Un grand branle-bas de combat est très perceptible dans les états-majors politiques guinéens depuis que Vincent Bolloré est dans le grappin de la justice française. Il est mis en examen mais il n’est pas inculpé encore. Ce qui signifie qu’il bénéficie de la présomption d’innocence.
Cela peut faire douter beaucoup en Afrique, vu la sulfureuse réputation de l’homme d’affaire et vu également la nébuleuse bagarre entre lui et NECOTRANS-GETMA en Guinée tranchée sèchement par Alpha Condé fraichement arrivé au pouvoir, en 2011.
En Guinée, un nouveau régime a toujours tendance à effacer tout du précédent, même les acquis. On a vu Dadis Camara en vouloir à tous les membres du gouvernement du général Lansana Conté. Pour le CNDD, tous les contrats signés précédemment sont sujets à la corruption. Pour Dadis, Cellou Dalein Diallo était la cible numéro un, mais sans preuve formelle, il s’était mis à tourner autour du pot, allant jusqu’à faire très peur au pauvre Pantchenko, à Termite Mara et à bien d’autres. Il avait même coopté Tibou Kamara dans le but de lui tirer le ver du nez pour avoir la peau de Cellou, en vain.
Dans l’affaire de TRANSCO-GETMA, une affaire fumeuse. Il faut dire qu’au temps de la gestion du port de Conakry par cette société, des choses pas catholiques se passaient à Conakry : Les tracteurs envoyés par Lansana Kouyaté, à moins qu’on ne confonde torchons et serviettes, étaient dépouillés jusqu’aux batteries, des pièces de monnaie du franc guinéen étaient dans des containers de ferrailles, du bois sortait frauduleusement alors que la coupe était interdite. Quant aux véhicules des importateurs, ils étaient dépouillés systématiquement. Le port était un centre de vol international. Tout le monde se plaignait, il n’y avait aucun recours. On disait encore que NECOTRANS et GETMA avaient promis d’étendre le terminal container, rien n’a été fait dans ce sens, la pollution de tous les environs du port était à déplorer.
Au milieu de tous ces griefs mis sur le compte de NECOTRANS et GETMA, survint le nom de Bolloré. En deux temps trois mouvements, Alpha Condé nouveau président rompt brutalement le contrat, expulse GETMA et NECOTRANS et octroie la gestion du port à son ami Bolloré, il ne s’en était même pas caché. En deux temps trois autres mouvements, Bolloré procède à l’extension du terminal conteneurs et multiplie des actes de bon samaritain en construisant des lieux de loisir Blue-zone. Du coup, toutes les taxes ont flambé pour faire crier les importateurs.
Marché de gré à gré, ça se disait. Corruption, il est évident qu’avec un tel marché, les dessous de tables sont inévitables. Mais peut-on dire que GETMA et NECOTRANS n’ont pas usé de la même corruption pour avoir le même marché ? C’était aussi inévitable. Entre corrupteurs paresseux et fainéants et corrupteurs qui matérialise des choses visibles, sans arrière sensée partisane ou idée de faire l’avocat du diable, lequel préfèrent les Guinéens ?
Ce qu’il faut ajouter pour donner une autre idée, on apprend que NECOTRANS est tombée à plat ventre en faillite et a été liquidée en 2017; dans une faillite continue de faire se chamailler ses anciens membres. Son ancien DG a porté plainte pour une somme de 1,5 millions d’euros…
De là, la question doit être posée à tête froide pour savoir si Alpha Condé avait raison ou pas de prendre à NECOTRANS et GETMA ce qu’il a donné à son ami Bolloré.