Les grands singes ont recours à l’automédication. C’est le cas chez les chimpanzés de Bossou. Les plantes que ces animaux sélectionnent pour se traiter, les humains utilisent les mêmes pour se soigner contre la toux, les vers intestinaux et d’autres maladies. À propos de la question de l’automédication chez les chimpanzés, nous avons consulté le docteur Paul Lamah, directeur général de l’institut environnemental de Bossou (IREB).
« Les chimpanzés, effectivement se soignent à base d’espèces forestières. Mais, généralement, il faut un suivi rapproché à chaque instant. Il faut être avec les animaux à tout moment, pour découvrir certains médicaments dans leurs alimentations et dans leurs quotidiens. Par exemple, une plante qu’on appelle Arconnea cortipholia est largement utilisée par les chimpanzés en cas de toux. Il y a une autre espèce de la famille des Morathes, dont les fruits sont indiqués pour le traitement des vers intestinaux des animaux. Il y a plein d’espèces comme ça, mais je vous le dis encore, il faut faire des suivis pendant un bon moment pour le comprendre », estime Doteur Lamah.
« Par exemple, l’espèce Morathé dont je vous parle, elle se trouve dans la cour de l’institut de recherche environnementale de Bossou (IREB). Chaque fois que ça rentre en production de fruits, vous allez voir que tous les chimpanzés vont venir. À partir de là, les humains se servent de la même plante pour traiter les problèmes de parasites intestinaux. C’est comme ça que ça se passe. C’est quand tu fais le suivi rapproché, que tu peux te rendre compte. Par exemple, en cas de besoin de protéines végétales, ils vont à la cueillette ou à la récolte des algues sur les eaux stagnantes. Ça leur permet de se procurer en protéine végétale. Il y a plein d’espèces comme ça en forêt et ça leur fait de l’alimentation et de la thérapeutique. Quand les chimpanzés ont des plaies, généralement, c’est l’arbre Arconnea cortipholia, qu’ils utilisent. C’est à la fois un antibiotique, parce que ça traite la toux, ça peut lutter contre les plaies. Mais les plaies ne sont pas trop fréquentes chez les chimpanzés, à cause des poils d’exubérance sur le corps », a-t-il ajouté.
Parlant de l’apport des chimpanzés dans la médecine traditionnelle, le docteur Paul Lamah dit ceci : « les chimpanzés apportent beaucoup à la médecine traditionnelle. Ceux qui sont habitués, vous savez tout ce que la médecine traditionnelle a, c’est vraiment le fait que les hommes soient habitués aux animaux. Quand les animaux ont des problèmes, on les voit en train de brouter certaines espèces végétales. Les gens qui suivent les choses de près peuvent trouver des médicaments à partir de là. Il en est de même pour les chimpanzés. Lorsque vous les suivez chaque fois, vous allez comprendre quand l’animal est malade ou qu’il est en bonne santé. Dès qu’il est malade, vous allez voir que son alimentation va changer. Si c’est la toux, l’animal commence à tousser en suivant, et si c’est par exemple la diarrhée, vous allez comprendre que ses déjections sont liquides. Si c’est une fatigue générale, vous allez comprendre dans son mouvement. Durant ce temps, les symptômes que l’animal présente, vous observerez son manger à ce moment-là. Si c’est la diarrhée, vous allez le voir brouter une espèce donnée, à partir de là, l’espèce peut servir. Nous sommes très proches des chimpanzés sur le plan génétique. Il n’y a que 3 % qui nous diffèrent. Ce qu’il utilise pour traiter la diarrhée, lorsqu’un humain l’utilise, ça va le guérir. C’est comme ça que les gens ont découvert beaucoup de médicaments. On a une liste d’espèces de plantes thérapeutiques que les animaux utilisent en cas de maladies », a conclu notre interlocuteur.