Depuis un certain temps, des personnes de nationalités différentes, regroupées dans des concessions à Conakry et à l’intérieur du pays, sont arrêtées et présentées par les forces de sécurité à la télévision nationale. En attendant d’en savoir plus sur ce qui leur est reproché, ces vagues d’arrestation qui ont commencé à créer la psychose au sein de la population suscitent déjà maintes réactions de la part des acteurs socio-politiques du pays.
Dans cet extrait d’une interview accordée à Guinéenews.org, ce mardi 29 octobre, Dr Faya Millimono, président du Bloc Libéral (BL), demande non seulement le respect des droits de ces ressortissants des pays voisins, mais il s’inquiète quant à l’interprétation qu’on en fait.
« Nous sommes en train d’assister’ à des vagues d’arrestation, avec des déclarations parfois très effrayantes qui accompagnent cela. On a suivi le préfet de Kankan qui, déjà, parle de rébellion. On suit quelques officiers de la Police ici à Conakry. On nous parle tantôt de QNET qui est une organisation soupçonnée être composée d’arnaqueurs, etc. Tout cela pour nous, est inquiétant. Autre chose, nous sommes en Afrique de l’Ouest, notre pays est membre de la CEDEAO, donc signataire de tous les traités de libre circulation des personnes et de leurs biens. Etre un Sierra léonais, un Malien, un Sénégalais en Guinée ne veut pas dire qu’on est criminel. Donc si les gens qu’on est en train d’arrêter sont des Sénégalais, des Maliens, des Burkinabés, bref des citoyens issus des pays la CEDEAO, ils doivent être traités conformément aux traités qui nous lient au niveau de la CEDEAO. Si ils se sont permis des actes criminels sur le territoire guinéen, nous souhaitons que les pays concernés, à travers leurs ambassades, prêtent attention à ce qui est en train de se passer pour ne pas que les droits de nos frères africains vivant sur le territoire guinéen soient violés », demande le leader du BL.
Dans le même ordre d’idée, il demande aux autorités guinéennes d’agir conformément à la loi afin d’éviter que des ressortissants guinéens vivant dans nos pays voisins ne subissent les conséquences des traitements infligés aux étrangers vivant en Guinée. « La Guinée est une terre d’accueil. Lorsqu’il y avait des conflits dans la sous-région, la Guinée était bourrée de léonais, de libériens, de citoyens de beaucoup de pays de la CEDEAO, il en est de même pour ces pays-là. Il y a des milliers et des milliers de Guinéens qu’on trouve un peu partout dans la sous-région ouest africaine. Il ne faut pas que notre gouvernement se comporte de nature à pousser nos frères Sénégalais à s’en prendre aux Guinéens qui vivent au Sénégal. Donc il faut que ça soit traité selon la loi », interpelle l’opposant au régime Alpha Condé.
Dr Faya exprime cependant des inquiétudes quant à l’interprétation qu’on fait de ces arrestations. « Il y a une chose qui fait qu’aujourd’hui nous nous inquiétons. C’est l’interprétation qu’on en fait. Ce qu’on dit autour. On dit déjà dans certains endroits, comme je viens de le dire, le préfet de Kankan, que c’est une rébellion. Quelle est l’idée derrière cette construction-là ? Comment d’abord ceux-là sont venus en Guinée ? Qui les a amenés en Guinée ? », s’interroge-t-il.
Le leader du BL craint que des esprits malins utilisent les personnes arrêtées à des fins machiavéliques pendant les manifestations du FNDC. « Etant donnée la mobilisation du peuple de Guinée pour empêcher le tripatouillage de notre constitution en vue d’un 3ème mandat, on peut bien, à travers ces manœuvres, créer un chaos dans le pays. On peut bien voir que des esprits malins puissent faire rentrer frauduleusement des gens dans le pays, pour les utiliser à des fins de manipulation ou de déstabilisation du pays pour ne même plus qu’on parle, et de la constitution et des élections dans notre pays… Ce qui a commencé comme ça, il faut que nous exigions la transparence dans la gestion de ce qui est en train de se passer. Si ce sont les membres du QNET, si ce sont des arnaqueurs, que ce soit traité comme tel. Mais qu’on ne commence pas par nous dire d’un côté que ce sont des rebelles qui ont des gris-gris. Demain qu’est-ce qu’on pourrait dire si ceux-là sont dans leurs mains, si on les a fait venir dans notre pays pour des fins dangereuses, alors qu’ils sont dans leurs mains, en cas de manifestation, si on les sort, pour les mélanger à nous, avec une mission que nous ne connaissons pas, et qu’il y aient des morts, à quoi allons-nous assister ? Rappelons-nous de ce qui s’est passé le 28 septembre, il y a bien des leaders qui ont témoigné que parmi ceux qui ont tué ce jour, il y avait des hommes en uniformes. Je ne dis pas qu’il y avait des militaires ou des gendarmes, parce que ça serait indexer quelqu’un en particulier, mais des hommes en uniforme qui ne parlaient aucune langue guinéenne, ni le français. J’ai entendu ça de certains leaders. Aujourd’hui, rien n’est clair dans cette affaire. Nous sommes à une période très trouble, qui est semblable à ce que nous avions en 2008, 2009 et 2010 », prévient Dr Faya Millimono avant de demander aux Guinéens la vigilance et au gouvernement la responsabilité.