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Bas niveau des enseignants : Pourquoi cette dénonciation tardive de Alpha Condé ?

On voit bien que le professeur Alpha Condé a emboîté le pas à quelqu’un pour tirer sur les ‘’déci-maîtres’’ et les ‘’milli-maîtres’’, il était remonté comme une horloge suisse contre les enseignants de Guinée, à juste raison, mais n’a-t-il pas sa part dans ce qu’il condamne ? (Crédit-Photo, cellule de communication du gouvernement)

Si le bas niveau des élèves est imputable aux enseignants, le bas niveau des enseignants est imputable au système éducatif piloté par un gouvernement, et à la tête du gouvernement il y a « Alélé djö ».

Ce mal national a existé depuis que la Guinée est indépendante. Le niveau s’est dégradé d’année en année, mais il devait parler aussi de ce dernier recrutement de plus de 600 enseignants, qui n’auraient aucun niveau et qui ne peuvent être accueillis par aucun établissement scolaire.

En fustigeant le niveau général des enseignants, il met le doigt sur la plaie de ce recrutement maladroit et aveugle de la Fonction publique. On ne sait si c’est un recrutement partisan ou népotique. Le président de la République devait dénoncer et condamner cette fraude flagrante. En ne le faisant pas et en ne visant les autres médiocres, il a donné un coup de tête dans la ruche pleine d’abeilles de deux poids deux tares. En tout cas, ça a jasé.

 En évaluation exhaustive, c’est-à-dire en tenant compte de tous les critères requis pour un enseignant, à tous les niveaux, au public et au privé, dans une brouettée de cent individus, il serait extrêmement rare de trouver dix qui ont leur formation pédagogique.

Depuis les années 90, la formation des formateurs pour la relève de ceux atteints par la retraite a été complètement dépréciée, délaissée et négligée, l’on s’est contenté de recruter des contractuels de tout poil, des étudiants diplômés sans emploi n’ayant aucune formation pédagogique.

 Dans les écoles techniques et professionnelle, même au temps de la Révolution, il était étonnant et surprenant de voir des personnes retenues dans l’enseignement pour l’encadrement technique et qui n’avaient aucune qualité, à fortiori pour enseigner en classe ; même après plus de 30 ans de service, aucune amélioration, mais ils ont eu à former, plutôt à déformer bien d’autres, qui ont pris la relève actuellement. Une inspection d’évaluation systématique ne laissera pas cinq pour cent en classe dans chaque établissement.

Ce qui est encore plus aberrant, pendant la Révolution, la Formation professionnelle avait quelque chose de solide et de consistant par la présence des coopérants. Au CFP de Ratoma, par exemple, les Allemands de la FDJ (la jeunesse libre allemande) avait équipé d’instruments et d’outils en plus des matières d’œuvre à suffisance pour la formation (ciment, fer à béton, fil électriques, tuyaux, robinets, tout ce qu’il fallait pour un programme complet de formation). Mais depuis leur départ, tout est tombé à vau-l’eau. Sans eau, sans électricité, sans instruments et outils de travail, l’on a prétendu former des électriciens, des plombiers, des chaudronniers ;  sans ciment, l’on a fait la promotion de la terre stabilisée à grands tapages pour la formation des maçons…

Ce sont des apprenants formés dans ce fatras qui ont pris la relève, ce sont eux que l’on a envoyés faire une formation au Maroc, et comme le Maroc ne forme pas les médiocres, une école a été créée à la va-vite à Conakry pour les former. Ainsi, les Marocains ont fait comme Ponce Pilate, en s’en lavant les mains.

De 1985 à 1995, on faisait partie de la commission des correcteurs comme rédacteur en chef des corrigés types des matières de spécialité de maçonnerie ; en technologie spéciale et générale. Certains sont toujours en fonction.  On a eu à maintes reprises à convaincre par A+B des collègues formés en Union Soviétique, en Italie, au Maroc et ceux de l’ENSET de Matoto, formés à l’époque par la Banque Mondiale avant l’arrivée des Canadiens. En confrontant les corrigés types des sujets proposés par Ratoma, il est évident que tout le monde ne veut pas jouer au figurant, il fallait discutailler, pinailler, ergoter pour exister, cela se comprenait mais il y avait aussi des correcteurs venant des CFP de l’intérieur du pays, qui n’avaient aucune idée des questions, ces correcteurs avaient un niveau plus bas que nos apprenants de Ratoma,  ce sont eux qui paradent actuellement…

De nos jours, les écoles privées ne prennent pas de gant pour recruter des enseignants à bas prix, ceux qui sont dans la fourchette que Alpha Condé a dénoncée, ceux qui rajoutent des fautes en voulant les détecter dans des attrape-nigauds, sont les plus nombreux.

 On a entendu des candidats au brevet dire que leur professeur de français fait trop de fautes. Si des élèves déjà mal formés arrivent à détecter des fautes de langage de leur prof, c’est le comble, comme nous aussi, au Lycée, dans les années 70.

Hormis tout ce qui vient d’être dit, on a connu des enseignants qui ont des dictions calamiteuses, certains zézaient, d’autres bégaient dans des pataquès époustouflants… y a-t-il d’orthophonistes dans les classes du primaire ?

En dénonçant le bas niveau des enseignants, Alpha condamne déjà le recrutement de ces 630 enseignants qui ont le niveau de la mer. Reste à déterminer celui qui en est à la base et ce qui peut lui en coûter.

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