Quatre militants de l’opposition dont une femme, ont rejoint leurs dernières demeures ce lundi 19 mars au cimetière de Bambéto, dans le carré réservé aux militants tués lors des manifestations politiques.
Boubacar Barry, Mamadou Saïdou Diallo et Mamadou Baïlo Diallo ont été tous tués par balles le mercredi 14 mars dernier. Ce jour là, la nuit, une balle a touché Mariam Bah dans le dos alors qu’elle vendait des brochettes de dindon à Hamdallaye. Elle a succombé de ses blessures le vendredi 16 mars à l’hôpital national Ignace Deen.
Après la prière mortuaire effectuée à la grande mosquée de Bambéto, les leaders de l’opposition et leurs militants ont accompagné les défunts dans leur dernière demeure. En voyant les corps passer, les femmes arrêtées le long du cortège funèbre, ont fondu en larmes. Lors de leurs manifestations pour exiger la justice pour les morts, elles ont souhaité que Boubacar Sidy Diallo, tué aussi par balle le 26 février, soit la dernière victime. Malheureusement, quatre autres ont subi les violences de forces de l’ordre.
Alors que les autres étaient en train d’inhumer ces victimes, d’autres jeunes exigent des parents de sortir aussi lors des manifestations parce que ce ne sont que les jeunes qui sortent et qui se font tuer. Alpha Boubacar Bah de la cellule de Communication de l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG) a invité les sages à sortir lors des prochaines manifestations.
« Vous nos parents imams, des El hadj, des maitres coraniques où êtes vous ? Où êtes vous pendant que vos enfants, vos petit-fils sont en train d’être tués ? Leurs biens sont en train d’êtres détruits ? Qu’attendez-vous ? Qui va vous enterrer si tous vos enfants sont morts ? Lors de la prochaine marche, nous attendons tous nos sages », a-t-il invité.
Prenant la parole, Cellou Dalein Diallo a demandé à ses militants de continuer la lutte et de ne jamais céder à l’intimidation : «il faut que vous vous armiez du courage. Il pense qu’il va nous intimider. Il ne va pas nous intimider jusqu’à ce que notre pays soit libéré, jusqu’à ce que le pays soit un pays où les principes démocratiques et les droits de l’homme sont respectés.»
Revenant sur le cas de Boubacar Barry, qui aurait été sorti de la morgue d’Ignace Deen, le chef de file de l’opposition affirme qu’en le faisant, Alpha Condé « a commis un péché qui va l’emporter » . « Lorsqu’on a ôté la vie à un citoyen, on a violé son droit le plus important. Pourquoi ce silence ? Pourquoi cette indifférence d’Alpha Condé, de son gouvernement et de sa justice ? Comment peut-on expliquer cela ? C’est par la haine ? Comment peut-on expliquer qu’on extrait de la chambre froide le corps de Boubacar Barry ? Un mort ? Mais c’est ce hakkè (péché, ndlr) qui va emporter Alpha Condé. On ne doit pas faire la guerre à un mort. »
Plus loin, il demande la mise en place d’une commission internationale d’enquête sur « l’assassinat » des 94 militants de l’opposition depuis le 3 avril 2011 : « Pour la conduite des enquêtes afin d’identifier les auteurs et commanditaires des crimes nous demandons la constitution d’une enquête internationale, pour livrer des conclusions indépendantes, parce que ceux qui en ont la charge au sein de la République sont incapables de le faire. Car, ils ne l’ont jamais fait. »
Pour finir, le président de l’UFDG a demandé à tous de rester à la maison ce mardi 20 mars pour observer le deuil de ces victimes.