La compagnie de téléphonie mobile Cellcom avait des grandes difficultés financières, finalement son actionnaire principal américain a cédé toutes ses parts. L’opération a eu lieu il y’a deux mois, sans tambour ni trompette, et le nouvel acquéreur s’appelle Mohamed Diallo, dirigeant de la Société Nobel et fils du milliardaire guinéen Alpha Amadou Diallo, PDG du Groupe SCF (Nissan, Yamaha, Négoces, banques et assurances), avons nous appris de plusieurs employés de Cellcom, de l’ARPT et des Télécoms.Depuis quelques semaines, le nouveau PDG de Cellcom Mohamed Diallo a nommé un nouveau Directeur Général Guy Rozemblum, un ancien de la boîte qui était devenu un transfuge dans la vente d’internet dans une autre société. Rozemblum a pris fonction et l’ancien staff dirigeant a déjà quitté les locaux de Cellcom, nous informe-t-on.
Ainsi, s’il faut se réjouir que Cellcom soit devenue une société entièrement détenue par des Guinéens, à savoir Mohamed Diallo, les héritiers de feu Almamy Ismaël Bangoura et Laye Sidibé (Wassaba Sport/Empereur du Wassolon), il y’ a néanmoins des zones d’ombre inquiétantes autour de cette cession.
D’abord, l’opération de vente et son montant ne semblent pas être officiellement connus. En tout cas, le ministre des télécommunications Ousmane Gaoual Diallo nous jure qu’il n’est pas au courant. « Le Ministère des Télécommunications n’est pas informé et n’a pas été associé au cas où ce serait réel », nous a-t-il répondu.
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Nous avons posé la même question à la Direction de l’Autorité de Régulation des Postes et Télécommunications (ARPT), notre questionnaire est resté sans réponse.
Or, les conventions qui lient l’Etat guinéen aux compagnies de téléphonie mobile obligent ces dernières d’avoir l’aval de l’Etat avant toute vente d’action. Pour n’avoir pas respecté cette disposition légale, l’Etat guinéen avait mis sous tutelle en 2011 MTN et lui avait infligé une pénalité de 15 millions de dollars, lorsqu’Areeba avait vendu en mai 2006 ses parts à MTN, sans en informer le gouvernement. Mieux, lorsque feu Almamy Ismaël Bangoura était entré dans le capital de Cellcom en janvier 2015, c’était avec l’aval de l’ARPT.
Ensuite, Cellcom est criblée de dettes. La société doit plus de 20 millions de dollars à l’Etat guinéen pour des arriérés de redevances, de taxes et d’impôts. Ses licences 2G, 3G sont expirées depuis quatre ans, faute de paiement. Cellcom doit également près de 27 millions de dollars contractés avec la banque cairote Afreximbank.
Enfin, Mohamed Diallo, le nouvel acquéreur qui connaît bien le secteur des télécommunications pour en être le plus grand distributeur peut-il acheter des actions à des millions de dollars, sans la moindre garantie de l’Etat d’avoir le renouvellement de ses licences 2G et 3G, sans savoir à quel coût l’Etat lui donnera la licence 4G et quel sort l’Etat compte réserver aux énormes dettes de Cellcom ?