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Artisanat : qu’est-il arrivé à ‘’Hamdallaye teinture’’ ?

Hamdallaye teinture, ce lieu autrefois très fréquenté, tend aujourd’hui à disparaître. Il est situé à Hamdallaye plaque, dans la commune de Ratoma. Comme son nom l’indique, on y pratique le métier de teinturier. A l’époque, une cinquantaine de femmes et d’hommes y travaillaient du matin au soir, chaque jour de la semaine. Aujourd’hui, par les effets conjugués du manque de soutien, de la concurrence déloyale due à l’importation abusive des contrefaçons sur le marché, la plupart d’entre eux ont abandonné le métier.

Sur les lieux, presque déserts aujourd’hui, nous retrouvons Safiatou Gassama, une des irréductibles qui sont restés fidèles à ce métier. Elle nous ramène à l’origine de l’activité de la teinture chez nous, avant de nous expliquer ce qui prévaut aujourd’hui, dans ce domaine.

« Nous avons commencé ce travail, cela fait plus de 20 ans. On appelait ici Hamdallaye teinture. Nous avions un premier Maitre qui est décédé. A l’époque, tous les pagnes du PUP, c’est nous qui les faisions. Mais actuellement, tout le monde fait ce travail sans tenir compte de la qualité. Beaucoup n’ont pas les compétences qu’il faut et ne peuvent donc pas bien le faire. Malgré cela, on remarque que les autorités qui viennent ne cherchent pas à connaître tous ces aspects. On donne donc le boulot aux gens qui ne peuvent pas bien le faire. Ce qui fait qu’il n’y a pas de vrai teinturier ici maintenant, parce que nous nous avons nos diplômes et tout.  Mais, ce qu’on voit, c’est que les autorités qui lancent les commandes, préfèrent appeler les teinturiers qui n’ont pas de   qualification pour un bon travail. Et nous, on ne nous voit pas. C’est ce qui fait que certains parmi nous, se sont découragés et sont partis faire autre métier. Il n’y a pas de soutien pour nous.

Actuellement, nous venons de temps en temps, c’est à dire lorsqu’on nous passe une commande.

Un autre problème qui altère notre métier et lui fait perdre de sa valeur, c’est l’arrivée massive des tissus importés. Et les gens préfèrent acheter du Bamako.  Actuellement nous sommes une dizaine de personnes qui continuent de travailler. Avant, nous étions au moins cinquante. Il y avait des batteurs de pagne, de nombreux travailleurs, parmi lesquels, ceux qui mettent des bougies et tout. Nous recevions même des commandes pour l’étranger, mais actuellement tout est fini.

Ici, nous n’avons même pas où rester, parce que l’endroit où nous sommes a été presque entièrement démoli pour, dit-on, la construction de la route. Donc, depuis lors, nous n’avons pas là où rester, de façon pérenne. Nous ne voulons pas reconstruire l’emplacement et qu’on vienne encore l’enlever », a-t-elle expliqué.

Pourtant, derrière ce travail de teinturier, il y a de nombreux risques cachés

 « Ce qui fatigue dans ce métier, c’est au moment de faire bouillir le textile. Les composants de la teinture dégagent du gaz et de la fumée qui fatiguent les yeux et ce n’est pas bon pour le cœur. C’est ce qui fait qu’on se protège le nez » a ajouté notre interlocutrice.

Aujourd’hui, n’ayant pas d’endroit où rester, ces teinturières travaillent sur le long des rails, s’exposant ainsi à toutes sortes de dangers. C’est pourquoi, Safiatou Gassama demande de l’aide aux autorités.

« Ce que je peux dire aux autorités c’est de prêter attention à nous aussi. Elles aident beaucoup les gens c’est vrai. Mais qu’elles nous regardent aussi, nous qui sommes à Hamdallaye-plaque ici. Notre travail-là ne date pas d’aujourd’hui. Qu’elles nous appellent aussi, voir ce que nous pouvons faire ou qu’elles nous trouvent un endroit où rester. Pour tout dire, qu’elles nous soutiennent » a-t-elle lancé.

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