Le ministre chinois des Affaires Etrangères, Wang Yi, était devant la presse le vendredi 8 mars dans la matinée, au Média Center de Beijing. Objectif, expliquer la diplomatie chinoise et les relations entre la Chine et le reste du monde.
Pendant deux heures et devant des dizaines de journalistes venus du monde entier, le Conseiller d’Etat et ministre des Affaires Etrangères s’est évertué à expliquer la politique diplomatique de la deuxième économie mondiale. Rien n’a été laissé au hasard. Toutes les questions ont été répondues par Wang YI qui avait l’air très à l’aise. Ainsi, il a, entre autres, évoqué les relations sino-africaines, sino-européennes, sino-américaines, sino-russes, la question de la dénucléarisation de la Corée du Nord, le conflit entre l’Inde et le Pakistan, l’affaire Meng Wanzhou (la fille du patron de Huawei, arrêtée au Canada, ndlr), les relations entre la Chine et l’Amérique latine, etc.
Relations sino-africaines
Pour ce qui est des relations historiques entre la Chine et l’Afrique, le Conseiller d’Etat et ministre des Affaires Etrangères a déclaré que la coopération entre son pays et le continent africain est devenue aujourd’hui un grand arbre que personne ne saurait ébranler grâce aux efforts inlassables depuis des dizaines d’années. Selon lui, elle remporte de plus en plus de succès grâce à la mise en place des infrastructures et à la création des emplois dans le monde entier « contrairement aux allégations de « piège de dette et de néocolonialisme » des détracteurs de son pays. Pour M. Wang YI, l’amitié sino-africaine remonte à très longtemps et la coopération entre les deux parties est mutuellement avantageuse. A l’en croire, la Chine et l’Afrique doivent construire une « communauté de destin» et cultiver «une confiance mutuelle et solide.»
Mais, explique-t-il, «cette coopération a besoin plus d’engagement international ». Car les deux parties peuvent «valoriser [leurs] atouts respectifs et œuvrer pour la paix et la sécurité ». Aujourd’hui, mentionne-t-il, les fruits de la coopération sino-africaine sont palpables sur l’ensemble du continent et la diplomatie chinoise œuvre pour l’intérêt général, s’engage pour l’équité et la justice, vise à promouvoir le bénéfice mutuel et le gagnant-gagnant, etc.
L’initiative « la Ceinture et la Route » pour la coopération internationale
Le ministre chinois des Affaires Etrangères a vanté les mérites de l’Initiative «Ceinture et route » (BRI) dans le renforcement des liens de la coopération internationale. Citant le président Xi Jinping, M. Wang YI dira que la BRI vient de la Chine, mais ses fruits appartiennent au monde entier. Nous espérons et nous sommes convaincus que la 2e édition du Forum « la Ceinture et la Route », prévue cette année, pour la coopération internationale sera sûrement couronnée de pleins succès pour poser un nouveau jalon dans le processus de la construction conjointe de « la Ceinture et la Route ».
Relations sino-américaines
S’agissant des relations sino-américaines, le ministre chinois des Affaires Etrangères a joué à l’apaisement. Pour M. Wang YI, les relations entre les deux Etats ont fait des progrès historiques en résistant à toutes les épreuves. Poursuivant, il dira qu’elles font face à de nouveaux défis. Mais, prévient-il, «on a tout à gagner, à coopérer et tout à perdre à se battre ». Cela doit être « une règle d’or qui doit être observée et préservée par les deux parties pour garder la lucidité ». Cependant, toute logique aveugle de la compétition réduira l’espace de coopération, alors que l’élargissement de la coopération correspond aux intérêts communs de la Chine et des États-Unis.
«Le commerce entre la Chine et les États-Unis dépasse les 630 milliards de dollars. Et les investissements bilatéraux dépassent les 240 milliards de dollars. L’esprit d’équipe est nécessaire en période de montée de l’unilatéralisme et du protectionnisme. La guerre commerciale n’est pas la solution idéale », martèle M. YI.
« La Chine et les États-Unis n’iront pas et ne devront pas aller vers la confrontation. La reprise de la vieille logique de la guerre froide est contraire au courant de notre époque, et surtout à la volonté des peuples. Certains appellent à un découplage entre la Chine et les États-Unis et c’est évidemment irréaliste. Se découpler de la Chine, c’est de laisser échapper les opportunités, de renoncer aux perspectives d’avenir et, dans un certain sens, de s’isoler du reste du monde », conclut-t-il.
Relations sino-russes
Contrairement aux relations sino-américaines, celles sino-russes sont au beau fixe. Pour M. Wang Yi, elles sont marquées par la confiance partagée sur le plan politique et une coopération mutuellement bénéfique dans le domaine économique et un soutien réciproque dans les affaires internationales. Ce qui constitue aujourd’hui un bel exemple des relations entre grands pays. Il estime que l’entente entre les deux Etats est une contribution importante à la paix et à la stabilité dans la région et dans le monde. Selon lui, les échanges commerciaux avec la Russie dépassent les 100 milliards de dollars et de nouveaux achats sont attendus dans le secteur de l’énergie. Pour terminer, il a déclaré que « la Chine et la Russie sont en constante communication sur des questions globales ».
Les relations sino-européennes
« (…) Nous sommes convaincus que l’Europe, en tant que principale force sur la scène internationale et consciente de ses intérêts fondamentaux et de long terme, poursuivra une politique indépendante, stable et positive à l’égard de la Chine et travaillera ensemble avec elle pour approfondir la coopération mutuellement avantageuse dans les différents domaines et contribuer à la défense des règles internationales et à la préservation de la paix mondiale», a déclaré Wang YI. Avant d’inviter l’Europe à adhérer à cette initiative chinoise.
Outre ces sujets internationaux développés par le ministre chinois des Affaires Etrangères, il y a eu la question nucléaire de la Péninsule coréenne, l’Affaire Meng Wanzhou, le conflit entre le Pakistan et l’Inde, la question afghane, les relations sino-japonaises, les relations entre la Chine et les pays de l’Amérique latine etc.
Face à la complexité des sujets évoqués, le ministre chinois, Wang Yi, a appelé à la culture du dialogue, à la non-ingérence étrangère dans les affaires internes des Etats pour transformer les crises en opportunités.
«La Chine gagnera en puissance, mais pas en dureté. Elle restera attachée à son indépendance, mais n’agira pas de manière arbitraire. Elle défendra résolument ses droits, mais ne cherchera pas l’hégémonie », soutient-il.
Une correspondance de Amadou Kendessa Diallo depuis Beijing