Le leader de l’UFDG RENOUVEAU est intervenu ce matin sur les antennes de la Radio Espace pour donner son avis sur le débat concernant la nouvelle constitution et le combat du Front National de Défense de la Constitution. Absent sur la scène politique depuis un mois, Bah Oury est sorti de son silence pour dire sa part de vérité sur ce qu’il est désormais convenu d’appeler « le débat national ». Le bouillant meneur des Forces Vives des années 2006-2007 et l’intraitable le Vice-président ‘’évincé’’ de l’UFDG s’est voulu cette fois-ci prudent et conciliateur au micro de nos confrères.
A la première question donc de savoir si Bah Oury reste fidèle à sa déclaration du 18 avril dernier, déclaration dans laquelle il s’opposait à toute initiative de la politique d’une nouvelle constitution, l’invité d’Espace Fm a émis le souhait de voir le Président de la République renoncer à cette tentative à issue incertaine. « Ceux qui ne me connaissent pas, disent souvent que j’ai la tête dure. Non ! Je suis plutôt constant. Je suis un homme de conviction. Quand je dis quelque chose, je le maintiens. Je suis contre toute modification de la constitution. Nous savons tous où le « Koudéïsme » du régime Lassana Conté nous a conduits. D’ailleurs pourquoi changer une constitution qui nous a permis d’avoir un Président de la République et une stabilité ? Nous devons faire très attention ! Surtout avec ce qui se passe aujourd’hui à nos portes… Voyez ce qui se passe aujourd’hui au Mali, au Nigeria et que sais-je encore ! Il ne se passe un mois sans qu’il ait des évènements tragiques dans ces pays voisins. Nous courons un risque avec cette affaire de nouvelle constitution. »
Concernant les avis émis les uns les autres sur le projet d’une nouvelle constitution, le leader de l’UFDG-RENOUVEAU pense que les Guinéens doivent faire très attention. Pour lui, c’est une loi suprême qu’on est sensé respecter. C’est sur elle que s’appuie la République. Ces avis prononcés par les uns et les autres devraient, selon lui, tenir compte des réalités du pays. Surtout ceux qui y sont favorables.
Que pense Bah Oury aujourd’hui des propos et autres réactions de certains anciens membres influents de l’opposition républicaine ?
« C’est une question de moralité. Comment des gens qui, hier, montaient sur les capots de véhicules pour haranguer les jeunes gens, leur demander de se lever et s’opposer à tout projet d’une nouvelle constitution et à un éventuel troisième mandat du Président Alpha Condé, puissent virer à 180 degrés pour soutenir le projet d’une nouvelle constitution et défendre bec et ongle la thèse ? On ne les reconnait plus ! C’est un manque de constance. Ils sont incohérents », dira-t-il de ces ex-leaders de l’opposition avant de revenir sur son propre cas.
Ainsi, à la question de savoir la nouvelle position de l’ex-vice-président de l’UFDG, Bah Oury soutient qu’il a mûri et se dit pétri d’expériences : «quand on a connu l’exil, la solitude, quand on a échappé à l’assassinat, « il faut changer le fusil d’épaule. Ndlr »… J’ai beaucoup appris et j’ai gagné en maturité. Voilà pourquoi je demande à mes amis du Front National pour la Défense de la constitution de notre méthode de faire la politique… C’est vrai en 2006 et en 2007, c’était un élan, c’était la révolution. Maintenant il faut voir la situation avec plus de responsabilité. »
Comment Bah Oury voit le combat du FNDC ? Et quelle est sa position vis-à-vis de ce Front ?
Pour le leader de l’UFDG RENOUVEAU, ces amis du Front sont allés vite en besogne. Ils auraient dû attendre le moment opportun pour sortir la liste des promoteurs de la nouvelle constitution. « Il faut utiliser la grosse artillerie le moment venu ! Il ne faut pas utiliser toutes les cartouches maintenant. Et puis quand on accuse, il faut avoir toutes les preuves. Me Boukounta qui est cité par exemple, je l’ai rencontré à Dakar ! Il m’a dit qu’il est loin de cette affaire de constitution. Pour cette liste, on ne s’est pas trop concerté. J’étais à l’intérieur dans mon petit village où j’ai passé le mois de Ramadan. Mais je suis de retour pour participer aux rencontres du Front. »
Qu’attend l’ex vice-président de l’UFDG pour entrer de pleins pieds dans le Front ? Y a-t-il toujours le spectre Cellou Dallein ?
« Non ! Seulement quand vous aviez été trahi, échappé à l’assassinat, il faut savoir désormais où mettre les pieds. Il faut être prudent. Je suis ouvert à tout dialogue. Je suis prêt à m’asseoir autour de la table pour un dialogue avec l’UFDG. Sinon, je suis un membre du Front. D’ailleurs, je suis avec tout le monde. Je suis dans le mouvement « Renouveau » avec tout le monde ! Je me suis dit qu’après 60 ans de colonisation et 60 ans d’indépendance, la classe politique est en train de changer. Les partis traditionnels vont disparaître. Les citoyens ont mûri… Les gens pensent désormais à leur avenir à celui de leurs enfants ».
Bah Oury va alors conclure son intervention en demandant au Président de la République de garder le cap, de ne pas se laisser piéger.