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Assainissement, coupe dans le budget, croissance à deux chiffres, ce que Kassory a fait en 100 jours sur ces questions

Dans une interview qu’il a récemment accordée à la télévision nationale à l’occasion de ses cents jours à la tête du gouvernement, le Premier ministre Ibrahima Kassory Fofana a fait un tour d’horizon des actions réalisées par son gouvernement et annoncé les perspectives.  Nous avons choisi pour vous quelques extraits.

Assainissement de la ville de Conakry : près de 40 000 tonnes d’ordures de Conakry

«Le gouvernement a fait de l’assainissement, son cheval de bataille. Nous avons pris fonction dans un tel état d’insalubrité à Conakry que ça devenait préoccupant pour la santé des populations. Nous étions à la porte des grandes pluies et il fallait faire quelque chose pour éviter que des épidémies ne nous rattrapent  en 2018. Dieu merci, les mesures prises même si elles ne résolvent pas structurellement le problème, elles ont permis d’éviter au moins les grandes épidémies. On n’était tenu de mettre beaucoup d’argent. Parce que,  figurez-vous, on a sorti près de 40 000 tonnes d’ordures de Conakry, c’est beaucoup d’argent. Et pour mettre un système beaucoup plus viable pour poursuivre cet effort, nous avons décidé de consacrer le dernier samedi de chaque mois à l’assainissement. Ce n’est pas spectaculaire, c’est juste symbolique. Le symbole, c’est parce que le problème d’assainissement, le problème hygiénique, c’est un problème comportemental. Il faut créer chez le Guinéen le reflexe de citoyen, qu’il ne faut pas salir la chaussée, pour faire face à ses obligations de citoyen. Ces actions ont permis de limiter un peu les dégâts, mais la solution structurelle existe.

Je peux me permettre de l’annoncer, en fin d’année, on aura un opérateur technique qui va être choisi, les équipements seront achetés et cela va permettre à la Guinée de s’attaquer de manière durable à cette situation. Nous avons l’engagement financier et de la communauté européenne, et de la Banque Islamique de Développement. Donc 54 millions de dollars seront consacrés à cette opération. Cet argent qui sera dépensé sur l’achat des équipements, de l’opérateur qui sera recensé et sur l’aménagement d’une nouvelle décharge parce que celle de la Minière a atteint ses limites. »

 Coupe de 8% dans le budget des TP,  quelles conséquences pour les ponts déjà effondrés 

«Il  n’y a pas d’inquiétude majeure parce que les projets majeurs liés aux ouvrages sont essentiellement financés à hauteur de 85% par les partenaires au développement. Quand vous prenez les ponts qui sont dans le pipeline de l’Etat, au moment où je vous parle, sur le Milo qui va désenclaver  Kérouané; il y a des projets qui coûtent très chers, mais ils sont financés par la communauté internationale pour l’essentiel. Donc, les coupes budgétaires prennent en compte de la nécessité de ne pas bloquer ou empêcher l’investissement étranger.

Il faut comprendre que la croissance n’a pour seule source l’investissement public, mais surtout l’investissement privé. Dans les conditions actuelles, si vous regardez les volumes d’investissement qui portent la croissance économique de la Guinée aujourd’hui, c’est le secteur minier. Et l‘investissement dans le secteur minier ne vient pas des tiroirs du ministère des Finances, ça vient du privé. Sur ce, je ne veux pas dire que protéger les efforts publics d’investissement, n’est pas une nécessité, c’est nécessaire. Il faut qu’on investisse dans les routes, dans la formation, dans l’environnement. Tout cela concourrait à booster la croissance économique. Mais les coupes effectuées ne compromettent pas la croissance. Parce que nous avons la revue du porte feuille qui a permis d’observer qu’il y beaucoup de projets qui ne sont pas pertinents. Alors pourquoi retenir des budgets pour des projets qui ne sont pas murs alors qu’il y a des besoins par ailleurs.»

Qu’en est-il de la croissance à deux chiffres

«Le produit intérieur brut de la Guinée est mal évalué. La base d’évaluation repose sur des données de 1968 sur le système de comptabilité nationale. On est en train de reprendre les données sur la base du système de comptabilité nationale de 1993 et de 2016 (…) Si vous utilisez le même mode d’évaluation et le même mode de comparaison, d’année en année, sur la base de notre façon de faire en 1968, vous appliquez cela sur les chiffres des années 2016, 2017, 2018 jusqu’en 2020, vous vous apercevrez que nous sommes presque déjà à deux chiffres.

Ce qui change par rapport à aujourd’hui, on intègre maintenant les impôts et taxes qui sont des valeurs ajoutées et qui concourent à la formation du PIB et qui n’étaient pas pris en compte. On intègre aussi le secteur informel qui n’était pas pris en compte idem que le travail domestique qui n’était pas aussi pris dans notre système de comptabilité nationale. En prenant en compte, ne serait-ce que ces trois éléments, nous arrivons à une amélioration du niveau du PIB de l’ordre de 30%. Ce qui fait que, le FMI, parlant des chiffres révisés, ils vous diront que la Guinée a un PIB de 9 à 10 milliards, contrairement à l’ancienne évaluation qui fixait ce niveau du PIB à 6 ou 7 milliards. Si vous rapportez l’effort de pression fiscale sur 6 ou 9 milliards, vous n’avez pas le même résultat, vous verrez qu’il y a une amélioration en termes de performance des régis de fiscalité, des régis de recettes de la douane, des impôts. Avec tous ceux-ci, vous arriverez à 18 ou 19%. Mais si vous ramenez au PIB réévalué suivant la nouvelle méthode, vous arriverez à 13 ou 14%. »

Dans le cadre de la lutte contre la corruption, les portes de la Primature sont ouvertes à tous !

«La lutte contre la corruption, c’est un axe majeur de l’action du gouvernement. Les lettres de mission assignées à chaque ministre et signées de ma main, mettent en exergue clairement ces données par rapport à l’ensemble du gouvernement. La lutte contre la corruption, la création d’emplois pour les jeunes, ça c’est le dénominateur commun dans les missions assignées aux membres du gouvernement. Toute une batterie de mesures est en cours dans ce sens. Mais quand les gens disent, il a déjà sanctionné deux cadres accusés de corruption mais ça s’arrête là, qu’on me donne les preuves qu’il y a d’autres cas de corruption prouvés. On est dans un état de droit.

Ces deux cas, je les ai trouvés sur la table de mon prédécesseur, c’était des cas déjà instruits, qui ont fait le cap de toutes les missions de contrôle. Donc, j’ai pris la décision, pour ne pas être dans l’arbitraire, j’ai trouvé que toutes les conditions son réunis de les révoquer et de les renvoyer devant les tribunaux. A eux de prouver que ma décision n’est pas juste. C’est cela l’Etat de droit. Mais qu’on ne me dise pas, sans dossiers, il faut continuer.  Continuer sur quoi ?

Dans mon programme de travail, j’ai une série d’établissements publics qui doivent faire l’objet de contrôle systématique: contrôle de procédures, contrôle de moyens, contrôle financier. A l’issue de cela, s’il ressort qu’il y a des cas répressibles, on le fera. Mon appel aux citoyens, c’est de leur dire, si vous trouvez des cas de corruption prouvés, les portes de la Primature vous sont ouvertes, venez nous en saisir, nous n’hésiterons pas. Il y déjà une agence qui s’en occupe. Il  y a aussi deux aspects dans la lutte contre la corruption mais on met souvent l’accent sur le premier qui est l’aspect répressif, il ya deuxième aspect qui est tout aussi important, c’est l’aspect incitatif.

Il faut créer des conditions de valorisation des ressources humaines, tels que les gens qui gèrent la chose publique. Comment pouvez-vous confier la gestion de 200 milliards à quelqu’un et lui donner le salaire d’un million de francs ? Ce n’est pas possible. Alors, j’ai demandé au ministre en charge de l’Emploi, de travailler sur la revue du système de rémunération pour que là aussi il y ait une adéquation entre l’effort, le sacrifice, le niveau de salaire ou d’indemnités. Donc, c’est un travail de fond. »

Propos transcrits par Nassiou Sow

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