L’on s’achemine inéluctablement vers l’élection du remplaçant de Me Salif Kébé, défunt président de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni), comme le voudrait les dispositions de cet Organe de gestion électoral (Oge). Aucun doute que tout va marcher comme sur des roulettes, au bon vouloir du prince.
Les réserves émises par le Barreau de Guinée et l’opposition sur les couacs entourant la nomination de Mamadi 3 Kaba, au sein de l’institution, pour combler le vide créé par la disparition brutale de son président, n’ayant pas altéré l’ardeur de l’exécutif. Un exécutif qui demeure le maître du jeu politique, dans un système dont la perversion saute aux yeux.
Mamadi 3 Kaba a prêté serment ce vendredi, malgré la saisine de la Cour suprême par le Barreau, qui conteste la légalité de sa cooptation.
Cet activiste de la société civile retient dorénavant toutes les attentions, car étant le probable successeur de Me Kébé, à cause de son pedigree. Il faut rappeler d’ailleurs que l’homme s’était révélé au monde politique, dans le cadre du toilettage du fichier électoral.
Une opération dont il avait eu la charge de piloter sans anicroche, à l’époque, puisque ses supposés liens avec le pouvoir n’était pas apparus au grand jour.
Ce qui n’est plus le cas aujourd’hui, depuis la récente nomination de Mamadi 3 Kaba au poste de directeur de cabinet du président de l’Assemblée nationale, l’honorable Amadou Damaro Camara. Une promotion qui continue de nourrir les soupçons sur sa neutralité.
D’où tout ce branle-bas dans les rangs de l’opposition qui voit en lui un pion du parti au pouvoir. L’opposition y va de son couplet, en l’accusant d’avoir pour mission éventuelle de servir les intérêts de l’exécutif. Quand on sait que la Ceni a toujours été perçu à tort ou à raison comme un instrument aux mains du pouvoir.
A cette allure, Mamady 3 qui était considéré jusque-là par bien des gens comme un ingénu, qui n’a rien d’un fier-à-bras, comme on en voit tant dans le landerneau, risque de passer au laminoir. A moins que derrière sa froideur se cache l’âme d’un bretteur.
En tout état de cause, en acceptant cette compromission avec les politiques, le président de l’ONG Observateurs citoyens de défense de la république (Ocdr), membre du Conseil national des organisations de la société civile de guinée (Cnoscg) se retrouve sur le fil du rasoir.
En effet, il aura beau bénéficier des prévenances du pouvoir, M3 n’échappera pas à la brutalité du monde politique. Où ce sont généralement les plus coriaces qui tirent leurs marrons du feu.
Lors de sa prestation de serment, le nouveau commissaire a certes promis d’être ‘’indépendant, neutre, transparent et impartial’’, dans sa mission. Mais des sermons équivoques, nos cadres nous en servent à foison. Qu’est-ce qui nous dit que Mamadi 3 Kaba sortira des sentiers battus.
Il ne faut pas aller vite en besogne, en le prenant au mot. Il sera simplement jugé à l’aune de ses actes.
Attendons donc de voir quelle tambouille, M3 servira aux Guinéens, si jamais il parvenait aux commandes de cette Ceni qui traine un vice congénital.
C’est dire que son passage au sein de cet Oge ne sera pas un long fleuve tranquille. D’autant que l’a priori défavorable de l’opposition à son encontre pourrait constituer pour lui un boulet, qu’il risque de trainer tout au long de son mandat.
Quant au changement tant espéré dans le fonctionnement de la Ceni par les opposants, il y a loin de la coupe aux lèvres. C’est comme si on avait à faire à une arlésienne.