Dans un rapport intitulé «Désamorcer la crise politique en Guinée», le Centre d’études stratégiques de l’Afrique (CESA), qui est une structure du Département de la Défense des Etats-Unis, a demandé des « sanctions ciblées » contre des responsables guinéens. Cette demande fait suite à de nombreuses violations des droits de l’homme en Guinée en marge des élections législatives et référendaire. Le CESA va jusqu’à demander aux organisations internationales de retirer à la Guinée sa qualité de membre et de ne pas reconnaitre le double scrutin du 22 mars 2020. Voilà une situation qui peut bien embarrasser les autorités guinéennes, même si elles ont le soutien de la Chine, de la Turquie et de la Fédération de Russie. Interrogé sur la publication d’un tel rapport, Cellou Dalein Diallo, président de l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG), principal parti de l’opposition, se dit réconforté. Car, selon lui, le combat que mène le Front national pour la défense de la Constitution (FNDC) depuis avril 2019 trouve sa justification dans ce rapport du Think Thank américain. « Comme vous le savez, le Centre d’études stratégiques de l’Afrique (CESA) est un organisme du Département de la défense des États-Unis. Il est financé par le Congrès américain pour l’étude des problèmes de sécurité en Afrique qui englobent aussi bien le terrorisme que l’alternance démocratique. Sa pensée est importante compte tenu de la proximité avec l’Exécutif américain. C’est pour vous dire combien je suis, avec le FNDC, réconforté qu’un centre aussi influent porte les justifications de notre combat », a, d’entrée, expliqué à Guineenews©, Cellou Dalein Diallo. Les élections législatives et référendaire ont été organisées le 22 mars, soit 10 jours après l’enregistrement du premier cas du nouveau Coronavirus dans le pays. Pour le président de l’UFDG, ces élections ne devraient pas à cause de la menace sanitaire, mais aussi à cause du fait que ces élections n’étaient inclusives. C’est pourquoi, il soutient que les critiques de CESA sur le double scrutin du 22 mars corroborent avec la réalité de ce qui se passe en Guinée : « En effet, l’analyse du CESA, qui témoigne d’une parfaite connaissance de la situation guinéenne, critique avec pertinence le simulacre d’élections du 22 mars, les violences meurtrières qui l’ont entouré, son manque d’inclusivité, mais aussi son caractère inapproprié, puisque la pandémie du Covid-19 s’était annoncée. Il étend ses critiques sur la Constitution de parjure d’Alpha Condé en mettant en exergue le recul des libertés et de la démocratie dont elle est porteuse. » L’Union européenne, au lendemain des élections du 22 mars, a déclaré que ce double scrutin n’est pas crédible. « Le caractère non inclusif et non consensuel de ces scrutins et du fichier électoral porte atteinte à la crédibilité de ces élections. L’absence d’observation régionale et internationale reconnue remet également en question la validité du processus », avait déclaré la porte-parole de l’Union européenne, Virginie BATTU-HENRIKSSON. Pour Cellou Dalein Diallo, le FNDC ne peut que se féliciter de ces différentes condamnations et demande à la CEDEAO d’être un peu plus dure avec Conakry : « Le FNDC se félicite de cette position forte comme il a salué celle de l’Union européenne qui était aussi sans ambiguïtés. La poursuite des arrestations dans le pays des responsables du FNDC avec la volonté de bâillonner toute voix dissonante au troisième mandat renforcent le bien-fondé de leurs positions. Nous espérons que la CEDEAO franchira un nouveau pas dans la condamnation de la situation politique qui prévaut en Guinée. » Plus loin, le président de l’UFDG affirme que ces différentes sorties de la communauté internationale constitue une alerte pour d’Alpha Condé et ses proches : « Dans cette préoccupation, la prise en compte des propositions de sanctions du CESA qui sont au demeurant les mêmes que celles que préconiserait l’UE en pareilles circonstances sonnerait comme une forte alerte pour Alpha Condé et ses affidés. » Pour conclure, il précise que les sanctions individuelles que préconisent l’UE et le CESA visent notamment à contraindre « les déplacements et les avoirs de ce clan qui fait tant mal à la Guinée et aux Guinéens. »