De nombreuses villes de l’intérieur du pays notamment Siguiri, Kankan et N’Zérékoré, ont connu ces derniers jours des situations tendues entre boulangers et autorités locales. Une crise liée à l’augmentation du prix de la baguette de pain a conduit à l’arrestation de plusieurs boulangers.
En marge de l’assemblée générale virtuelle de l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG) ce 3 avril 2021, Cellou Dalein Diallo a accusé le président Alpha Condé d’ignorer la formation des prix dans une économie.
Le président de l’UFDG a rappelé les crises dans lesquelles vivent les Guinéens actuellement, mais, regrette-t-il, c’est pendant cette période qu’au lieu de venir en aide aux citoyens, le pouvoir aggrave la crise: « Alpha Condé n’est pas dans la réalité [….] Nous avons la crise économique très sérieuse. Alpha n’en a cure de la précarité, de la pauvreté extrême [dans laquelle vivent les Guinéens]. Il faut augmenter les impôts, augmenter le prix du pain, augmenter le prix du carburant. Comment un homme raisonnable et responsable, lorsque que ta population est confrontée à une crise comme celle-là, peux-tu encore aggraver la misère et la précarité? Non seulement en augmentant toi-même les prix alors que l’ensemble des gouvernements du monde est en train de mettre des dispositifs pour assister les citoyens et les entreprises pour sortir de la crise, mais en plus, il prend d’assaut avec des bulldozers, tout matériel de terrassement, [pour casser] les abris des citoyens, les logements précaires, les petites boutiques à partir desquelles les gens tirent leurs revenus. On détruit ça avec zèle. Les gens demandent pourquoi tant de haine, de violences et de brutalités, pourquoi tant d’arrogance ? »
Revenant sur la crise du pain que connaissent certaines villes de l’intérieur du pays, Cellou Dalein dénonce l’arrestation des boulangers sous des prétextes « fallacieux ». Puis il accuse le pouvoir d’ignorer la formation des prix dans une économie : « Comme toutes les dictatures, notamment communistes, Alpha Condé ignore complètement la formation des prix dans une économie. On prend un arrêté, on oblige des gens à signer un protocole pour vendre le pain en dessous du prix de revient. Vous produisez le pain à 10, on vous engage à le vendre à 7. Mais les conséquences de telles pratiques sont connues. C’est la rareté du produit, le marché noir et la disparition du produit. Ce n’est pas comme ça qu’on aide les consommateurs. Et lorsque vous forcez pour vendre au prix de revient dans le marché noir, on vous arrête en vous accusant de complot contre le pouvoir. On vous enferme. Alors que l’Etat est outillé. Il y a une administration, il y a des ministères qui doivent savoir comment se forment les prix. Vous augmentez les taxes au cordon douanier, vous augmentez les taxes à la Direction nationale des Impôts. Vous savez à quel prix revient la farine. Vous savez à quel prix revient la levure. Vous connaissez tous les éléments qui entrent dans la fabrication du pain. Vous savez que le prix de revient c’est 10, vous décidez que les boulangers le vendent à 7, faute de quoi vous les arrêtez. Voilà la situation. »
Il rappelle qu’il ne revient pas au boulanger d’aider la population car ce n’est pas sa mission: « L’Etat aurait dû renoncer à ses taxes et mettre en place, à la limite, une subvention s’il tient coûte que coûte à ce que le consommateur accède à la baguette de pain au prix convenable, parce que le boulanger ne fait pas le pain pour nourrir la population. Ce n’est pas sa mission. Il fait du pain pour gagner une marge. S’il ne peut pas gagner cette marge il ne fera pas de main ou alors s’il le fait il va se cacher pour vendre au prix qui lui permet de rémunérer son travail et son capital. Mais le pouvoir ne charche pas à savoir. C’est le désordre partout. Aujourd’hui il y a des boulangers qui sont en prison parce qu’on estime qu’ils n’ont pas respecté le protocole d’accord signé avec le gouvernement ou un arrêté ou un décret d’Alpha Condé. »