Mamadou Samba Diallo, 18 ans, plombier de son état et Mamadou Cellou Diallo, 30 ans, conducteur de taxi-moto, respectivement tués les 23 et 30 octobre dernier, ont rejoint leur dernière demeure ce vendredi 02 novembre 2018, au cimetière de Bambéto. Les deux corps sont arrivés aux environs de 14 heures à la mosquée de Bambéto accompagnés par une foule nombreuse composée en majorité de jeunes. A leur tête, le chef de file de l’opposition, Cellou Dalein Diallo, mine serré et entouré des membres du bureau exécutif de son parti, parents, amis et alliés des victimes.
A sa sortie de la mosquée, Cellou Dalein a exprimé son indignation et sa tristesse « face à la prolifération de ces assassinats ciblés contre des citoyens guinéens ». Mais, poursuit-il, « ce qui est plus révoltant comme je l’ai toujours dit, c’est qu’on est convaincu que les deux jeunes qu’on va enterrer tout à l’heure, n’auront pas droit à la justice. C’est vraiment triste pour nous ».
Avant de déplorer l’attitude du gouvernement face à toutes ces morts : « Le gouvernement dont c’est la responsabilité de mener des enquêtes en cas de bavures, nous sommes bientôt à cent jeunes abattus froidement dans la rue dont la plupart étaient en train de manifester certes mais certains d’entre eux n’étaient même pas dans les manifestations ».
C’est le cas Mamadou Cellou Diallo abattu le 30 octobre alors qu’il « venait d’arriver à Labé avec son taxi et venait de débarquer ses passagers » avant « qu’un agent en uniforme » ne le tire « sur la tête et il est mort sur place ».
Le décompte macabre « depuis qu’Alpha Condé est au pouvoir est de 100 jeunes guinéens » tués. « Jamais une enquête, jamais une compassion du gouvernement, jamais une sanction administrative à l’endroit des responsables de la police et de la gendarmerie. C’est vraiment triste », regrette le président de l’UFDG. Or, selon Léonard de Vinci, cite-t-il, ‘’celui qui néglige de punir le mal, le cautionne’’.
« Aujourd’hui, dit-il, on s’interroge pourquoi cette indifférence des autorités de ce pays. C’est parce qu’elles ont voulu, hélas, par le meurtre, arrêter les manifestations. Pour eux, c’étaient une technique d’intimidation en tuant, en tuant, en tuant. Elles ont souvent, sinon toujours, suscité et encouragé ces meurtres parce que, pourquoi pas, le lendemain mettre une commission d’enquête, interroger les riverains, dans les quartiers, interroger ceux qui étaient dans les manifestations y compris nous-mêmes parce qu’on est dans les manifestations. Je suis toujours devant. Mais jamais une commission d’enquête n’a été mise en place pour savoir dans quelles circonstances ces jeunes guinéens ont été tués. Je suis vraiment triste pour mon pays ».
Pour Cellou Dalein, « la première responsabilité de l’Etat, c’est d’assurer la sécurité des citoyens et le premier droit de l’homme, c’est le droit à la vie. On a sacrifié ça parce que ce sont des gens présumés être de l’opposition. Parce que le gouvernement n’est pas un gouvernement du peuple, mais c’est un gouvernement au service d’un clan et qui considère que ses citoyens qui sont de l’opposition ne sont pas dignes de bénéficier de la protection de l’Etat. Et c’est ça qui est triste ».
Pour mettre fin à ces meurtres, le chef de file de l’opposition appelle à la mobilisation générale pour parer à toute velléité dictatoriale. « Il faut qu’on se mobilise contre ce gouvernement corrompu et criminel. C’est vraiment triste. Combien de fois, nous sommes venus ici enterrer des jeunes ? On attend toujours à ce que les enquêtes soient ouvertes. (…) », Lance-t-il, l’air triste.
« Aujourd’hui, Human Right Watch, Amnesty International, et le monde entier interpellent le gouvernement. Mais, il ne réagira pas parce qu’il a du plaisir à tuer, à faire tuer ces jeunes qui sont présumés être de l’opposition. C’est triste », déploré l’opposant.
« Mais le combat, nous le mènerons. C’est un combat républicain pour la protection des droits humains pour l’instauration d’une démocratie, d’une réconciliation réelle, et d’un Etat de droit qui veillera à la sécurité de tous les fils du pays, aux respects de leurs droits et de leur dignité. Ce combat-là, nous allons le mener avec beaucoup plus de fermeté et de liberté », conclut-il.