Dans son rapport sur l’état de la gouvernance et la reddition des comptes en Guinée, l’Inspection générale de l’Etat (IGE) a mis en lumière de nombreuses irrégularités qui ont conduit à la perte de ressources financières importantes pour l’État. Ces violations de principes budgétaires et de gestion rigoureuse ont compromis la transparence et l’intégrité des finances publiques.
L’une des irrégularités les plus flagrantes concerne l’Agence Nationale d’Inclusion Économique et Sociale (ANIES) qui a bénéficié de manière irrégulière d’un montant de 3 000 000 000 GNF de la Mission d’Appui à la Mobilisation des Ressources Internes (MAMRI). L’IGE a découvert que ces fonds ont été versés par la MAMRI à l’ANIES sous forme de chèques libellés à l’ordre de l’agent comptable du projet NAFA, en violation du principe de spécialité budgétaire. De plus, ces opérations de trésorerie ont été effectuées par remise de chèques, alors que l’ANIES disposait d’un compte au Trésor public où les fonds auraient dû être déposés. Ensuite, la gestion de ces fonds a été confiée à un comptable n’ayant pas la qualité requise, au détriment du comptable public régulièrement nommé.
L’IGE a également révélé des lacunes importantes au niveau de l’Agence de Contrôle des Grands Projets (ACGP), où l’absence de pièces comptables relatives aux recettes a été constatée. Malgré l’existence de recettes provenant de diverses sources, telles que les produits issus des co-traitances, aucune preuve de la gestion de ces montants n’a été présentée à la mission. C’est le cas notamment de l’encaissement en 2020 d’une recette pour un montant de 5 milliards de francs guinéens dans un compte ouvert à la Banque centrale. Cette situation soulève des préoccupations quant à la transparence et à la traçabilité des recettes perçues par l’ACGP.
Un autre cas révélateur de mauvaise gestion concerne la cité « Résidence 2000 », où la Société d’Investissement des Projets Domiciliaires et Constructifs (SIPDC) a continué à percevoir indûment les loyers des locataires, malgré l’annulation de son attribution et son retour dans le portefeuille de l’État. Normalement, les loyers auraient dû être encaissés par le Patrimoine Bâti Public. La mission de l’IGE a calculé le montant total des loyers indûment encaissés par la SIPDC après le retour de la cité dans le portefeuille de l’État, qui s’élève à GNF 5 milliards 201 millions 172 mille 250 et 85 mille 350 Euros.
Un autre cas révélateur concerne l’Autorité de Régulation des Postes et Télécommunications (ARPT). L’IGE a identifié des créances non recouvrées au niveau de l’RPT). Les balances des exercices 2019, 2020 et 2021 ont révélé un volume important de créances douteuses, entraînant des provisions pour dépréciations de créances douteuses, voire des pertes de créances. En moyenne, plus de 35% des créances de l’ARPT sont considérées comme douteuses, et plus de 99% d’entre elles sont provisionnées, ce qui a un impact financier significatif sur l’ARPT.
De plus, des pertes de créances d’un montant de 2 000 000 000 GNF ont été consenties en faveur de certains clients de l’ARPT. En outre, une autre perte de créances a été consentie en 2020 en faveur de la SOTELGUI pour un montant considérable de 72 milliards 272 millions 28 mille 348 GNF. Il est important de souligner que cette perte a été accordée alors que le patrimoine de la Société des Télécommunications de Guinée (SOTELGUI) avait été transféré à la société GUINEE TELECOM S.A, sans justification valable ni preuve matérielle.
La gestion des licences et autorisations expirées a également entraîné des pertes de ressources pour l’État et l’ARPT. Plusieurs opérateurs de télécommunications ont continué d’exploiter leurs activités malgré l’expiration de leurs conventions, entraînant ainsi un manque à gagner important pour les finances de l’État. Ces pertes de ressources s’élèvent à 16 432 693d’euros et de 958 millions 333 mille 333 GNF, représentant un sérieux préjudice pour le Trésor public.