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Années sombres de la presse guinéenne (1995-1998): Des journalistes emprisonnés et des correspondants de la presse étrangère rapatriés

Les journalistes nationaux emprisonnés et les correspondants de presse étrangère rapatriés

On ne peut pas parler de la liberté de la presse en République de Guinée sans regarder dans le rétroviseur pour parler et rendre hommage aux pionniers, aux journalistes qui se sont sacrifiés pour obtenir cette liberté dont jouisse aujourd’hui la jeune génération : emprisonnement pour les uns, rapatriement pour d’autres. La situation des journalistes en Guinée a connu des péripéties et s’est même aggravée à l’approche des élections présidentielles de 1998 sous le règne du ministre de la Sécurité d’alors, Sékou Koureissy Condé.

Ainsi, le 22 décembre 1997, le Rédacteur en chef ivoirien de L’Oeil, Louis-Espérant Célestin, a été expulsé de la Guinée.  Ce dernier, bien avant, avait été arrêté et détenu illégalement  avec le Directeur des publications de ce magazine, le 1er  août 1997 pour des articles critiquant le ministre de la Justice. Après ce fut le tour du journaliste Sierra Léonais au service de l’hebdomadaire L’Indépendant, Foday Fofana, d’être expulsé de la Guinée après trois mois de détention a Conakry le 22 janvier 1998. Il est à rappelé que ce même journaliste avait déjà été arrêté et détenu par les autorités en novembre 1996. Suivra ensuite, Abdoulaye Sankara, journaliste burkinabè au service du journal L’indépendant, qui sera arrêté le 17 mars 1998 par des agents de la Direction de la Surveillance du Territoire (DST) et a failli quitter la Guinée le même jour n’eût été l’intervention de certaines personnalités haut perchées du régime Lansana Conté. Le journaliste Sénégalais, Saliou Samb, Rédacteur Chef Adjoint du journal L’Indépendant, lui, a été expulsé de la Guinée le 16 mars 1998 par la Direction de la Surveillance du Territoire (DST).

Cette machine de répression de la presse privée indépendante guinéenne va broyer les journalistes nationaux par la suite. Ainsi le Rédacteur en Chef de L’Indépendant, feu Aboubacar Condé, sera arrêté et détenu par les autorités, la journée du 8 mars 1998 avant d’interpeller feu Jean-Baptiste Kourouma, journaliste reporter à l’hebdomadaire L’indépendant…  Une lettre de RSF publiée en janvier 1998 dans L’Indépendant reproche au gouvernement du président Lansana Conté de museler la presse indépendante par voie de perquisitions et d’expulsion de journalistes. Selon un chroniqueur de 1’opposition de l’époque, la recrudescence des mesures de répression prises contre les journalistes indépendants serait imputable à la crainte du président Conté de perdre les élections de décembre 1998.

Rappelons que le 2 juillet 1996, Serge Daniel, correspondant de RFI de nationalité béninoise, a été expulsé sans raison apparente de la Guinée. C’était le 2 juillet 1996. À la même époque, les journalistes feus Thierndjo Diallo, dit Bebel et Siaka Kouyaté, du journal Le Citoyen, attendaient en prison leur comparution devant les tribunaux, inculpés d’avoir porté atteinte à la réputation du président Conté et d’avoir publié, selon les autorités de « fausses informations »Le Rédacteur en Chef du journal satyrique Le Lynx a été détenu pendant 17 jours avant de subir son procès. Il lui était reproché, selon les thèmes des autorités, « avoir falsifié un décret présidentiel » concernant le solde des militaires.

Selon un rapport publié par Amnesty International en novembre 1995, les autorités guinéennes continuaient de harceler les journalistes, et ce, même si la presse guinéenne pouvait théoriquement s’exprimer librement depuis 1991.

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