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Bilan de deux ans, perspectives, gestion du Covid-19, le maire de Lélouma à cœur ouvert sur Guinéenews

Installé à la tête de la commune urbaine de Lélouma qui compte environ 17 500 âmes, le maire Moustapha Baldé tente tant bien que mal d’assumer les objectifs que, lui et son équipe, se sont assignés à leur prise de fonction. Sur le chemin de réalisation de ce développement de la localité, les défis restent énormes. Le problème d’eau potable, d’électricité en passant par l’entretien de la voirie urbaine, le manque d’infrastructures ou encore la crise politique ou sanitaire, dans la commune urbaine de Lélouma, tout est priorité.

Qu’en est-il de toutes ces situations ? Comment sont gérées ces différentes crises ? Quels sont les moyens de bord de l’équipe communale ? Quelles stratégies pour un développement local soutenu et durable ? Voilà autant d’axes sur lesquels a porté cet entretien que le maire Moustapha Baldé a bien voulu à la Rédaction préfectorale de Guinéenew basée à Lélouma. Lisez !

Guinéenews : monsieur le maire, cela fait bientôt deux ans que vous êtes à la tête de la mairie de Lélouma. Dites-nous de vos réalisations ou avancées au profit de votre municipalité ?

Moustapha Baldé : mon équipe et moi, dès que nous avons été installés il y a environ deux ans, nous avons tout d’abord constaté que le siège de la commune ne répondait pas du tout aux normes. Il nous a fallu faire une installation électrique pour pouvoir alimenter le bâtiment en énergie solaire. Afin de pouvoir faire fonctionner les ordinateurs que nous avions bénéficiés. C’est la première action qu’on a eue à mener. Ensuite, nous sommes attelés aux difficultés de la population, liées à l’état de la voirie inter urbaine. Parce-que la route Labé – Lélouma était complètement défoncée. Avec la commune rurale de Korbé et le syndicat des transporteurs, nous nous sommes donnés les mains pour refaire la route longue environ de 20 kilomètres (…). Nous avons aussi pensé à l’insalubrité au niveau du marché central de Lélouma. Nous avons trouvé des poubelles qu’on a installées tout autour du marché. Un de nos ressortissants nous a aidés pour avoir un tricycle pour pouvoir évacuer ces ordures. Ensuite, nous avons organisé des journées d’assainissement en collaboration avec la société civile et les associations de jeunes.

N’eut été les événements sociopolitiques qui ont secoué la Guinée, on aurait eu de l’électricité à Lélouma parce-que les travaux de l’installation électrique sont déjà terminés. Les essais ont été effectués et tout était au point. Nous devrions inaugurer la centrale pour avoir de l’électricité. Malheureusement, le premier trimestre de 2020 a été vraiment un trimestre de remous au niveau national. Donc c’est ce qui a fait que jusque-là la centrale thermique n’a pas été inaugurée.

Nous nous réjouissons aussi d’une chose, c’est que, sous peu, Lélouma va avoir de l’eau courante dans les robinets. C’est important aussi que c’est à notre temps que Lélouma va avoir de l’eau de robinet (…). Le projet est aujourd’hui bien avancé. Pour la sécurisation des personnes et de leurs biens, nous avons procédé au recrutement d’une garde communale que nous sommes en train d’entretenir.

Grâce au financement de l’agence national de financement des collectivités, nous avons identifié trois actions dont l’achèvement du local devant abriter les bureaux de la mairie. Et heureusement, cette action est en train d’être achevée et l’équipement de ce siège a été retenue. Les travaux sont entièrement achevés et nous avons fait la réception provisoire (…). Voilà des actions que nous avons faites jusque-là. Nous sommes aussi nourris de nombreuses ambitions pour la commune de Lélouma. On nous a aussi promis 8 kilomètres de goudron pour le centre urbain ici. On espère vraiment que l’État va nous aider à avoir ces huit kilomètres (…).

Guinéenews : on sait aussi que la commune urbaine de Lélouma est une zone de production agricole par excellence. Cependant, ces zones sont enclavées. Que faites-vous pour accompagner ces producteurs qui souffrent énormément de cet enclavement ?

Moustapha Baldé : effectivement, la commune urbaine regorge d’une potentiel agricole énorme. Il y a des plaines irrigables. Nous avons des projets pour non seulement avec des ONGs pour épauler ces producteurs mais aussi pour essayer d’avoir des partenaires pour désenclaver ces zones de production. Pas plus tard que la semaine dernière, nous avons reçu un projet du ministère de l’Agriculture. Ils sont prêts à nous aider à désenclaver, de la commune urbaine ici jusqu’au bas-fond de Dow Banga. C’est un bas-fond qui appartiendrait à la commune rurale de Balaya. Mais le bas-fond est plus accessible à partir de la commune urbaine ici. Ils ont promis un financement pour désenclaver les 20 kilomètres qui sépare la commune urbaine à ce bas-fond. Mais aussi et surtout ils ont promis de réhabiliter les 135 hectares de ce bas-fond. Chose qui sera extrêmement bénéfique pour les populations. Le projet promet aussi de construire un marché de produits agricoles ici au centre de la commune urbaine. Actuellement, nous sommes en train de chercher le domaine pour pouvoir implanter ce marché sur deux hectares. Ils veulent aussi accompagner les jeunes et les femmes dans leurs projets. Nous avons aussi un autre quartier qui a un fort potentiel agricole mais qui, malheureusement est très enclavé. C’est le quartier de Sanama. Ce quartier a juste besoin de quinze kilomètres de route. Et pour y aller actuellement en véhicule, il faudra parcourir 200 kilomètres pour faire l’aller et retour. Si aujourd’hui, on nous prenait en compte ces quinze kilomètres, ce serait vraiment salutaire pour les populations de cette localité. Car, on aurait désenclavé plus de 500 hectares potentiellement agricoles.

Guinéenews : l’accès à l’eau de robinet, à l’électricité, vous l’avez dit que ces ‘’denrées’’ seront bientôt une réalité. En plus du siège communal flambant neuf, est-ce que, selon vous, Lélouma est en train de changer de visage ?

Moustapha Baldé : moi, je dis que Lélouma est en train de changer de visage du point de vue développement. C’est vrai que quelqu’un qui a faim, demande toujours plus. Nous avons encore envie mais aujourd’hui, c’est un acquis. Je crois que ce n’est qu’un début. On espère que d’ici quelques années, Lélouma va complètement changer de visage. Si à côté de tous ce qu’on a cité, on a le goudron et si on arrivait aussi à désenclaver le tronçon Labé-Lélouma, je pense qu’on n’aurait pas demandé mieux. Mais nous y travaillons pour que ces choses soient réalisées à Lélouma. A mon avis personnel, le bilan n’est pas jusque-là négatif.

Guinéenews : vous avez des ambitions mais hormis les subventions que vous recevez de l’État et des appuis des partenaires, est-ce qu’il y a d’autres moyens ou sources de revenus pour vous permettre de poser d’autres jalons ?

Moustapha Baldé : la commune urbaine de Lélouma est une commune de type C. Donc, l’une des plus petites de la Guinée. Du coup, les recettes au niveau locales sont vraiment très minimes. Nous avons ici le marché, la gare routière ou encore les motos-taxis. Chaque mois, n’eut été les événements que nous vivons, nous recevons un petit montant. A côté, nous avons les taxes d’abattage. En dehors de cela, nous avons initié le recensement de tout le patrimoine bâti. C’est-à-dire les maisons. Nous allons passer par la taxe foncière pour que, de façon annuelle, chaque bâtiment paie un quota selon la taille du bâtiment. En gros, ici les recettes ne sont pas importantes. Nous avons des employés, nous avons énormément de charges aussi. Au niveau même de l’équipe technique de la commune, certains sont pris en charge par la commune.

Guinéenews : justement monsieur le maire, parlant de taxes des collectivités, est-ce que vous parvenez réellement à bien mener le recouvrement de toutes ces taxes ?

Moustapha Baldé : laissez-moi vous dire que nous avons des sérieux problèmes. Pour recouvrer ces taxes, il nous faut beaucoup de tacts. Il faut beaucoup de pédagogie pour que les populations comprennent pourquoi ils paient les taxes. C’est extrêmement difficile. Nous avons réellement besoin des moyens pour faire face aux défis auxquels nous sommes confrontés. Le besoin en maternité, en centre de santé communal, se pose avec acuité. On aurait aimé construire cette maternité aujourd’hui. Les infrastructures manquent. Il y a des secteurs ici qui n’ont pas d’école. Et le collège principal de la commune, c’est presque en brousse. L’école n’est pas clôturée. Mais tout cela demande de l’argent. Je profite d’ailleurs de l’occasion pour tendre la main à l’État, aux ressortissants de nous venir en appui pour, un tant soit peu, soulager ces pauvres populations.

Guinéenews : il y a énormément de choses à faire pour soulager les populations à la base. On sait aussi que le premier trimestre de l’année 2020 n’a pas été un long fleuve tranquille. Il y a eu beaucoup de remous. Comment ces crises notamment politiques ont été gérées ici à Lélouma ?

Moustapha Baldé :  il y a eu assez de manifestations, assez de crises. Il y a même eu des casses malheureusement. Chose que nous déplorons. A Lélouma, la résidence du préfet avait été saccagée, vandalisée. Tout a été emporté. Des véhicules incendiés ou caillassés. C’est vraiment très regrettable pour Lélouma. Parce que cette résidence a été offert à l’administration grâce à un fils de Lélouma. Aujourd’hui, elle en train d’être restaurée. Les travaux sont presque achevés. Mais le seul hic, c’est que cette résidence n’est pas encore clôturée. Je demande à l’État de nous aider à la clôturer pour plus de sécurité.

Guinéenews : on part d’une crise à une autre dans ce pays. De cette crise politique qui a secoué la Guinée, Coronavirus s’est aussi invité dans la danse. Comment cette crise sanitaire est en train d’être gérée à Lélouma ?

Moustapha Baldé : c’est sûr que 2020 va être une année de mauvais souvenir. Aujourd’hui, avec cette pandémie du COVID -19, on n’a pas encore parlé de cas à Lélouma. Nous nous sommes battus pour mettre en place une stratégie pour nous prévenir contre le Coronavirus vue sa folle vitesse de propagation. En collaboration avec la Direction préfectorale de la Santé, on a mis à notre disposition des kits de lavage de mains qu’on a disposés au marché central. Avec la sécurité et le syndicat de transport, nous avons un peu stoppé la fluidité entre Labé et Lélouma dans un premier temps. Ensuite, on a carrément fermé le marché hebdomadaire et laisser libre les autres jours de la semaine. Et ce pour éviter les attroupements et les mouvements de foules. La commune aussi avec l’appui de nos tailleurs, est en train de distribuer gratuitement des bavettes.

En tout cas, des sensibilisations sont en train aussi d’être faites pour faire comprendre aux populations la nécessité de respecter les mesures sanitaires durant cette période d’Etat d’urgence sanitaire.

Guinéenews: quel est votre mot de fin ?

Moustapha Baldé : comme je le disais, je lance un appel solennel à l’État de nous venir en aide pour le bitumage de la route Labé-Télimélé via Lélouma. Parce que Lélouma est vraiment très enclavée. Le désenclavement est très nécessaire car, ces voies vont constituer des leviers de développement au niveau local mais aussi au niveau national.

A mes populations d’ici et d’ailleurs, comprenons que le développement d’ici doit être participatif. Je demande donc à tout le monde de se serrer les coudes pour développement Lélouma.

Entretien réalisé par Abdourahamane Barry

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