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Cathérine Tinkiano, tisserande: «je demande à l’Etat de lutter sans relâche contre la contrefaçon…»

De plus en plus les Guinéens notamment les autorités au plus haut niveau, affirment un goût poussé pour les pagnes traditionnels produits par nos artisans. Ce qui constitue d’ailleurs une opportunité inouïe pour ces braves hommes et femmes qui évoluent aujourd’hui dans ce secteur un peu partout en Guinée. A Kissidougou -une localité située au sud-est, à plus de 600km de la capitale Conakry- votre quotidien électronique, Guinéenews est allé à la rencontre d’une des pionnières de cette filière de l’artisanat local. Il s’agit de Cathérine Tinkiano, spécialisée dans la filature et qui est très active dans la teinture ou la saponification. Cet entretien qu’il nous a accordé, elle parle du tissage du tissus ‘’Kissiamo’’, sa symbolique, ses valeurs dans nos sociétés traditionnelles du Kissia, les difficultés auxquelles les tisserands sont confrontés, l’impact négatif de la contrefaçon… Lisez plutôt !

 

Guinéenews : présentez-vous à nos lecteurs ?

Cathérine Tinkiano : je m’appelle Cathérine Tinkiano. Je suis spécialisée dans la filature et je suis la présidente du groupement « Sideyé » des femmes qui s’occupent de la filature à Kissidougou. En plus de la filature, je suis également impliquée dans le tissage, la teinture et la saponification.

Guinéenews : nous vous avons vu en train de tisser pour faire des pagnes artisanaux. Êtes-vous la seule à pratiquer ce métier à Kissidougou ?

Cathérine Tinkiano : dans la commune urbaine de Kissidougou, je suis la seule à tisser les tissus « kissiamo ». Cependant, j’ai quelques apprenties ici.

Guinéenews : parlez-nous des difficultés que vous rencontrez ?

Cathérine Tinkiano : tout d’abord, l’acquisition de coton est très difficile. Le coton est extrêmement cher et je suis même contrainte de cultiver un petit champ de coton. De plus, l’élément appelé « Karada » est presque introuvable. Ensuite, il y a un manque de tisserands. Enfin, les ressources financières sont très limitées. J’ai pu obtenir un bâtiment qui abrite notre atelier et les équipements grâce à un financement de 50 millions de francs guinéens du gouvernement du colonel Mamady Doumbouya.

Guineenews : qu’en est-il de la valorisation des pagnes traditionnels qui sont actuellement confrontés à la contrefaçon ?

Cathérine Tinkiano : tout d’abord, nous étions oubliées. C’est grâce à ce financement que j’ai commencé à être reconnue à l’échelle nationale et internationale. J’ai participé à plus de quatre festivals au Burkina Faso. C’est grâce à ce financement que nous avons gagné de nouveaux clients car, nous produisons davantage maintenant. Je constate que les membres du gouvernement portent des tissus traditionnels lors des conseils des ministres. C’est ainsi que nous pourrons valoriser nos tissus. Actuellement, au Burkina Faso, tout le monde s’habille en tenue traditionnelle. C’est très beau ! Je demande au gouvernement guinéen de lutter sans relâche contre la contrefaçon afin que nous, les tisserands locaux, puissions subsister et gagner notre vie.

Guinéenews : revenons à Kissidougou. Tout le monde aime porter des tissus traditionnels notamment des pagnes ‘’Forêt sacrée’’. Pouvez-vous nous parler de l’origine de ces tissus appelés « kolama kissio » ?

Cathérine Tinkiano : selon la tradition, les vêtements « kolama kissio » sont censés apporter la santé, la protection contre les mauvais sorts, et ils ont également une grande valeur. Auparavant, pour payer la dot lors d’un mariage, il fallait inclure des pagnes « kolama kissio ». Lors des cérémonies de « Kobiriya » au village, qui sont des cérémonies d’initiation, si vous ne portiez pas ces vêtements, vous ne pouviez pas y participer. Les chefs et les membres de leurs familles étaient toujours vêtus de « kolama kissio ».

Guinéenews : quel est votre message de fin ?

Cathérine Tinkiano : j’adresse un appel aux jeunes Guinéens pour qu’ils aiment leur coutume et leur culture. La culture guinéenne est très riche, mais souvent, nous préférons valoriser les cultures étrangères au détriment de la nôtre. Soyons comme les Burkinabés qui portent fièrement leurs vêtements traditionnels.

Entretien réalisé par Souleymane Taïré Diallo pour Guinéenews

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