Le bâtonnier de l’ordre des avocats de Guinée, Me Mohamed Traoré s’est prononcé ce mardi 26 juin sur l’arrestation du syndicaliste Aboubacar Sidiki Mara. Il était entouré non seulement par quelques membres de son bureau mais aussi, le conseil d’avocats du détenu, a-t-on constaté au siège de la Cour d’Appel de Conakry.
D’entrée du jeu, le bâtonnier de l’Ordre des avocats, a rappelé que lorsqu’une décision de justice est rendue, qu’elle doit être mise en exécution. « Si aujourd’hui, les juridictions peuvent rendre une décision en faveur d’un citoyen aussi ordinaire soit-il, que cette décision ne peut être mise en exécution parce qu’en face, il y a un pouvoir qui s’y oppose, c’est un danger pour tous les citoyens », a déploré Me Traoré.
Se basant sur le mémorandum qui lui a été adressé par les conseils d’Aboubacar Sidiki Mara, secrétaire général adjoint de l’UGTG (Union Générale des Travailleurs de Guinée), Me Traoré a déclaré qu’en réalité, celui-ci ne devrait même pas être en détention provisoire arguant que le code de procédure pénale dit que lorsque la peine encourue par une personne poursuivie n’atteint pas trois ans, cette personne ne doit pas être mise en détention provisoire. « Donc, il y a eu une violation de loi », a-t-il dénoncé.
Par ailleurs, Me Traoré a fait savoir que quand la deuxième chambre de contrôle de l’instruction s’est rendue compte de l’ensemble des vices de procédures qu’il y a eu tout au long de cette affaire, qu’elle a pris son courage à deux mains malgré le fait qu’on disait que c’est un dossier du président de la République en ordonnant la mise en liberté du syndicaliste Mara. « A ce jour, cette décision n’est pas exécutée », a-t-il déploré.
Pourtant, rappelle Me Traoré, lorsqu’on regarde le serment du président de la République, il doit non seulement respecter et de faire respecter la loi mais aussi, il doit assurer l’exécution des décisions de justice.
À lire aussi
Selon Me Traoré, la question qui se pose, est-ce que des magistrats font fuir leur responsabilité ou est-ce qu’ils vont fermer les yeux sur les violations de la loi (…) ?
De toutes les façons, il a souligné qu’il ne pense pas que quelqu’un puisse faire l’objet de poursuite, d’arrestation ou de détention en raison de l’exercice normal régulier d’un droit que la Constitution lui accorde (…).
Par contre, Me Traoré martèle que même si M. Mara était reconnu coupable des faits qui lui sont reprochés, qu’il ne devait pas être en prison. « C’est seulement lorsqu’une décision de condamnation définitive est rendue qu’il devrait aller en prison », a-t-il fait savoir avant de dénoncer qu’il y a eu encore de violation grave de la loi.
Pour terminer, le représentant des hommes en robe boire a affirmé qu’il a l’impression qu’il y a une véritable menace qui pèse sur un certain nombre de liberté notamment la liberté syndicale. « Vous avez suivi la déclaration du chef de l’Etat à Fria lorsqu’il parle des gens pour les intérêts personnels qui mettent en péril l’intérêt général. Ce sont des propos qui freinent l’allure des syndicalistes pour leur combat pour l’amélioration des conditions de vie et de travail de leurs camarades », a-t-il regretté.
Il faut par ailleurs rappeler qu’Aboubacar Sidiki Mara a été mis aux arrêts dans la nuit du 5 au 6 mai aux environs de 3 heures du matin avant d’être déféré au PM3 sise à Matam, Conakry où il a été entendu sur procès verbal et placé en garde à vue avant puis au Parquet du Tribunal de Première Instance de Dixinn.