Lors d’une conférence de presse qu’il a animée à Mamou le 12 octobre, Cellou Dalein Diallo a justifié sa décision de rebrousser chemin à Tokounou, dans la préfecture de Kankan. Si certains ont pensé que le président de l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG) a capitulé devant l’adversaire, Cellou dit avoir pris cette décision pour éviter des confrontations dont les victimes pourraient être des innocentes personnes.
« J’ai échangé avec le secrétaire général du RPG de la localité pour obtenir la levée du barrage pour que nous puissions continuer notre chemin. Il m’a dit qu’il ne contrôle pas ces jeunes parce qu’ils sont venus de Kankan avec la mission et les moyens de bloquer notre cortège. J’ai dû prendre une décision difficile, celle de rebrousser chemin parce que je ne voulais pas d’affrontements, je ne voulais pas de confrontations. Les jeunes étaient excités et devenaient de plus en plus nombreux. Ce n’est pas la peur. Lorsque nous étions arrivés, on aurait pu, avec mes hommes, forcer le barrage et passer », a-t-il expliqué.
Le président de l’UFDG a affirmé qu’il avait le soutien de nombreux jeunes de Kankan pour ses réalisations dans la région : « J’étais pressé de voir ces jeunes de Kankan qui avaient constitué des mouvements pour soutenir ma candidature dans la foulée de la mobilisation de la contestation pour l’électricité et pour rejeter Alpha Condé dont le bilan était considéré par eux comme insatisfaisant. Ils considéraient qu’il n’a respecté aucun engagement pris à l’endroit de la région. Ces jeunes m’ont dit que les seules infrastructures dont dispose la région, c’est celles que j’avais pu réaliser sous la direction du Général Lansana Conté. La route Kouroussa-Kankan avec le pont sur le Niger à Yirikiri ; la route Kankan-Siguiri-Kourémalé avec le pont sur le Niger à Djélibakoro et le pont sur le Tinkisso à l’entrée de Siguiri. [Ils disent] qu’il n’y a pas eu un kilomètre de route après ça. Le barrage de Kobédou qui avait été promis à cor et cri n’a pas été réalisé. La ville n’avait pas d’électricité. »
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Sur le chemin du retour vers Mamou, le cortège de Cellou Dalein a été attaqué par des jeunes à Faranah. Des parebrises de certains véhicules ont été cassés ; des journalistes ont échappé de justesse à un lynchage.
Mais le candidat soutenu par l’Alliance nationale pour l’alternance démocratique (ANAD) dit comprendre les raisons de toutes ces situations : « […] A ce stade, il faut chercher de comprendre cet acharnement d’Alpha Condé contre moi. La première des choses, c’est que le succès de notre tournée en Forêt l’a ébranlé, l’a déstabilisé. L’accueil que ma candidature en Haute Guinée, à Kankan, à Siguiri et à Mandiana notamment a déstabilisé Alpha Condé. Et c’est pour ça qu’il a envoyé tous ses ministres dans la localité depuis des mois dire qu’il fallait d’abord effacer toute trace de l’UFDG à Kankan. »
Le RPG Arc-en-ciel s’est fendu un communiqué pour déplorer les événements de Tokounou puis a rappelé qu’avant, le Premier ministre a été attaqué à Labé et à Dalaba. Là aussi, Cellou Dalein apporte des précisions : « Je pense qu’ils ont voulu préparer cette ‘’réplique’’. L’Etat ne se venge pas, même si c’était le cas. Mais l’UFDG était étranger à ce qui était arrivé à Labé. On a fait une déclaration pour déplorer ces violences et inviter les autorités locales à tout mettre en œuvre pour identifier les auteurs de ces violences. N’empêche, le Premier ministre a pu faire son meeting. Et à Dalaba il a pu passer la nuit. On ne lui a pas interdit l’accès des localités. On ne peut pas dire qu’une partie de la Guinée appartient à un seul parti, un seul leader. La liberté de mouvement doit être garantie aux candidats et à tous les citoyens. »