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Cellou Dalein : « La résistance et la résilience sont les chemins qui nous mèneront au salut »

Ce samedi 10 novembre 2018, c’est un Cellou Dalein très en colère, meurtri par les derniers événements à Conakry, qui s’est présenté devant ses militants au siège de son parti, l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG). Pour une fois, Cellou Dalein a adressé à ses militants à l’occasion de l’Assemblée générale de son parti avec un discours écrit. Visiblement très ému, Cellou Dalein a fait savoir à ses partisans que seules la résistance et la résilience peuvent les mener au salut final. Plus loin, le président de l’UFDG soutient que les morts ne seront morts en vain, mais qu’ils ne seront non plus un prétexte « de nouvelles violences nourries par la vengeance ». Voici l’intégralité de cette intervention.

« Guinéens et guinéennes, mes chers compatriotes,

Cette première semaine de novembre 2018 sera parquée d’une pierre noire dans la lutte démocratique de notre pays, semaine de deuil et d’affection. Le seuil de 100 assassinats d’Alpha Condé a été franchi. 103 Guinéens arrachés à l’affection et à l’espoir de notre République. 103 enfants de notre Guinée dont la flamme est atteinte, éteinte dans le silence et l’indifférence d’Alpha Condé et de son gouvernement.

Je voudrais ici exprimer toute ma compassion, toute ma solidarité à toutes les familles victimes de ces lâches assassinats. Victimes de la barbarie, victimes de la folie, victimes de la félonie de ceux dont la mission est de protéger.  Je voudrais dire à chacune de ces familles que les crimes commis ne seront pas impunis dans ce monde ou dans l’autre. Le saigneur n’a pas de mémoire qui oublie. Il n’a pas de devoir qui faille. Un jour ou l’autre, il sévit et ceux qui auront été sur le chemin de l’injustice connaitront son juste châtiment.

Mes chers compatriotes

Nous avons tous vu ces images insoutenables, ces images qui flattent la terreur et flottent avec le sacrilège. Oui, la responsabilité de ces corps étendus sur l’asphalte de notre capitale incombe au président de la République. C’est à lui et à lui d’abord que revient la responsabilité de sauvegarder l’intégrité du peuple. Cette douleur qui nous a atteints tous est l’expression de son arrogance et de son irresponsabilité. Ne nous y trompons pas, il s’agit d’un  aveu de faiblesse et de son incapacité à trouver des réponses aux défis qui se posent quotidiennement aux Guinéens. L’incompétence et l’insouciance qui caractérisent Alpha Condé et son clan trouvent,  dans la violence, le seul moyen de répondre aux attentes du peuple. Les assassinats ciblés, les expéditions punitives, les pillages et les brimades sont les signes d’un pouvoir en échec.

Guinéennes et Guinéens, mes chers compatriotes

J’entends votre colère et votre souffrance étreinte par le sang indument versée de nos enfants. Croyez-moi, je partage vos tourments, vos peines, vos douleurs. C’est le lot des peuples qui combattent pour leurs droits et libertés face à un Etat réfractaires à toute contestation, nous n’avons pas d’autre choix que de résister. Nous restons mobilisés et déterminés parce que nous devons  honorer le sacrifice de toutes ces vies étouffées. A Zogota,  Galakpaye, Mandiana, Siguiri, Cosa, Bambeto, Hamdallaye, Wanindara, Cimenterie, chaque coût que n’importe, le prix de l’injustice est une nouvelle lumière qui éclaire le tunnel vers notre libération.  Se libérer des injustices qui  nous attrapent, se libérer des deuils qui nous étranglent, se libérer de la pauvreté qui nous assaille. La liberté, la fraternité, la prospérité, notre valeur cardinale qui nous porte par delà, ces sombres temps que nous imposent les gouvernants.  Résistance et résilience sont les chemins qui nous mèneront au salut. Nous ne devons céder à aucun fatalisme parce que c’est notre démission qui est le ferment du mépris d’Alpha Condé. Regardons-le en face, bien en face pour qu’il comprenne que le claque de notre combat ne peut pas sonner. Lui dire que chacune des injustices qu’il nous inflige est l’image qui fertilisera une nouvelle détermination.

Mes chers compatriotes

En ce qui me concerne, comme je l’ai dit récemment, s’il fallait donner ma vie pour notre pays, le sacrifice de mon âme ne serait pas trop grand. Ma vie ne représente pas grand-chose pour ne pas dire rien face au destin de notre pays.  Ma vie n’est pas plus sacrée que celle de ceux qui sont tombés sur le champ de bataille. En tout lieu et toute circonstance vous me trouverez devant pour porter l’étendard qui fera la fierté de tous ces jeunes assassinés. Et le destin de notre pays, notre destin, peuple de Guinée, ne saurait être négocié surtout pas face à un pouvoir qui a montré son mépris pour les revendications légitimes du peuple. Pour tous nos morts, nous réclamons justice, l’identification et la condamnation des commanditaires et des assassins. L’indemnisation des victimes ne saurait faire l’objet d’une quelconque compromission. L’impunité a assez duré.

Guinées, Guinéennes, mes chers compatriotes

Je voudrais une fois encore m’incliner pieusement devant l’âme des disparus et adresser mes plus sincères condoléances aux familles éplorées. Je m’engage ici solennellement que tous ces morts ne sauront pas vains, mais ils ne seront pas non plus le prétexte de nouvelles violences nourries par des désirs de vengeances qui en assureront  la fragilisation de notre tissu social. Notre pays ne basculera pas. Des affrontements souhaités par les prophètes de malheurs et des instigateurs de la haine n’auront pas raison de notre amour pour notre pays.  Ma volonté de préserver l’unité de notre Guinée, ma détermination à semer, à arroser les gains de la fraternité entre les fils de notre Guinée resteront inébranlable. C’est le sens de ma lutte politique.

Que Dieu bénisse la Guinée et les Guinéens

Je vous remercie.« 

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