Le président de l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG), Cellou Dalein Diallo a accusé ce samedi 31 mars, le président de la République Alpha Condé de vouloir se maintenir au pouvoir au-delà de ses deux mandats. C’est pourquoi, dit-il, il veut caporaliser toutes les institutions nationales.
A l’entame de ses propos, Cellou Dalein Diallo a dénoncé le meurtre de ses militants et le silence de la justice guinéenne face à ces crimes. Parlant des récents événements à Conakry, il a ouvertement accusé l’escadron mobile de la gendarmerie de Wanindara d’avoir organisé un carnage contre les citoyens dudit quartier le 14 mars dernier.
« Ce sont les agents de l’ECO5 de la gendarmerie qui, soi-disant, pour venger le gendarme Yansané, sont allés se livrer à un carnage à Wanindara. Est-ce qu’on leur a demandé des comptes, alors qu’ils sont là pour assurer la sécurité des gens ? Ceux-ci ont été abattus », a-t-il accusé avant de revenir sur l’affaire Boubacar Diallo, connu sous le nom de «Grenade».
Pour rappel, ce dernier a été présenté par le Parquet de Conakry comme étant l’un de ceux qui tuent les militants de l’opposition lors des manifestations. Boubacar Diallo, «Grenade» était juste là, connu comme étant un militant de l’UFDG.
Pour le chef de file de l’opposition, le ministre de la Communication, Rachid N’Diaye a été envoyé en France pour « corrompre » des journalistes français. L’objectif visé, selon Cellou Dalein, c’est de faire accepter à l’opinion internationale que « ce sont les militants de l’UFDG qui s’entretuent».
« Ils ont commandité les crimes et aujourd’hui ils, ils veulent les attribuer à l’UFDG. Comment peut-on envisager une telle thèse et essayer de la défendre ? Ils envoient quelqu’un avec 60 mille euros, semble-t-il, pour corrompre des journalistes français pour qu’ils accréditent cette idée. Ils envoient quelqu’un pour chercher à rencontrer le président Macron pour faire admettre cette thèse. C’est que c’est la panique dans le camp de notre adversaire», a affirmé le chef de file de l’opposition qui estime que toutes « ces manœuvres » visent à permettre à Alpha Condé de se « maintenir » au pouvoir.
«Aujourd’hui, M. Alpha Condé a un agenda. C’est de se maintenir au pouvoir. Avant, c’était la démolition de l’UFDG. Il n’y a pas renoncé après avoir, pendant plus de sept ans, tout entrepris pour démolir notre parti. Ces arrestations arbitraires, plus de 3000 militants ont été arrêtés, jugés et condamnés parce qu’ils auraient participé à une manifestation interdite. Jamais quelqu’un n’a été arrêté parce qu’un militant de l’UFDG ou de l’opposition a été tué. Quelle justice», s’est-il étonné.
Dans son intervention, Cellou Dalein Diallo a également accusé le président de la République de vouloir ‘’caporaliser’’ les institutions républicaines : «Lorsque M. Cheick Sako est arrivé ici, je pense qu’il était venu avec un esprit républicain. J’ai encore en souvenir le sens de responsabilité, la probité avec lesquels il a dirigé le dialogue de 2014. Mais lorsqu’il a inscrit dans les résolutions l’engagement du gouvernement de mener des enquêtes, et que lui-même, comme c’est son domaine de compétence, qu’il mettrait en place un pool de cinq juges chargés de mener les enquêtes, Alpha Condé dit que s’il fait signer le relevé des conclusions, il partirait du gouvernement. Et depuis lors, intimidé, il a changé, il a abandonné les valeurs que nous admirions, que nous respections chez lui. […] Mamady Kaba, un jeune attaché aux valeurs de la République, qui aide à l’instauration d’un Etat de droit dans notre pays, on veut le liquider, le démettre de sa fonction. Parce que sa voix était la seule discordante dans nos institutions. Il faut le liquider et le remplacer par un béni oui-oui. C’est la même chose pour Kèlèfa Sall. Vous avez vu la résolution des autres pour dire qu’il est destitué, parce qu’il ne peut pas accepter de se soumettre. Or, pour Alpha Condé, il faut se soumettre ou se démettre… C’est soit tu te soumets ou on te démet. C’est ce qui arrive à Me. Sako et même Gassama, qui était à nos côtés pour défendre le respect des droits humains, l’arrêt des crimes, il a été aussi intimidé. C’est de temps en temps que vous l’entendez. Avec Alpha, ou on se soumet ou on se démet. On peut se démettre sans quitter. Lorsqu’on a renoncé à défendre les valeurs de la République. »
Cellou Dalein demande à ses militants de rester mobilisés pour continuer le combat. Pour protester contre les résultats des élections communales du 4 février, l’opposition organise simultanément deux marches le mardi 3 avril, notamment dans les communes de Dixinn et de Matoto.