C’est un président de l’Union pour la démocratie et le développement pas assez tendre qui a accepté volontiers de commenter une mesure récemment annoncée par le gouvernement, et qui soit relative au suivi des cours à distance pour les candidats aux différents examens nationaux.
Une décision qui sonne mal dans l’oreille de cet ancien ministre de la Réconciliation nationale qui regrette le fait que le pays n’ait pu tirer les leçons du virus Ebola, avant de dénoncer la mauvaise qualité de l’enseignement en Guinée.
Bah Oury a exprimé toutes ces idées dans une interview téléphonique dont nous vous proposons un extrait. Lisez plutôt !
« Vous savez, lorsqu’on ne se prépare pas à la guerre en temps de paix, ce n’est pas pendant la guerre qu’on peut se préparer à gagner cette guerre.
C’est exactement ce qui arrive à la Guinée : rien n’a été fait pour mettre en place des dynamiques de résilience pour faire face à des chocs de la nature de cette pandémie.
Et on ne peut que regretter encore davantage que la leçon de la fièvre hémorragique Ebola n’ait pas été retenue par les autorités guinéennes.
En ce moment-là, les enfants sont restés pratiquement un an sans aller à l’école. On aurait dû y penser pour se dire au cas où des situations de ce genre
se répéteraient que faudrait-il faire pour certains aspects de la vie nationale : que ce soit pour l’éducation, que ce soit pour un certain nombre d’aspects économiques, etc. ; rien n’a été fait.
Et maintenant, on se retrouve face à un dilemme et on veut improviser en parlant d’enfants en situation d’examen. Qu’est-ce qu’ils peuvent faire par la radio? Qu’est-ce qu’ils peuvent faire par la télévision? Pas grand chose!
On ne leur a pas permis d’avoir des ordinateurs très tôt pour se familiariser à l’informatique pour éventuellement avoir la capacité de pouvoir faire des exercices par Internet et que les professeurs puissent suivre à distance la progression de leurs élèves.
Moi, je pense que c’est du tape-à-l’œil. Ça ne résout pas le problème. Ça fait du buzz pour tout simplement dire qu’on fait quelque chose alors qu’on ne fait rien.
Et malheureusement, ce sont les enfants des pauvres qui sont en train encore davantage de payer la mauvaise préparation de la Guinée à ces genres de situations.
Ils en ont tellement souffert. Et cela ne fait que s’aggraver. Les inégalités ne feront que se renforcer au détriment des plus démunis, des plus faibles, parce qu’en fait, cette situation va de plus en plus s’accentuer: la déscolarisation des enfants de la Guinée et en fin de compte, renforcer la mauvaise qualité par rapport à l’éducation dont tout le monde se plaint ».