Dans un arrêté conjoint du ministre de l’Economie et des Finances, et celui des Postes, Télécommunications et de l’Economie numérique, signé le 12 mai, les redevances annuelles à l’Etat sont réduites de 50% pour les radios communautaires, 37,5% pour les radios commerciales et de 30% pour les télévisions.
C’est avec grande satisfaction que les médias audiovisuels ont accueilli cette nouvelle. Pour Lamine Guirassy, PDG de Hadafo Médias, cette réduction est mieux que rien.
« C’est mieux que rien. En ce sens qu’il y a un décalage terrible avec les radios et télévisions de nos voisins du Sénégal par exemple. Ici, les sociétés de téléphonie ne donnent carrément que des miettes, contrairement au Sénégal. Donc, s’il y a une nouvelle comme celle-ci, je pense que c’est une bonne chose. Quand on sait jusqu’où les radios et télévisions souffrent en Guinée », réagit M. Guirassy qui n’écartait pas l’espoir de voir ces redevances annulées à cause de l’impact de nouveau coronavirus sur les activités des médias : « avec le Covid-19, il faut espérer une annulation parce que nous subissons tous aujourd’hui l’impact de cette pandémie sur nos activités. Cela fait carrément deux mois qu’on travaille en alternance. De ce fait, est-ce que l’Etat sera attentif à nos besoins et à nos difficultés ? C’est l’autre question qu’il faut se poser. Mais c’est déjà un bon début en acceptant de réduire le montant des redevances. »
Dans la subvention que l’Etat a récemment a accordée aux médias privés, la radio Renaissance FM n’a eu qu’environ 5 millions GNF. Avec la révision à la baisse de la redevance annuelle, ce média ne fera que redonner à l’Etat ce qu’elle vient de recevoir de lui.
« Au regard du montant que l’Etat a donné pour la subvention, les 5 millions et quelque que nous avons reçus, et les 10 millions qu’on doit payer au titre des redevances, cette subvention est minime par rapport à ce qu’on paie à l’Etat », a d’abord indiqué Etienne Mansaré, le Directeur des Programmes de la radio avant de réjouir tout de même de la mesure du gouvernement : « nous accueillons avec satisfaction cette mesure. Nous louons les efforts fournis par l’URTERLGUI. On espère que l’Etat va comprendre davantage les difficultés dans lesquelles les médias sont en train d’évoluer et qu’il va porter secours parce que vraiment les médias privés participent au développement de ce pays surtout en cette période de crise, les médias font beaucoup de sensibilisation. »
Pour Etienne Mansaré, 10 millions GNF pour les radios communautaires chaque année, c’est un montant un peu élevé : « Les radios communautaires sont lésées. Déjà avec les 10 millions qu’on paie, les radios communautaires sont lésées. Parce que ces radios participent beaucoup au développement du pays. Elles n’évoluent pas comme les radios commerciales qui reçoivent beaucoup plus de spots publicitaires et des communiqués. On se sent vraiment lésés. Si l’Etat pourrait revoir cette question on serait encore davantage très heureux. »
L’universitaire, Alhassane Makanéra Kaké salue l’action du gouvernement et estime qu’il devait y avoir un moratoire de 5 ans sans redevances pour permettre aux médias audiovisuels à se faire de place : «c’est une très bonne chose. C’est ce qu’il fallait faire depuis longtemps. Il ne fallait même pas fixer les redevances, parce que ce sont des radios naissantes. Le Guinéen n’est pas encore habitué au financement de la radio et de la télévision. C’est le gouvernement qui devrait, normalement, mettre une période moratoire pour que les radios et télévisions puissent être compétitives et avoir des ressources. »
Pour le Dr Alhassane Makanéra, cette réduction devrait permettre aux bénéficiaires d’améliorer la qualité de l’information : « C’est une bonne action du gouvernement à apprécier, parce que réduire les redevances signifie une subvention indirecte. Ça permettra à des radios, si vraiment la réduction est significative, d’avoir des ressources pour employer davantage des journalistes et améliorer aussi le contenu de l’information. Il faut demander au gouvernement d’agir dans ce sens et aller jusqu’à peu près à taux zéro de la redevance pour une période déterminée, c’est-à-dire une période de 5 ans. »
Selon lui, c’est ce qui permettra aux radios et télévisions privées d’avoir une bonne assise, de se renforcer, avant de leur demander de payer les redevances.