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Après l’échec de son mariage forcé à 14 ans, c’est la renaissance pour F.T. grâce à l’UNICEF

F.T bénéficie du projet de l’UNICEF pour sa réinsertion socioprofessionnelle à Kankan

Aboubacar Sidiki DIALLO

 

F.T. est une fille aujourd’hui âgée de 15 ans et originaire de Mandiana dans la région de Kankan. Ses parents ont divorcé alors qu’elle n’avait que 3 ans. Elle a vécu avec sa mère, S. jusqu’à ses 14 ans, et n’a jamais été à l’école.

Après le remariage de sa mère en Côte d’Ivoire. F.T. va alors vivre dans la famille de son oncle paternel pendant six mois.

C’est ici que son destin bascule !

« C’était le début de mon calvaire, j’ai perdu toute protection quand ma maman a rejoint son mari en Côte d’Ivoire.  Je ne voulais pas rester chez mon oncle. Je ne me sentais pas à l’aise dans cette famille », raconte-t-elle.

Au bout de six mois, son père la convoque et lui apprend qu’il a l’intention de la donner en mariage à un homme qu’elle n’a jamais vu. Opposée catégoriquement à cette union, elle a été amenée de force chez son mari dans un village éloigné, situé à la frontière guinéo-malienne.

« L’homme à qui l’on m’a donné par force en mariage faisait 3 fois mon âge, il m’a séquestré pendant une semaine à la maison. Après avoir subi des violences sexuelles, je me suis enfuie pour me réfugier à Kankan où j’ai été malheureusement été rattrapée par ma belle-famille qui m’a maltraitée et séquestrée », se souvient-elle.

Connaissant la fragilité de sa fille et les abus qu’elle est en train de subir, finalement son père intervient en sa faveur et supplia la « belle-famille » de la relâcher. Cependant, les problèmes de F.T. prennebt une nouvelle tournure : elle n’avait plus une famille où rester, son père ne pouvant l’accueillir dans sa maison, est sous pression familiale.

« Finalement, mon père décide de me libérer de ce mariage, mais à condition de ne plus jamais mettre les pieds chez lui. J’étais une fille libre, mais malheureuse et je ne savais pas ce qui m’attendait pour le futur », renchérit F.T., les larmes aux yeux.

C’est ainsi qu’elle a été identifiée par la structure communautaire de protection de l’enfant qui l’a référée à une travailleuse sociale de la Direction préfectorale de l’action sociale et des Personnes Vulnérables de Kankan. Après une séance d’écoute, sa famille fut interpellée   et sensibilisée sur les méfaits du mariage des enfants. À la suite de cette rencontre, la famille de F.T. décide d’annuler le mariage et prit l’engagement de respecter la loi.

Depuis 2018, l’UNICEF appuie le Ministère de l’action sociale et des personnes vulnérables à travers le projet « Protection de Enfants en Situation de Mobilité (DFID) ». Grâce à ce projet, F.T a été placée en famille d’accueil, reçoit régulièrement la visite de la travailleuse sociale. Elle vientd’ailleurs de bénéficier d’une formation professionnelle à Kankan.

Aujourd’hui F.T est heureuse de pratiquer ce métier qui va lui permettre de se prendre en charge dans le futur et oublier ce triste souvenir qui l’a traumatisée durant son adolescence.

« Grâce à l’appui de l’UNICEF et à la travailleuse sociale, je suis dans une famille d’accueil, je mange à ma faim et je dors confortablement. J’aime la couture, et dans le futur, je rêve d’enseigner la couture avec beaucoup d’apprentis », conclue F.T, avec le sourire.

Malgré l’interdiction du mariage des enfants par les textes de loi, une fille sur deux est mariée avant l’âge de 18 ans en République de Guinée. L’UNICEF a appuyé le gouvernement guinéen en 2020 à se doter d’un Plan Stratégique National pour l’abandon du mariage des enfants.

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