Que voyons-nous là, à l’image? Serait-ce l’accomplissement d’un dessein suicidaire, à même la rue? La question, loin d’être saugrenue, paraît très plausible.
La présence insolite des passagers sur le toit du véhicule, dont même la porte arrière n’est pas fermée, conditionne chez l’observateur, un sentiment poignant, d’inquiétude ou de peur. Elle suggère en même temps une prise de risque susceptible de mal se terminer. Ce que l’illusion d’optique vient renforcer dans notre subconscient, au fur et à mesure que le véhicule s’avance vers la passerelle.
Mais, détrompons-nous. De ce scénario-catastrophe que nos sens émettent et irradient intensément, il n’en est rien. Fort heureusement! C’est plutôt de bêtise et d’inconscience qu’il s’agit.
Ces deux jeunes gens, apprentis ou convoyeurs, ne semblent guère se soucier de savoir si la hauteur de la passerelle qu’ils vont aborder permet que leur tête passe dessous, sans heurt et toute entière.
Ils sont assis, ne se doutant de rien. L’un a le dos tourné, l’autre scrute le bord droit de la chaussée. Pour eux, tout se passe comme il faut, le plus simplement du monde. Ils ne courent aucun danger. Peut-être même se sentent-ils invulnérables, comme le pensent bien de jeunes de leur âge ? Tels ces motocyclistes qui, pour le port du casque, narguent la police, donnant à croire que leur tête est d’un revêtement blindé qui se moque des chutes contre le sol !
Dans les années 70, des accidents mortels se produisaient dans les mêmes circonstances, notamment au dessous du pont 08 novembre, sur l’autoroute, à la rentrée de Kaloum, (aujourd’hui reconstruit). La hauteur de l’ouvrage était de 03m, 50, qu’un panneau bien visible, scellé en cet endroit, indiquait bien.
Malgré cette précaution, il arrivait que des catastrophes y soient enregistrées. Les victimes se comptaient parmi les apprentis-chauffeurs et autres accompagnants des camions chargés de marchandises, qui passaient par là, en provenance du port. Les malheureux, dans leur position assise à bord des véhicules, le dos tourné, se fracassaient la tête contre la poutre du pont. Ils mouraient tous sur le coup, quelquefois dans la carrosserie ou projetés à terre, suite à l’impact.
L’analyse de ces cas a toujours démontré que les victimes étaient assises sur le chargement des camions remorques dont la hauteur affleure la limite admise pour passer sous le pont.
Quelques fois, on enregistre des accidents similaires en d’autres lieux que les ponts dominant le réseau routier. C’est le cas au niveau de l’entrée des tunnels, des zones arborées longeant les routes, des traversées de câbles électriques, etc.
On a vu des personnes, juchées sur les arceaux des gros camions qui ont été heurtées par des branches d’arbres ou se sont accrochées à des fils électriques; un camion grue dont les accessoires surélevés sont entrés en contact avec un paquet de câbles électriques sous tension. Et bien d’autres cas encore.
Les passerelles aménagées dans la capitale sont assez hautes pour permettre le passage des véhicules utilitaires, convenablement chargés. Celle de Gbessia-marché qui était réputée basse, les années passées, a été remontée à 05 m, 20.
N’empêche que l’on voit parfois des panneaux d’indication, de localisation ou directionnels, éraflés et tordus par des camions non identifiés. Et cela, malgré qu’ils soient fixés assez haut, en travers de la route qu’ils surplombent
De tels dommages sur la signalisation routière ne sont possibles qu’avec deux types de véhicules : ceux, hors normes, dont la hauteur du chargement dépasse les limites prescrites ou ceux de transport exceptionnel non escortés, comme l’exige la réglementation en vigueur.
Les mêmes causes produisant les mêmes effets, tirons les leçons du vécu décrit ci-haut, pour éviter la répétition de ces malheurs.