L’année 2022 a été marquée par des efforts accrus dans la lutte contre la Covid19 et la mise en place de nombreuses réformes en vue d’assainir le système sanitaire guinéen. A travers une lutte engagée contre la vente des faux médicaments. Le tout sur fond d’initiatives portant sur la construction et la rénovation d’infrastructures sanitaires.
L’année 2022 s’est achevée sur une note de satisfaction en ce qui concerne la lutte contre la covid-19 en Guinée. En attendant la fin officielle de la pandémie, notre pays peut se frotter les mains avec une couverture vaccinale remarquable dans la sous-région ouest africaine, à en croire les autorités, selon lesquelles il arrive en première position des pays de l’Afrique de l’Ouest en termes de couverture vaccinale contre la COVID-19.
Durant l’année en cours, selon Dr Mamadou Pethè Diallo, lors d’une conférence animée à l’occasion de sa 1ère année à la tête du ministère de la Santé, «le taux de couverture vaccinale est passé à près de 28,9% pour l’ensemble de la population éligible. Certes légèrement en deçà de l’objectif fixé par l’OMS à savoir 30% pour les personnes éligibles, mais c’est le premier pays de la région de l’Afrique de l’Ouest a réalisé ce score en termes de couverture vaccinale. Cela, grâce à la mise en place d’une nouvelle stratégie qu’on appelle routinisation de la vaccination contre la COVID-19 », informe-t-il.
Des chiffres qui vont dans le sens de confirmer une tendance annoncée en mars dernier, à l’occasion de l’an 1 du lancement de la vaccination en Guinée. « Malgré les difficultés majeures liées à l’approvisionnement en vaccins, la Guinée a consenti d’importants efforts pour accroître l’adhésion à la vaccination, y compris en augmentant le nombre de sites de vaccinations, en s’assurant d’une utilisation efficace des stocks disponibles, en mobilisant les communautés et en répondant aux doutes et à la désinformation », selon le site l’OMS qui rapporte les propos Dr MANENGU Casimir, Représentant Résident par intérim de l’institution en Guinée.
Raison pour laquelle, «l’OMS félicite le leadership et l’engagement des hautes autorités de la Guinée pour les efforts consentis dans l’amélioration de la vaccination et assure de continuer à appuyer le Gouvernement et ses partenaires pour atteindre les objectifs fixés», ajoute la même source. Avant de citer le Secrétaire général du Ministère de la Santé et de l’Hygiène publique, le Dr Mohamed Lamine YANSANE qui déclarait par la même circonstance que «nous sommes actuellement en pleine campagne d’accélération de la vaccination et nous espérons qu’au cours de ce deuxième tour, le taux de vaccination contre la COVID-19 va être porté autour de 30 % de la population avant la fin de ce premier semestre ».
Inauguration de l’hôpital Donka
Côté réalisations, le gros lot porte sur la réhabilitation de l’hôpital Donka, en Chantier depuis 7 ans. Avec la lutte contre les cliniques clandestines et la vente des médicaments par les non professionnels, la victoire contre la COVID-19 et le lancement du projet de construction d’hôpitaux régionaux et plusieurs centres d’hémodialyse.
Mais disons-le encore, de toutes ces réalisations, la finalisation du projet de rénovation et de mise à disposition de l’hôpital Donka en cours depuis plusieurs années, reste sans doute l’un des plus grands défis relevés par le ministère de la Santé en 2022.
Pour rappel, à sa prise de fonction, il a été instruit au ministre Mamadou Péthé Diallo par le président de la transition, de terminer le projet de Donka en l’espace de 6 mois. Effectivement, en 7 mois de travaux, le ministre et ses équipes ont réussi a inauguré cet hôpital fermé depuis 7 ans. La cérémonie inaugurale de l’hôpital a été présidée par le Président de la transition, le mercredi 17 août 2022. Même si par endroit nous avons enregistré des incompréhensions entre les anciens fonctionnaires de l’hôpital et les nouvelles autorités en charge du projet, avec en filigrane la peur pour les premiers de perdre leurs emplois.
Les travaux se sont par ailleurs soldés par une nette amélioration des installations de la plus grosse infrastructure sanitaire du pays. Le nombre de lit est passé de 510 à 631 lits dont 100 cabines d’un lit et 140 cabines de deux lits de chirurgie ; 324 lits de médecine ; 56 lits de gynéco-obstétrique ; 30 lits VIP ; 34 lits de réanimation chirurgicale et médicale ; 24 lits de soins intensifs ; 09 lits de réveil ; 12 lits d’observation aux urgences…
Lancée par le régime d’Alpha Condé, la rénovation de l’hôpital Donka a coûté 72 636 000 USD dont 12 106 000 USD issus du budget national. Les partenaires financiers étant le Fonds saoudien et la Banque islamique de développement qui ont contribué respectivement à hauteur de 32 000 000 USD et 28 530 000 USD.
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Ce qui permet d’avoir à ce jour un hôpital nettement amélioré en termes d’équipements modernes (technologie), mais pas encore totalement fonctionnel. Une sorte de goût d’inachevé qui ne semble pas entamer l’enthousiasme du ministre de la Santé et de l’Hygiène Publique. Mamadou Péthé Diallo promet que quand ce centre hospitalier sera entièrement fonctionnel, les patients trouveront à Donka les conditions d’accueil, d’offres de services, de respect et de courtoisie qu’ils sont en droit d’attendre de l’hôpital public qui appartient à tous les Guinéens.
Lutte contre les faux médicaments et cliniques clandestines
Dans le cadre également de l’amélioration de la santé publique, l’année 2022 a été mise à profit pour la mise en place de beaucoup de réformes, notamment dans le cadre de l’assainissement de ce secteur mal en point. C’est dans cette optique que le CNRD et son gouvernement, à travers le ministère de la Santé, ont engagé une guerre sans merci contre la vente des médicaments et autres produits pharmaceutiques par les non professionnels. Mais aussi contre des cliniques, des laboratoires d’analyse biomédicale, des centres d’imagerie médicale non agréés en Guinée. A cet effet, le procureur spécial près la Cour de répression des infractions économiques et financières (CRIEF), est entré dans la danse, via un communiqué diffusé sur les antennes de la RTG le 31 août 2022 et qui est entré en vigueur le 15 septembre 2022. S’en est suivi une vaste campagne de sensibilisation sur la nécessité de la mise en œuvre de cette décision par les acteurs de la santé, en collaboration avec la direction centrale des investigations. Puis, une vaste opération de ratissage contre les « boutiques » de vente de médicaments et les cliniques non agréées a été engagée…
Concomitamment, le ministère de la Santé a reçu comme mandat de procéder avec les autorités portuaires, aéroportuaires et transfrontalières à l’arraisonnement de tous les conteneurs et chargements de médicaments à des fins de vérification. Dans cette opération, près de 240 conteneurs supposés contenir des médicaments destinés aux marchés ont été arraisonnés, et la plupart qualifiés d’impropres à la consommation. A date, le contenu de près de 224 conteneurs sur les 240, ont été analysés et envoyés à l’incinération et une procédure judiciaire est pendante contre 18 personnes présentées comme propriétaires desdits produits.
Dans la foulée, le département de la Santé a pris des mesures comme la signature de plus de 100 agréments, à l’effet d’installer des jeunes pharmaciens à l’intérieur du pays et faire ainsi face au besoin qui se fait sentir par endroit. Sans oublier le coût des médicaments que le Guinéen lambda trouve plutôt cher dans la plupart des pharmacies certifiées.
En attendant la fin de la procédure, si d’un côté, ces initiatives ont été salutaires pour certains, d’autres guinéens par contre, les ont accueillies avec un sentiment mitigé.
Des infrastructures sanitaires déconcentrées en chantier
Lors de la restitution de la tournée d’immersion gouvernementale, le diagnostic du ministre Mamadou Péthé Diallo a révélé qu’il y avait énormément de défis à relever en matière de couverture sanitaire. Dont entre autres, le manque ou l’inachèvement des infrastructures sanitaires. C’est dans ce sens qu’il a indiqué que 15 structures ont été identifiées et achevées à près de 80%. Parmi elles, le projet de rénovation et d’extension du centre de santé amélioré de la commune urbaine de Kassa, lancé le 17 octobre 2022.
Parallèlement à ça, au compte des projets initiés en 2022, la construction de quatre nouveaux hôpitaux régionaux seraient en cours et pourraient être à l’image des CHU de Donka et d’Ignace Deen. Avec pour objectif de fonctionner avec un plateau de service moderne. «Ces hôpitaux régionaux serviront également de lieux de formation et d’encadrement des étudiants en cycle de formation et des médecins en cycle de spécialisation », selon les autorités.
Toujours au compte de l’an 2022, le ministère de la Santé a pris en compte la situation des citoyens souffrants d’insuffisance rénale avec une faible possibilité de prise en charge des cas, par manque de structures spécialisées. Comme instruit par le président Doumbouya, le ministre de la Santé a lancé le projet de construction de 8 centres d’hémodialyse, afin de faciliter la prise en charge des malades dans les différentes régions. La pose de la première pierre de ces 8 centres a été faite le samedi 12 novembre, pour un délai d’exécution de 8 à 10 mois. Un acte à saluer.
Beaucoup d’initiatives qui ne doivent pas être cependant comme l’arbre qui cache la forêt. En tout cas, les récentes images du camp Camayenne qui abrite encore certains services de l’hôpital Donka en disent long sur les efforts encore nécessaires dans le secteur de la santé. Surtout quant à l’entretien des infrastructures sanitaires, sans lequel aucun investissement ne sera viable.