Ouvertes jeudi 03 février, les audiences criminelles ont pris fin ce samedi 05 février 2022 au Tribunal de première instance (TPI) de N’Zérékoré. Au total, 11 dossiers ont été jugés pendant trois jours. Une dizaine de prévenus étaient poursuivis pour « incendie volontaire, séquestration, menace, viol sur mineure, enlèvement et complicité d’enlèvement, vol à main armée, association de malfaiteurs, coups et blessures volontaires, tortures, assassinat, détention d’arme de guerre, vol aggravé et complicité d’évasion. »
Parmi eux, on peut citer entre-autres Paul Haba, qui a été condamné à 10 ans de réclusion criminelle et au payement de six (6) millions de francs guinéens pour fait de »viol sur mineure ». Antoine Lamah a également été condamné pour »viol sur mineure et coups et blessures volontaires » à 10 ans de réclusion criminelle et au payement des frais et dépenses vers l’État vu l’absence de la partie civile.
Albert Délamou a aussi été condamné à 10 ans de réclusion criminelle pour viol sur mineure, séquestration et au payement des frais et dépenses vers l’État constatant l’absence de la partie civile.
Accusé pour crime et viol, Apollinaire Haba a été purement et simplement innocenté par le tribunal qui a mis les frais et dépenses à la charge du trésor public au même titre que Nèma Soua qui était détenu quant à lui pour incendie volontaire jugé non établi à son égare. Une personne parmi un groupe de gangs composé de Jack Haba, Mohamed Sangaré, Augustin Sylla alias Abadè, Crado et Saa tous poursuivis pour vol à main armée, vol aggravé, association des malfaiteurs coups et blessures volontaires, ont été acquitté par le tribunal. Il s’agit de Mohamed Sangaré alias Lido qui a été purement et simplement acquitté par le juge.
Cependant, les quatre (4) autres prévenus notamment Jack Haba, Augustin Sylla alias Abadè, Crado et Saa ont été reconnus coupables des faits qui leur sont reprochés.
Par conséquent Jack Haba et Augustin Sylla alias Abadè ont été condamnés à sept (7) ans de réclusion criminelle, Crado et Saa ont quant eux condamnés à 20 ans de réclusion criminelle assorti de 10 ans de période de sûreté par le tribunal qui a émis un mandat d’arrêt contre eux.
Cette sentence a été suivie celle d’un autre groupe de gangs de trois personnes à savoir Ibrahima Soumaoro alias Môkô, Moussa Kaba alias Tôkôlôkô et Sékou Kourouma alias Shikini. Ils sont poursuivis pour assassinat, vol à main armée, association des malfaiteurs, détention illégale d’arme de guerre, vol aggravé et complicité d’évasion. Moussa Kaba alias Tôkôlôkô a été reconnu coupable des faits d’association de malfaiteurs, de détention illégale d’arme de guerre, de vol aggravé et de complicité d’évasion.Sékou Kourouma alis Shikini a été déclaré coupable des faits d’assassinat, d’association de malfaiteurs et détention illégale d’arme de guerre et de vol aggravé. Ibrahima Soumaoro Alias Môkô a été reconnu coupable d’association de malfaiteurs et détention illégale d’arme de guerre et de vol aggravé. Pour les répétitions, Moussa Kaba alias Tôkôlôkô et Sékou Kourouma alis Shikini ont été condamnés à perpétuité assorti d’une période de sûreté de 30 ans. Ibrahima Soumaoro alias Môkô a quant lui écopé de 15 ans de prison assorti d’une période de sûreté de 10 ans. Ils sont cependant communément condamnés au paiement de 200 millions de francs à titre de dommage et intérêt. Le tribunal a aussi ordonné la saisie des objets placés sous scellés au profit de l’État.
Au sortir de l’audience, le ministère public s’est réjouit de la sentence en ces termes : « Nos sentiments sont ceux de satisfaction. Avec les peines qui sont tombées, allant de 10 ans de réclusion criminelle à la perpétuité, c’est une note de satisfaction pour le parquet. Nous comprenons à travers ces décisions que le tribunal que nous avons est prêt à nous accompagner et à dire le droit. C’est pourquoi je vous dis que nous sommes réconfortés et ragaillardis. Et partir de cet instant, nous allons continuer à travailler avec les services de sécurité pour que tous les bandits qui sont ici à N’Zérékoré et dans toute la région forestière soient traqués et traduits devant la justice pour que la population vive en paix », a lancé El Sidiki Camara, procureur de la république près le tribunal de première instance de N’Zérékoré. Maitre Théodore Loua, un des avocats des prévenus a pour sa part exprimé un sentiment « mitigé ».
« J’ai un sentiment mitigé. D’une part, je suis partiellement satisfait des décisions qui ont été rendues. De l’autre côté, je suis insatisfait dès l’instant que le tribunal ait violé un principe sacré du droit. C’est le principe de Non bis in idem. On ne peut pas pour un même fait porter contre les mêmes personnes et sur la même cause condamner les mêmes personnes deux (2) fois. Ce jugement portant sur le dernier dossier a déjà fait objet d’un examen devant la cour d’appel à l’occasion de son audience foraine à Siguiri et les mêmes faits ne peuvent pas être portés à la connaissance des juges de N’Zérékoré. Donc il y a un principe sacro saint du droit qui été violé. C’est pourquoi nous comptons relever appel dans ce dossier », a-t-il laissé entendre.