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Célébration du 75eme anniversaire de l’indépendance de l’Inde

La Linguistique

LE PAYSAGE DE L’INDE

L’Inde est un pays qui compte environ 500 langues différentes, dont la majorité est encore utilisée aujourd’hui.  Sonal Kulkarni-Joshi, Professeur de Linguistique à Pune, Inde, parle de leur diversité et retrace leurs liens anciens avec le monde.

Visiteurs à côté de la reproduction d’une ancienne dalle de pierre portant une inscription en sanskrit, marquant le stand de l’Inde à la Foire du livre de Francfort 2006.

La société, la culture, l’histoire et la politique de l’Inde ont été continuellement façonnées par la multiplicité de ses langues. Alors, combien de langues sont parlées en Inde.

Le pays abrite des locuteurs d’environ 461 langues. Parmi celles-ci, 447 sont activement utilisées dans la communication quotidienne, tandis que 14 sont éteintes – elles ne répondent plus à aucun besoin de communication.

Parmi celles-ci, 121 langues comptent plus de 10 000 locuteurs et 22 d’entre elles sont officiellement reconnues par la Constitution indienne. Il s’agit de l’assamais, du bengali, du bodo, du dogri, du gujarati, de l’hindi, du kannada, du Kashmiri, du Konkani, du Malayalam, du Manipuri, du Marathi, du Maithili, du Népali, de l’Odia, du Punjabi, du Sanskrit, du Santali, du Sindhi, du Tamil, du Telugu et de l’Urdu.

Ces langues sont appelées « langues répertoriées » et, selon le recensement national effectué en 2011, 96,72 % des Indiens ont l’une de ces langues comme langue maternelle. L’hindi est parlé par une majorité de la population indienne (26,6 %), suivi du bangla (7,94 %), du marathi (6,84 %) et du Telugu (6,68 %).

Parmi les langues répertoriées, l’hindi est reconnu comme la langue officielle nationale ; l’anglais est utilisé au niveau national comme une langue officielle subsidiaire.

Après l’indépendance, plusieurs États indiens ont suivi la ligne linguistique, en faisant de la langue parlée par le plus grand nombre de personnes son outil de communication officiel : Le marathi au Maharashtra, le bangla au Bengale occidental, le kannada au Karnataka, etc. L’hindi et les autres langues répertoriées sont également utilisées comme langues officielles dans les États – elles sont utilisées dans l’administration et l’éducation régionales. Ainsi, contrairement à de nombreux pays monolingues qui ont une seule langue officielle (par exemple le japonais au Japon, le français en France, etc.), il n’existe pas de langue « indienne » unique.

L’énumération des langues en Inde pose un défi unique, en grande partie à cause de la distinction floue entre langue et dialecte.

“CHAQUE LANGUE A SA PROPRE SIGNIFICATION, SON CARACTÈRE SACRÉ. L’INDE EST TRÈS FIÈRE DU FAIT QUE LE TAMIL EST LA PLUS ANCIENNE DES LANGUES DU MONDE. NOUS, LES INDIENS, SOMMES ÉGALEMENT FIERS DU FAIT QUE, DE L’ÉPOQUE VÉDIQUE À NOS JOURS, LE SANSKRIT A JOUÉ UN RÔLE DE PREMIER PLAN DANS LA DIFFUSION UNIVERSELLE DE LA CONNAISSANCE ‘’.

Narendra Modi

Premier ministre de l’Inde

L’hindi et l’ourdou sont considérés comme des langues distinctes malgré leurs très fortes similitudes linguistiques entre elles, tout comme le marathi et le konkani. Les dialectes tangkhul parlés dans l’État de Manipur ne sont pas tous mutuellement intelligibles, mais les locuteurs considèrent ces variétés comme constituant une seule et même langue. D’après le recensement de 2011, 43,6 % des personnes parlent l’hindi comme langue maternelle – ce qui inclut plus de 40 dialectes de l’hindi tels que l’angika, l’awadhi, le bagheli, le bhojpuri, le braj, le chhattisgarhi, etc. Une grande partie des Indiens utilisent leur multilinguisme pour indexer des identités multiples – locale, régionale, nationale, etc. et ainsi de suite. Très souvent, la connaissance de plusieurs langues s’acquiert non pas à l’école mais dans des quartiers multilingues. Par exemple, un enfant appartenant à une famille bengalie vivant à Mumbai conversera en bengali à la maison, parlera la langue locale, le marathi, avec ses voisins et ses amis, et sera capable de s’exprimer en anglais et l’hindi à l’école. Cette division linguistique est très caractéristique de la société indienne.

En Inde, la langue a une relation complexe avec l’écriture. Toutes les langues indiennes ne sont pas écrites, bien qu’elles aient une riche tradition orale construite sur de nombreuses années.

LES FAMILLES LINGUISTIQUES

Les langues portent la signature des diverses ascendances des peuples de la terre. Ainsi, à l’instar des peuples, les langues peuvent être classées en plusieurs « familles » en fonction de leurs similitudes généalogiques. Les principales familles linguistiques de l’Inde sont les suivantes : Indo-Aryen – cette famille comprend les principales langues telles que l’hindi, le punjabi, le népali, le Marathi, l’Oriya, le Bangla et l’Axomiya, ainsi que des langues tribales comme le Bhili et le Katkari. Ces langues descendent de la langue classique sanskrite par l’intermédiaire des prakrits.

À l’heure actuelle, les locuteurs de cette famille linguistique se sont répandus du nord-ouest de l’Inde au nord-est de l’Inde, occupant les plaines de l’Inde du Nord. La famille des langues dravidiennes comprend quatre grandes langues littéraires majeures du sud de l’Inde – le Tamil, le Malayalam, le Kannada et le Telugu – ainsi qu’un certain nombre de langues tribales comme le Toda dans les collines de Nilgiri et le Gondi dans le centre du pays. La famille des langues Daic dans l’Arunachal Pradesh et en Assam et la famille des langues andamanaises dans les îles Andaman sont deux groupes généalogiques plus petits dans le pays.

LES LIENS MONDIAUX

Il est intéressant de noter que tous ces groupes linguistiques Indiens ont des ancêtres communs avec des langues d’autres régions du monde : Les langues Indo-Aryan sont historiquement liées aux langues d’Europe, qui étaient dérivées du Latin et du Grec. Ainsi, le Bangla, l’Hindi, le Persian, l’Anglais, l’Allemand et le Néerlandais sont tous des cousins éloignés. Les langues Munda ou Austro-Asiatiques sont génétiquement liées aux langues du Vietnam et du Cambodge, tandis que les langues Tibéto-Birmanes sont apparentées aux langues parlées au Népal, au Myanmar, au Bhoutan et en Chine. Le groupe Munda des langues Austro-Asiatiques comprend le Santali, le Mundari, le Ho et quelques autres langues tribales parlées en Inde centrale. La famille des langues Tibéto-Birmanes est représentée par des langues telles que le Manipuri, le Bodo et près d’une centaine d’autres langues tribales parlées dans le nord-est de l’Inde. On dit que les locuteurs des différentes familles de langues sont arrivés sur le sous-continent Indien à différentes époques de l’histoire ; les ancêtres des locuteurs de la grande langue Andamanese y appartenaient, peut-être, à la première migration des humains de l’Afrique vers l’Asie du Sud et du Sud-Est.

LE MOT ÉCRIT

En Inde, la langue a une relation complexe avec l’écriture. Toutes les langues indiennes ne sont pas écrites, bien qu’elles aient une riche tradition orale. Le développement de l’écriture est associé principalement à la tenue d’archives commerciales plutôt qu’à une activité religieuse ou sociale. Les écritures utilisées aujourd’hui pour écrire toutes les langues indiennes sont principalement dérivées de l’écriture Brahmi. Le Devanagari ou Nagari, son dérivé moderne, est utilisé pour écrire l’hindi, le Marathi, le Konkani et le Sanskrit. La récitation du système Devanagari suit un ordre phonétique dans lequel les voyelles précèdent les consonnes. Les symboles du système d’écriture sont ordonnés de manière à ce que les sons produits à l’arrière de la cavité buccale (ka, kha, ga, gha) soient suivis de ceux produits progressivement à l’avant de la cavité buccale (cha, chha, ja, jha et pa, pha, ba, bha).

Une autre caractéristique du système d’écriture est que la voyelle est intrinsèquement présente dans le symbole de la consonne. Des écritures locales ont été conçues et adoptées pour certaines langues – par exemple, Ol Chiki pour le Santali dans le Jharkhand, le Bengale occidental et l’Odisha ; Kaithi et Tirhuta pour le Maithili.

Certaines langues indiennes s’écrivent dans plus d’une écriture – Devanagari et Perso-Arabe pour le Sindhi ; Devanagari, Malayalam, Kannada, Perso-Arabe et Romain pour le Konkani.

Indépendamment de leurs origines diverses, les locuteurs des différentes langues indiennes ne vivent pas dans l’isolement. Au cours des millénaires, ils se sont mélangés pour des raisons sociales, économiques et autres. Au cours de ce processus, leurs langues se sont enrichies de mots et de constructions provenant des langues environnantes. Ces processus d’assimilation et de convergence définissent l’Indianité de la multitude de langues, soulignant l’unité qui sous-tend la diversité linguistique du pays.

Ode aux langues indiennes

L’Hindi est la troisième langue la plus parlée dans le monde aujourd’hui, après l’Anglais et le Chinois Mandarin.

En termes de nombre de locuteurs natifs, l’Hindi, le Bengali et le Marathi se classent parmi les dix premières langues du monde.

Selon une étude publiée par l’UNESCO en 2010, l’Inde, avec 197 langues en danger, présente le taux de perte de langues le plus élevé au monde. 156 des langues indiennes 10 000 personnes et 93 de ces langues sont parlées dans les États du nord-est de l’Inde et au Jammu-et-Cachemire. L’année 2019 a été déclarée par les Nations unies « Année internationale des langues autochtones », avec la résolution de continuer à encourager les langues autochtones et de transmettre leurs connaissances aux générations futures.

Le Tamil et le Sanskrit sont les plus anciennes langues attestées en Inde. Les premiers documents en vieux Tamil comprennent quelques inscriptions rupestres (2e siècle avant J.-C.) et un long traité grammatical et poétique, le Tolkāppiyam (1er siècle avant J.-C.). La littérature Sangam, une collection de 2 381 poèmes, est l’œuvre littéraire la plus ancienne en vieux tamil.

Saviez-vous que ?

En Inde, l’étude des langues remonte au 4eme siècle avant Jésus-Christ. Le premier personnage historique à avoir étudié la langue est Panini, un érudit sanskrit.

Le Tamil est reconnu comme la plus ancienne langue vivante au monde.

Le plus ancien exemple de sanskrit remonte au deuxième siècle avant Jésus-Christ.

 

Courtoisie : Son Excellence. T.C. Barupal,

Ambassadeur Extraordinaire et

Plénipotentiaire de la République de l’Inde

en République de Guinée

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