Que voilà une image des plus inattendues qu’il nous ait été donné de voir : des femmes assises dans le coffre d’un tacot qui tient lieu de taxi ‘’clando’’, du genre épave, ‘’vacciné’’ contre la police routière pour être à l’abri de tout contrôle. Nos deux dames sont souriantes. Ce qui donne à croire qu’elles sont très à l’aise dans la malle arrière. Un endroit plutôt destiné aux bagages et colis qu’aux personnes. Ce n’est pas la première fois que notre rubrique fait mention de pareils comportements. Mais de tous les cas précédemment évoqués, jamais aucun n’a porté sur des femmes. C’est toujours des hommes, précisément les jeunes que l’on prend sur les faits.
De là, notre étonnement de voir, pour cette fois, la gent féminine faire partie de ce lot de comportements réprouvés par tous. Sur la question, l’humoriste dira : « eh, oui, pourquoi pas ? La femme, n’est-elle pas l’égale de l’homme ? Nous répondons oui, mais pour ajouter aussitôt que nous ne voulons pas la voir dans certaines situations gênantes ou risquées. C’est elle qui donne la vie. Elle doit s’abstenir de certains agissements qui entachent l’exemplarité qu’on attend d’elle et garantir la sécurité que nous lui souhaitons.
Les services de police et de gendarmerie routières sont unanimes à admettre que la femme est, à quelques variantes près, plus prudente que l’homme dans la circulation. Il arrive que pendant toute une année, leurs statistiques n’enregistrent pas un seul cas d’accident causé par une femme. Par contre, oh paradoxe, elles sont parmi les principales victimes qui payent un lourd tribut aux accidents de la route, surtout en rase campagne. Beaucoup d’entre elles périssent ou sont blessées dans les tragédies routières qui surviennent sur le chemin des marchés hebdomadaires qu’elles fréquentent assidûment et en grand nombre. On sait que dans la plupart des cas et pour bien de raisons, elles sont les pourvoyeuses essentielles dans la prise en charge des familles. Aussi, les retrouve-t-on fréquemment exposées à tous les risques.
Pour le cas de Conakry, c’est à Matoto que ce spectacle est le plus fréquent. Les femmes accompagnent leurs produits à vendre au marché (poissons, légumes ou fruits) ou en viennent avec leurs emplettes. En toute innocence et souvent au mépris des dangers qui les guettent, elles empruntent les moyens de locomotion préposés pour ce type de convoyage. Il s’agit généralement des véhicules les plus fatigués du parc automobile et qui ne sont destinés qu’à ce transport au féminin, en direction des marchés.
On le voit bien à l’image, le capot du coffre est relevé au plus haut niveau pour permettre d’y prendre place, la tête bien relevée. Les cordages pour arrimer les colis sur le toit sont passés sur les flancs du capot pour le retenir et empêcher qu’il tombe sur les passagères. On y a même rajouté une tige de bois pour le soutènement.
Mais, posons-nous ces questions : est-ce que tout cela suffit réellement à protéger les occupants de ce véhicule, en cas d’accident, lui que l’on voit si mal en point, si peu rassurant ? Quelle image de notre pays, cette position de ces femmes dans la circulation, en pleine ville, véhicule-t-elle ? Manquons-nous aussi amplement de véhicules de transport en commun pour que ce mode de déplacement soit toléré ?