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Arrêt sur image : quand les fonctions originelles des caniveaux sont galvaudées par les mécaniciens

Voici un genre particulier d’occupation de l’espace public. Il s’agit d’une forme de squat, avec pour spécificité, qu’il est commis à ciel ouvert. L’atelier de réparation dont on distingue un fragment de l’espace, à la droite de l’image, a amplifié son domaine jusqu’au-delà du caniveau, côté chaussée. Le pieu de bois rond que l’on aperçoit, planté dans le caniveau, est à la dimension de l’ambition annexionniste du garagiste ou de son voisin.

Nous sommes sur la route nationale no 3, dans la périphérie du km5, à Dubréka. Un endroit réputé pour son intense trafic routier. Le caniveau, aménagé à grands frais par l’Etat, pour la circulation des eaux de ruissellement et la pérennisation de la chaussée, est utilisé à des fins personnelles et inattendues par un garagiste riverain de la voie publique, qui s’en sert pour compenser son manque d’aménagement. En lieu et place d’une fosse, indispensable au fonctionnement correct de son atelier, il a jeté son dévolu sur le caniveau qui est bétonné, non couvert et, à ses yeux, prêt…  à le servir.

Pas besoin d’être très imaginatif pour d’abord adopter l’ouvrage et ensuite s’en approprier et l’adapter à ses besoins. Il lui a suffi pour cela de se forger une maîtrise à faire passer le véhicule en réparation, juste au dessus du caniveau, en partant de la voie d’accès à son garage. Ainsi fait, il a un confort relatif qui lui permet d’effectuer des travaux de réparation par le bas, sans besoin de soulever le véhicule ou de se coucher en dessous, à même le sol. Il réalise ainsi des opérations multiples: vidange, remplacement du carter ou de son joint, réparation de la partie basse du moteur (vilebrequin, bielles, coussinets, pistons, segments) et aussi, soudures de l’échappement, du plancher ou du bas de caisse.

Mais, il y a plus ! Quand l’appât du gain le tenaille, le garagiste voit plus loin, en termes d’opportunités à saisir. L’appétit vient en mangeant, dit-on. Au lieu de se limiter aux prestations que lui permet l’usage gratuit de la fosse improvisée, il s’engage à en assurer d’autres, en hauteur, sur terre ferme. Le véhicule, toujours placé à l’aplomb du caniveau, voilà que notre garagiste se poste à présent sur le bord de la chaussée pour effectuer d’autres travaux, plus courants :  réglage de parallélisme ou réparation diverses, de cardans, freins, roulements, suspensions, crémaillères, bras de pivot, etc.

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Cette utilisation abusive des caniveaux ne se limite pas qu’à cet endroit, sur cette image. Elle a lieu un peu partout à travers nos villes (capitale et intérieur du pays). Le juriste la qualifierait de comportement illicite, donc interdit et répréhensible. Et, sans nous engager sur ce terrain de jugement, nous conviendrons cependant, qu’il est très facile d’établir que cette pratique porte préjudice aux infrastructures routières et fait courir des risques d’accident. Les huiles, graisses, cales et autres liquides ou débris de métaux qui tombent dans le caniveau, au cours d’une réparation, contribuent à sa détérioration prématurée et sonnent le glas de la route qu’elle borde et protège.

S’y ajoute l’autre caractère dangereux de l’activité qui se déroule, à même l’emprise de la chaussée. Le malheur est vite arrivé ! La probabilité d’un accident de travail ou de circulation n’est pas à exclure: chute du garagiste ou d’un quelconque objet sur lui, glissade du véhicule en réparation ou, ce qui serait pire,  dérapage d’un véhicule de passage.

En moins violent, certes, mais tout autant préjudiciable, nous avons l’image négative qu’une telle pratique produit, au sein de l’opinion.

Notre désir commun de vivre ensemble, dans un cadre harmonieux et équilibré, passe par la victoire contre toute forme de nuisance.

Nos rues sont faites pour être belles et passantes et non pour servir de garages, à ciel ouvert.

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