niveau du camp-carrefour, précisément entre Cosa et Bomboli, je suis tombé sur un groupe de gendarmes et de policiers qui y étaient postés. Un d’entre eux m’a appelé et m’a dit : « c’est vous qui jeté les pierres sur nous ici. » J’ai répondu, « non » et que je suis plutôt un maçon. Je lui ai précisé que je quitte le travail pour la maison tout en lui montrant les traces de ciments sur mes mains.

L’agent me rétorque : « c’est faux » et il m’a donné des coups de matraque sur la tête et ses amis aussi sont venus se joindre à lui. Ils m’ont tabassé et m’ont traîné jusqu’à dans leur pickup. Entre-temps, leur commandant est venu me demander des explications. J’ai lui ai dit que je quittais le travail et je n’étais pas un manifestant. Et au-delà, je traîne une maladie qui m’empêche de faire ça. Je travaille pour pouvoir me soigner. Ensuite, j’ai descendu mon pantalon pour lui montrer l’hémorroïde qui n’était pas totalement rentré. C’est en ce moment qu’un des agents a chargé le gaz lacrymogène et m’a tiré directement sur les testicules. Je suis tombé. Et dès qu’ils ont vu que je saigne de partout et que le scrotum ou bourse, c’est-à-dire la peau qui enveloppe les testicules est apparu déchiré, ils se sont tous éloignés de moi et j’ai essayé de fuir avec un testicule (couille) qui restait de peu seulement pour tomber. Je l’ai attrapé dans mon pantalon pour empêcher qu’il tombe avant d’arriver à la maison. Et sur le chemin de la maison, j’apparaissais aux yeux des gens que j’interpellais pour m’aider comme un agonissant qui allait, d’un moment à l’autre, passer de la vie à trépas. Finalement un motard a eu le courage de déposer jusqu’à côté de chez moi. Quand je suis rentré dans la cour, tout le monde a crié et mon jeune frère et un voisin m’ont conduit immédiatement dans une clinique.

 Je ne savais pas du tout qu’il y a une manifestation ce jour. Le mardi, on était sur un chantier qu’on devrait terminer le mercredi. Donc ce 17 août, je suis sorti très tôt pour aller au travail. Le sentier se trouvait à Simbaya-gare et on a travaillé jusqu’à 12 heures, l’heure à laquelle le ciment est fini. Je me suis dit que je dois rentrer chez moi. Et quand je suis sorti sur la route, on m’a dit qu’il n’y a même pas de circulation. C’est ainsi que je me suis retrouvé face à face avec les policiers et gendarmes qui m’ont brutalisé en attentant à ma vie. »

 En outre, par peur de perdre définitivement et irréversiblement ses testicules, l’infortuné jeune maçon, Ibrahima Mangué Camara, appelle à la générosité des personnes de bonne volonté. « Je demande de l’aide aux personnes de bonne volonté pour me secourir sinon je serais condamné à vivre pour le restant de ma vie, stérile. En tout, c’est mon médecin traitant qui tire la sonnette d’alarme », a-t-il interpellé en substance.

Faut-il par ailleurs, rappeler, que ce sont deux personnes qui ont perdu la vie lors de ces manifestations du 17 août organisées par le FNDC dissous.

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